la vie chère, pas assez

La publicité pollue tous nos espaces collectifs, y compris les pages d’un quotidien aussi sérieux que Le Monde. Dans le numéro du 21 février, Intermarché achète le droit à avoir seul la parole en page 7 et E.Leclerc monopolise la parole page 15. Pourquoi se payer une pleine page ?

Avec les Mousquetaires, il faut être « tous unis contre la vie chère ». Ce grand groupe de distribution s’engage à pratiquer « les prix les moins chers de France sur les produits du quotidien vraiment utiles ». Avec E.Leclerc, le « combat pour les prix bas est une priorité nationale ». Ce grand groupe de distribution confirme son engagement d’une baisse de tarifs et de prix bas. Notre existence de consommateur est donc encadrée par des concurrents qui ne veulent que notre bonheur. Mais des trois modes de régulation des rapports sociaux, la coercition, la coopération et la concurrence, l’idéologie libérale n’a voulu retenir que la troisième. Cette concurrence était autrefois réservée à quelques marchandises et à un petit nombre de marchands, ses conséquences étaient donc limitées. Mais elle se présente aujourd’hui comme le mode normal de régulation sociale à tous les niveaux. Ce mode d’organisation a constamment privilégié les prix bas au détriment de la qualité environnementale. Le prix bas n’est pas un bon indicateur, il faudrait que le prix reflète le poids réel de l’économie humaine sur la Biosphère.

Le socialisme s’est effondré parce qu’il interdisait au marché de dire la vérité économique. Si le capitalisme empêche le marché de dire la vérité écologique, il s’effondrera. Nous nous sommes bercés d’illusions en nous prêtant à une comptabilité frauduleuse qui évite de chiffrer le coût des externalités. Dame Nature ne s’est pas laissée berner. C’est pourquoi nous subissons le changement climatique et autres maux écologiques. Augmentons les prix de tous les produits les plus utiles, à commencer par ceux de l’alimentation sous-payés aux paysans. Pour les produits inutiles, inutile de les acheter…