la nullité des propos de Gérard Mestrallet

Le problème de nos sociétés à la spécialisation professionnelle trop avancée, c’est que chacun défend son métier ou son entreprise sans pouvoir prendre de distance. D’où des propos limités, si ce n’est mensongers. Ainsi de Gérard Mestrallet, PDG de GDF Suez, un financier à 3,3 millions d’euros de revenus en 2010. Que c’est bon la fusion du groupe privé Suez de Mestrallet et un service public comme Gaz de France. Miam, miam. Mestrallet* met en garde au sujet de l’éolien et du solaire, qu’il juge plus coûteux que son salaire. Analysons :

«  Le nucléaire a toujours sa place dans le mix énergétique. »

Notons que la filiale électrique de Suez (Electrabel) est un partenaire d’EDF de longue date, que Suez a des participations croisées dans des centrales nucléaires en France et en Belgique, que Suez souhaitait aussi participer au programme de réacteur nucléaire EPR. Voici pourquoi celui qui était PDG de la banque d’investissement Suez soutient le nucléaire : par intérêt d’entreprise !

« On a trop tendance en Europe à croire que les énergies renouvelables vont se substituer au nucléaire. »

Le nucléaire est une source d’énergie non renouvelable, Mestrallet raisonne sur le court terme. Car il est obligatoire dans le long terme de calquer nos besoins uniquement sur les énergies renouvelables. Notons d’ailleurs que la France n’a ni charbon, ni pétrole, ni gaz… ni uranium. La France est contrainte, elle a déjà utilisé toutes les ressources du sol français,.

« Dans de nombreux pays, le gaz va prendre la place occupée par le nucléaire. »

Mondialement les ressources d’uranium ne dépassent pas 60 ans, le gaz conventionnel pas beaucoup plus de cinquante ans.

« Le gaz est une énergie propre et sûre en termes d’approvisionnement grâce à la diversité des sources. »

Le gaz n’est pas une énergie propre, elle émet moins de gaz à effet de serre que le pétrole, mais elle en émet pas mal. Le gaz n’est pas une énergie sûre, la Russie peut couper du jour au lendemain le robinet des gazoducs, elle l’a déjà fait.

«  Il faudra rouvrir le  dossier des gaz de schistes et l’extraire… La France dispose des plus grandes réserves de gaz non-conventionnel d’Europe. »

Mestrallet est l’exemple type du prédateur absolu. Il veut sucer le sang de la terre jusqu’à la dernière goutte. Il s’en fout des conséquences lointaines, il vit au jour le jour pour son objectif immédiat, fournir du gaz.

« Les énergies renouvelables sont plus coûteuses que les autres formes de production d’électricité. »

Mestrallet ne doit pas avoir  lu le dernier rapport montrant que le coût du nucléaire est largement minimisé. De toute façon l’électricité produite par le charbon, le gaz ou le pétrole ne tient pas compte que ces sources d’énergie non renouvelables ont été mises à disposition « gratuitement » par la nature. Or rien n’est véritablement gratuit dans la nature, nous payons le prix de la combustion des ressources fossiles par le réchauffement climatique.

« Privilégier les énergies renouvelables pénaliserait notre compétitivité… L’énergie [bon marché] est nécessaire pour la croissance et pour l’emploi. »

Comme chacun sait, Mestrallet ne pense qu’aux « trois milliards d’êtres humains qui vivent avec moins de 2 euros par jour »** et qui ont donc énormément besoin de croissance économique. Comme tous ces prêcheurs pour leur propre paroisse, Mestrallet veut nous faire croire que la croissance infinie sur une planète dont on a  déjà dépassé la capacité de charge est encore possible ! Comme chacun sait, Mestrallet pense qu’« Il y a urgence écologique pour la sauvegarde de notre planète et le futur de nos enfants. La croissance économique fondée sur l’utilisation massive de ressources n’est plus possible. »***  Très bien, très bien, Gérard Mestrallet, tu as tout compris. Malheureusement ce PDG ajoutait tout de suite : « Pourtant, renoncer à la croissance économique est impossible. » Les contradictions n’étouffent pas Mestrallet, ses propos sont d’une nullité affligeante.

* LE MONDE du 7 février 2012, « Privilégier les énergies renouvelables pénaliserait notre compétitivité »

** LE MONDE « Argent ! » du 1er avril 2007

*** LE MONDE du 21 décembre 2007

4 réflexions sur “la nullité des propos de Gérard Mestrallet”

  1. désolé « a », je pense comme Biosphère que c’est mieux de garder le même pseudo pour discuter. D’ailleurs, sur la plupart des forums, les gens gardent leur pseudo… sauf ceux qui trollent ou n’assument pas ce qu’ils ont dit précédemment.
    Je ne vois pas le côté big brother…

  2. Merci pour votre réponse, je regarderai cela. Quand à mes pseudos, je les choisis au hasard quand je poste. Je n’ai aucune envie de me fixer sur un pseudo particulier et je n’y voit pas d’intérêt (à part au milieu d’une discussion bien entendu ou si c’est relié à une ancienne discussion ; mais ce n’est pas le cas ici) et j’y vois en réalité surtout des désavantages. Votre commentaire a un côté big-brother très désagréable.

  3. Selon l’en-tête du Monde (11-12 janvier 2009) « L’approvisionnement des futures centrales nucléaires semble assurée pour plusieurs décennies ». Il y aurait 5,5 millions de tonnes exploitables d’uranium pour une consommation annuelle de 70 000 tonnes. Calcul rapide de moyenne, il en reste pour « environ quatre-vingt ans », soit trois générations seulement. Mais si le parc des centrales double, croissance folle que souhaite Sarkozy et les tenants de la relance nucléaire : en 2050, il n’y aura plus d’uranium…
    http://biosphere.blog.lemonde.fr/2009/01/12/fuite-en-avant-technologique/
    « Les millions de tonnes d’uranium emprisonnés dans les phosphates et les milliards de tonnes contenues dans l’eau des océans pourraient être exploitées ». « Pourraient… ». Mais « les obstacles techniques et financiers sont encore – à ce jour – insurmontables ». Rêver ne fait pas vivre…

  4. Bonjour,

    Avez-vous de bonnes références sur les réserves d’uranium et autre ? Un rapide googlage semble indiquer que c’est assez controversé.

    remarque des modérateurs du blog biosphere
    Ne changez pas de pseudonyme, « a », dit tuba, dit Plop, dit Bob…
    si vous voulez véritablement dialoguer.

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