La synergie entre Isabelle Autissier et Nicolas Hulot

En écologie militante, trop de personnes opposent l’action individuelle type colibri (cf. Pierre Rabhi) et l’attente du grand soir politique. Or, comme l’a souligné Nicolas Hulot lors de l’émission politique du 22 novembre, l’écologie meurt de ses dissensions alors qu’il faudrait tous œuvrer au rassemblement. Action individuelle, vie associative et intrusion politique sont absolument complémentaires. Voici pourquoi nous reprenons le discours d’Isabelle Autissier qui préside la branche française du WWF depuis 2009 et certains propos de l’ancien ministre de l’écologie :

Isabelle Autissier : « Dans mes premiers boulots, déjà, j’avais alerté sur l’impact de la surpêche. Ensuite, en naviguant, j’ai vu les amas de plastique, et les animaux morts d’en avoir ingéré, dans les endroits les plus éloignés, les plages du nord Spitzberg (Norvège), le fin fond des Malouines. J’ai entendu les Inuits dire qu’ils n’allaient plus sur la banquise l’hiver, parce qu’elle n’est plus assez solide. J’ai vu les mers du Grand Nord bouillir, les bulles de méthane qui remontent parce que le permafrost dégèle… Mon engagement n’est pas idéologique, je constate les phénomènes physiques, chimiques. Alors je fais le colibri, je prends ma part, je me bats autant que je peux. Il y a vingt ans, les écolos étaient perçus comme ceux qui voulaient revenir à l’âge des cavernes. Aujourd’hui, les citoyens comme le président nous prennent au sérieux. Aucune idée n’a avancé aussi vite que l’écologie. Mais cela me dévaste qu’elle ne soit pas encore au cœur des décisions gouvernementales, que le système économique pousse encore à tant de mauvaise foi. Qu’est-ce qu’on va le payer cher ! La planète n’en a rien à faire de nous. Elle peut devenir un gros caillou chauve. Mais quelle sera la qualité de vie des êtres humains ? On va vers beaucoup de souffrances, vers des guerres qui naîtront de situations explosives engendrées par les problèmes de terre, d’eau, de climat. On n’a pas assez d’imagination pour se représenter ce que seront les crises environnementales. On nous décrit la montée des eaux, l’acidification des océans, la disparition des espèces, la raréfaction des terres arables, les grandes villes submergées, mais on ne visualise pas, sinon on arrêterait tout instantanément. C’est dément ce qui nous attend. Pourtant, il y a de belles énergies en action, et nous avons déjà tant de solutions… Mettons-les en œuvre ! »*

Nicolas Hulot : « A partir du moment où je restais ministre, je cautionnais les choses, je donnais le sentiment qu’on était à la hauteur de l’enjeu, alors qu’on ne l’était pas.  Je regrette qu’Emmanuel Macron ne voit dans le dérèglement climatique qu’une bronchite alors qu’il s’agit pour moi d’un « cancer ». Le chef de l’Etat n’est plus « disruptif » dans ses réponses, je passais mon temps à entendre : c’est pas possible ! »**

synthèse biosphèrique : Nicolas sait qu’il y a une complémentarité absolue entre l’engagement politique des écologistes et l’engagement individuel des colibris. Ceux qui fabriquent l’imaginaire écolo du XXIe siècle, que ce soit pas leur comportement personnel et familial, l’action associative ou l’entrisme politique sont actuellement très minoritaires. Mais ces différentes branches de l’action ont un point commun : ce n’est pas l’imagination qui précède l’action, c’est la détérioration de nos ressources vitales qui nous oblige progressivement à changer de mode de vie et de décisions politiques. Aujourd’hui la planète est surexploitée. Nous considérons que le nouveau grand récit en train de se concrétiser résulte de l’allié principal des écologistes, l’état de la planète, notre Terre-mère. Ses paramètres biophysiques sont indispensables au bon fonctionnement du système socio-économique humain, nous ne pouvons passer outre. Il n’est pas anodin que dans le système d’enseignement, ce sont les professeurs de biologie qui font le plus réfléchir, pas ceux qui enseignent les sciences économiques ou sociales ou l’histoire géographie, matières inféodées au système marchand. Et personne n’empêche un instituteur de créer un jardin potager avec ses élèves.

* LE MONDE du 25-26 novembre 2018, Isabelle Autissier : « La planète peut devenir un gros caillou chauve »

** LE MONDE du 24 novembre 2018, Nicolas Hulot regrette une crise évitable liée à la fiscalité verte

3 réflexions sur “La synergie entre Isabelle Autissier et Nicolas Hulot”

  1. « S’il y a des milliards de pièces de plastique dans les océans c’est d’abord parce qu’il y a des milliards d’humains sur la Terre, bientôt 8  »
    C’ est l’ évidence même, mais cette conclusion commence à pénétrer peu à peu les esprits lobotomisés par la propagande croissantiste. Si tu ne viens pas à Malthus , Malthus ira à toi !

  2. Mais alors qu’ils aient l’un et l’autre le courage d’aborder le problème principal. S’il y a des milliards de pièces de plastique dans les océans c’est d’abord parce qu’il y a des milliards d’humains sur la Terre, bientôt 8 !
    Quant au réchauffement climatique, c’est certes un problème mais il occulte une autre question autrement plus grave qui est la disparition des animaux et qui elle aussi est entièrement liée à notre nombre.
    Evidemment c’est mauvais pour l’image de marque de le dire, il vaut mieux rester dans la bien-pensance, mais il faudrait que nos leaders écologistes fassent preuve de plus de courage.
    A 11 milliards d’humains sur la Terre toutes les préconisations de Nicolas Hulot, Pierre Rabhi ou Isabelle Autissier, ne serviront strictement à rien, juste à nous permettre d’être finalement encore un peu plus nombreux un peu plus longtemps et d’aggraver à terme la pression anthropique. Tout pacte écologique suppose un pacte antinataliste.

  3. Ils sont bien gentils ces deux-là, seulement ils feraient mieux de prendre leur retraite. D’ailleurs l’une et l’autre en ont l’âge, qu’ils en profitent. Qu’ils s’en aillent naviguer, à la voile de préférence, pour sauver la planète… en couple en équipe ou en solitaire, comme ils veulent… mais qu’ils disparaissent une bonne fois pour toutes de nos radars me(r)diatiques. Je leur souhaite bon vent.
    De la bouche des écotartuffes nous n’entendrons jamais un discours aussi clair et percutant que celui que François Ruffin a tenu à l’Assemblée Nationale, pour tenter d’expliquer aux cerveaux sclérosés ce qu’était la réalité de leur sacro-sainte Croissance. Croissance croissance croissance !!!
    https://francoisruffin.fr/discours-croissance-assemblee/

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