L’avenir d’Europe Ecologie Les Verts en discussion

Voici transcription d’un débat interne à EELV qui explique clairement la difficulté de déterminer une ligne politique… et l’obligation d’obtenir une cohérence politique alors que la planète va à vau-l’eau. Si vous voulez contacter cette sensibilité d’EELV, Avenir Ecolo :  menudier@club-internet.fr

Alexandre

Que ce soit au niveau national ou international, il semble bien que le système « croissantiste » soutenu par la droite comme par la gauche est à bout de souffle. En interne à EELV, la stratégie des « petits pas », celle du réformisme de bon aloi, celle qui oublie la radicalité du projet écolo est aussi à bout de souffle. Le parti navigue à vue, sans cap véritable, au gré des réunions dans les pizzas ou les couscous. JVP (Jean-Vincent Placé) dans son interview dans « Reporterre » explique sans fioritures pourquoi l’avenir de l’écologie passe par le PS, rien que le PS, tout le PS. Il est réformiste, il se trompe en matière de temporalité oubliant que chaque jour qui passe joue contre nous : il a totalement intégré l’idée selon laquelle l’écologie n’est qu’une variable cachée du socialisme. Il n’a aucune ambition pour l’écologie politique, il n’y croit pas.

Cécile (Duflot), elle, se voit un destin (elle le dit), elle travaille à un rassemblement de la petite gauche critique. Elle se voit tête de proue. Elle et JVP accaparent les médias -disons que les médias ne s’intéressent qu’à eux. Ils sont nos porte-paroles, leurs dires sont nos idées aux yeux du grand public et nous, tous les autres, n’avons ni espace ni droit de citée. Ces deux visions s’affrontent sur la scène interne à EELV : c’est le leadership qui est en jeux. Or nous ne partageons pas leur dessein, ni leur stratégie, ni leur façon « d’être écolo ».

Hugues

Nous n’avons aucun moyen d’empêcher les médias de n’entendre que CD et JVP. Lesquels nous arriment à un leadership socialo-croissanciste qui nous mène dans le mur. Seules conclusions possibles à mes yeux :

1) nous n’avons strictement plus à rien à attendre d’EELV en tant qu’outil d’action efficient pour empêcher l’humanité de se crasher.
2) il faut chercher ailleurs, et j’aimerais bien ne pas nous voir y aller en ordre dispersé.

Jacques

Clairement, je ne vois pas ce que EELV peut encore faire…….. Mais aussi je ne vois pas d’autres endroits « politiques », au sens partidaire, capables de faire évoluer quoi que ce soit…… L’analyse actuelle qui reste droite/gauche ne parle jamais de partage des ressources, encore moins de partage avec les autres espèces vivantes de notre Planète……..

Alors, Hugues, aller où, politiquement parlant ? Je ne crois pas à Nouvelle Donne, ni au Front de Gauche, mais je peux me tromper !!!! Quant aux « autres » partis de l’écologie, que pèsent ils dans la vraie vie????

Marc

Militant écolo depuis 74, membre des Verts depuis 84 (tout ça, c’est pas pour une médaille). Certes je ne suis pas satisfait à 100 % par EELV. Mais, je pense que je le serai encore moins dans une autre formation politique. Alors j’essaie de faire preuve de sobriété dans mon désir de satisfaction vis à vis d’un collectif. Sobriété, un mot que nous aimons tous bien …

Ghislain

Moi pareil (campagne pour René Dumont, 1984 etc..). Je crois aussi qu’il faut nous appliquer à nous-même, à notre mouvement, quelques notions d’écologie ; en particulier que la diversité est un facteur de résilience. Et ne pas sous-estimer la sur-détermination de nos comportements politiques par des évènements extérieurs. En clair, quand il n’y aura plus de bouffe dans les super-marchés, un nombre non négligeable des copains et copines que nous considérons comme mous et errant dans la compromission verront la lumière. Vous me direz « il sera trop tard », mais il est déjà trop tard si l’on en croit Clive Hamilton et autres joyeux drilles.

 Quand je m’énerve de la malcomprenance de nos camarades, je me soigne en repensant à l’AG écolo de 1980 que j’ai eu l’honneur d’organiser (avec d’autres !) à Lyon : 800 personnes venues à leurs frais de toute la France, écoutant pendant d’interminables minutes un allumé racontant comment il avait été guéri par l’argile verte. Je compare avec un CE-CNIR et cela me le rend plus supportable. Surtout si, en plus, je compare avec une session de formation du CEDIS et que je pense aux copains maires qui font du bien localement avec leurs petits bras.

Imaginez un accident nucléaire majeur en France, une belle épidémie virale genre Ebola, vous serez bien content-e-s (je ne sais pas pourquoi je genre, ce ne sont que des mecs qui râlent) d’avoir un réseau et quelques élu-e-s pour réagir.
Le mouvement écolo a pris au départ un parti-pris réformiste (je sais, le mot a mal vieilli) c’est à dire qu’on n’attendait pas la révolution, que tout grignotage du système était bon à prendre, même si cela le confortait. Ce qu’il y a de différent maintenant c’est que le grand plantage est pour bientôt, le grignotage du système devient secondaire, il nous faut des outils, apprendre à planter les pommes de terre certes (1) mais aussi former des réseaux sociaux, ne pas trop s’exaspérer de la sottise des gens « de gauche » car nous serons ensemble contre la tentation de la dictature gorille (pauvres bêtes, je les aime mais vous m’avez compris, je parlais des émules de Pinochet et Videla).

(1) Pour des patates à chair ferme à peau rose, je vous recommande la variété Chérie.