la voix de Leridon

Enfer et abomination. Le titre qui barre la page du Monde du 7 mars ne fait pas dans la dentelle : « Les programmes de contrôle des naissances ne sont plus d’actualité ». C’est ainsi que s’exprime la voix ainsi officialisée du démographe Henri Leridon, premier titulaire de la chaire développement durable du Collège de France. Mais dans l’interview, nulle trace d’une quelconque préoccupation environnementale, pourtant au cœur de la problématique du développement durable. Comment gérer durablement une population qui a quasiment triplé en un demi-siècle, passant de 2,535 milliards en 1950 à 6,828 milliards en 2009 ? Comment la Biosphère va-t-elle pouvoir nourrir et faire consommer 9,191 milliards d’humains en 2050 ? La question demeure sans réponse ! Les démographes sont avant tout des spécialistes du dénombrement, pas des généralistes du développement durable. Mais ils restent, surtout en France idéologiquement anti-malthusiens. Henri Leridon ne fait pas exception :

– « La question du nombre optimum n’est pas d’une grande utilité pratique ».

Pourquoi donc s’interdire de réfléchir à ce qui serait la meilleure façon de concilier le nombre d’hommes et les possibilités de la Biosphère ? 

– « Le solde nécessaire pour un renouvellement des générations s’établit autour de 2,15 enfants par femme ».

Ah il y aurait donc un optimum, la stabilité de la population mondiale à 9 milliards après 2050 ! Combien de chômeurs et d’affamés ?

– « Les programmes de contrôle des naissances ne me semblent plus d’actualité ».

La Chine pourrait donc abandonner sa politique de l’enfant unique ? Les douze pays africains qui connaissent un taux de croissance de 3 % (doublement de la population en 23 ans) devraient-ils se croiser les bras ?

Richard Heinberg (Pétrole, la fête est finie !), est bien plus sérieux que Leridon : « Combien d’êtres humains l’agriculture post-industrielle sera-t-elle capable de nourrir ? Une estimation précautionneuse serait : autant qu’elle pouvait en faire vivre avant que l’agriculture s’intensifie, c’est-à-dire la population du début du XXe siècle, soit un peu moins de 2 milliards d’êtres humains. »