L’agriculture industrielle coûte plus que ça rapporte

Les « coûts cachés » (les « externalités négatives ») liées à l’utilisation des pesticides excédent largement les bénéfices aux Etats-Unis au début des années 1990. Alors qu’ils apportaient environ 27 milliards de dollars par an à l’économie américaine, ils pesaient pour au moins 40 milliards de dollars. Une autre étude estime les dégâts sanitaires de l’exposition de la population européenne aux seuls pesticides organophosphorés et organochlorés à quelque… 120 milliards d’euros par an. Il y a quatre catégories de coûts cachés : environnementaux, sanitaires, réglementaires et, aussi, frais d’évitement. Les premiers chiffrent les dégâts sur les services écosystémiques offerts par la nature (pollinisation, etc.) ; les coûts sanitaires incluent les frais de santé, la perte de productivité des travailleurs, etc. ; les coûts réglementaires englobent les fonds publics pour réglementer et contrôler ces substances, ou assainir les eaux et les milieux contaminés… Quant aux frais d’évitement, ils sont principalement induits par les excédents de dépense des ménages qui optent pour l’alimentation biologique, afin de minimiser le contact avec les pesticides. Il est nécessaire d’ajouter les externalités sociales liés à l’utilisation des pesticides : ces derniers jouent sur la taille des exploitations, l’emploi, le tissu social…*

Les commentateurs sur lemonde-fr font preuve de perspicacité. 

Pierre Dumont : Une approche par le rapport coûts-bénéfices finit par occulter totalement le fait que ce ne sont pas les mêmes qui supportent les uns et engrangent les autres. Or, c’est là même le cœur du problème, surtout quand cela permet à la galaxie des bénéficiaires de disposer de beaucoup plus de moyens de communication et donc d’imposer leurs idées…et leurs profits.

Claude Pelletier : L’article présente les 4 catégories classiques de coûts cachés, et en plus il introduit la 5°, celle des externalités sociales … mais il n’aborde pas un autre sujet qui est  » comment assurer la transition  » vers une société sans  » biocides ».

Producteurs criminels : On se moque de nous avec le plan Ecophyto dont l’objectif de réduction de moitié des pesticides était fixé à 2018 puis maintenant repoussé à 2025 alors même que leur usage a augmenté de 9 % l’année dernière.

Hervé Corvellec : La question de la réintégration des coûts externalisés est en fait un des enjeux politiques les plus important de notre époque. C’est le cas de l’agriculture, mais également des transports ou de la production d’énergie. L’unité de production (l’exploitation agricole, le transporteur, ou la centrale) ne sont pas les bonnes unités de compte.

Jean-Claude P. : Il y a longtemps que je soutiens que l »agriculture « pétrole vert de la France », c’est du bidon, et que notre balance commerciale agricole, présentée comme bénéficiaire, est plombée par le coût des intrants, en particulier le pétrole.

Pierre guillemot : Il y a 80 ans, les agriculteurs étaient sous la menace des parasites et des maladies des plantes qui diminuaient radicalement les récoltes quand ils s’installaient.

Raboliot : Avez vous déjà réalisé que le BT est la méthode insecticide utilisée par tous les producteurs bio pour lutter contre les parasites de leurs cultures ?

Paysanne : Un ou deux traitements BT sur la feuille au printemps (p de terre/ Doryphores) ça augmente peu la teneur en bactéries du sol. Or avec l’OGM c’est du BT non stop dans les champs et jusque dans votre estomac. Et puis ça provoque des mutations d’insectes d’où résistance au BT qui tue l’outil…

Michel Sourrouille : Alors que les rendements à l’hectare ont constamment augmenté, il est paradoxal de constater que l’agriculture affiche un bilan énergétique négatif : elle consomme désormais beaucoup plus d’énergie fossile non renouvelable qu’elle ne crée de calories. Si on intègre la transformation agro-alimentaire et le transport des produits agricoles, le bilan est encore plus négatif. L’agriculture, basée sur l’énergie solaire par assimilation chlorophyllienne, devrait pourtant donner plus qu’elle ne coûte.

* LE MONDE 22 mars 2016, Et si les pesticides coûtaient plus qu’ils ne rapportent ?