Le baril de pétrole à 80 dollars, ridiculement bas !

Pour la première fois, la barre historique des 100 millions de barils produits par jour a été franchie au mois d’août, soit 15 900 000 000 litres, soit environ deux litre par jour et par habitant au niveau mondial ! C’est vertigineux, démentiel, non durable. La prise de conscience planétaire pour le climat, le fait de devoir laisser les ressources fossiles sous terre pour éviter la catastrophe est encore loin. Pour rester en dessous de la barre symbolique de 2°C d’augmentation de la température mondiale, il faudrait en effet s’abstenir d’extraire un tiers des réserves de pétrole, la moitié des réserves de gaz et plus de 80 % du charbon disponibles dans le sous-sol mondial. Or les pays membres de l’OPEP, le cartel des exportateurs de pétrole, ont pourtant augmenté leur production ces derniers mois.

Il est vrai que la demande mondiale est soutenue par un prix du pétrole qui reste à un niveau ridiculement bas : le baril de brent reste en dessous des 80 dollars, soit un demi dollar par litre. C’est moins cher que le Coca Cola qui n’est que de l’eau gazéifiée avec un colorant alors que le pétrole a demandé des millions d’années pour se fabriquer. Comme d’habitude LE MONDE*, journal dit de référence, s’intéresse aux variations conjoncturelles du prix du pétrole et pas du tout aux fondamentaux, la disparation inéluctable d’une ressource très précieuse et le réchauffement climatique dû à sa combustion. L’AIE, cette officine au service de la croissance économique mondiale, s’inquiète : « Nous entrons dans une période cruciale…Si les exportations iraniennes et vénézuéliennes continuent de tomber, les marchés vont se tendre et les prix augmenter. » Le secrétaire d’État américain à l’énergie, son homologue russe et le ministre saoudien du pétrole aux Etats-Unis plaident tous pour une baisse des prix de l’or noir de peur que des cours élevés ne pèsent sur la demande ! Face à la folie furieuse de nos dirigeants aux service de la boulimie d’essence des consommateurs, il faut rappeler les données de base d’un raisonnement fiable, la connaissance de ce qui constitue le pic pétrolier et un choc pétrolier. L’un porte sur les quantités et l’autre sur le prix, mais les deux phénomènes sont bien sûr reliés.

Nous avons déjà dépassé le pic pétrolier, le moment où nous avons atteint le maximum de production possible avant le déclin, comme l’avait déjà signalé l’AIE : « La production de pétrole conventionnel a atteint son pic historique en 2006, elle ne le redépassera jamais. » Et Donald Trump ne peut rien contre les réalités géologiques. Nous sommes donc dans une période de descente énergétique, mais les efforts technologiques démesurés de prospection et les pétroles non conventionnels nous cachent cette réalité. Les majors ont de plus en plus de mal à trouver et produire autant de pétrole qu’elles le voudraient. Exxon, BP et les autres doivent s’aventurer toujours plus loin, tenter des projets toujours plus complexes, par exemple dans l’offshore ultra-profond ou la liquéfaction de gaz. Les coûts de production des grands pétroliers montent en flèche. La facture en Alberta pour les sables bitumineux se mesure aussi en dégâts environnementaux.

Le pic pétrolier entraînera inéluctablement une hausse du prix du baril quand les perspectives de court terme envisagés par les mécanismes de marché des hydrocarbures cesseront de nous leurrer. La répercussion sur l’activité économique sera non-linéaire, c’est le choc pétrolier. Cela signifie qu’au-delà de 200 dollars le baril, beaucoup de secteurs pourraient être incapables de faire face. On peut penser aux transports : le fret routier, les compagnies aériennes et toute l’industrie automobile souffriront très gravement d’un prix aussi élevé. Et puis il y aurait un effet domino sur l’ensemble des secteurs de l’économie. Jean Albert Grégoire nous avertissait dès 1979 : « Comment l’automobiliste pourrait-il admettre la pénurie lorsqu’il voit l’essence couler à flot dans les pompes et lorsqu’il s’agglutine à chaque congé dans des encombrements imbéciles ? L’observateur ne peut manquer d’être angoissé par le contraste entre l’insouciance de l’homme et la gravité des épreuves qui le guette. Comme le gouvernement crie au feu d’une voix rassurante et qu’on n’aperçoit pas d’incendie, personne n’y croit. Jusqu’au jour où la baraque flambera. » Pour Jean-Marc Jancovici, les carottes sont cuites.

* LE MONDE du 18 septembre 2018, Pétrole : la production mondiale atteint des records, les prix en hausse

5 réflexions sur “Le baril de pétrole à 80 dollars, ridiculement bas !”

  1. @Bga
    Sur ce coup marcel a raison. Quand ça bardera grave, même perdus au fin fond de Trifouilly- les-Oies, les adeptes de la simplicité volontaire auront affaire à des hordes barbares. Pour défendre votre carré de patates il va vous falloir apprendre à manier les armes. Vous pouvez tourner le problème dans tous les sens, en ville ou à la campagne nous ne serons à l’abri nulle part. Si la campagne vous tente, c’est maintenant qu’il faut en profiter.

  2. « et vivre à la campagne étant l’idéal, bref éviter les foules, les masses de foules d’affamés de pétrole et d’aliments…. En somme, leur excessive gourmandise d’énergie fossile  »

    D’ accord avec le constat mais gare aux pillages des campagnes une fois le coup de Trafalgar devenu effectif .
    Les survivalistes s’ y préparent d’ ailleurs .

  3. Pour moi le Pic pétrolier n’est pas en 2006, mais ce n’est pas grave car ma référence se situe à peu de chose près au même moment. Toutefois, je vais choisir un symbole très concret et très français (franco-britannique plus exactement, mais très français quand même) pour représenter le Pic pétrolier c’est l’année 2003
    qui correspond à l’abandon de l’usage du Concorde, notre fabuleux et fantastique super-sonique… Alors d’après nos croissantistes de tous bords Umps et supplétifs, il paraît qu’il est toujours très évident qu’on parvient toujours par remplacer quelque chose par autre chose pour maintenir indéfiniment son train de vie lié aux technologies, autrement dit le génie humain devrait nous conduire à l’évidence même que tôt ou tard on parviendra à produire des avions supersoniques solaires, si je résume leur pensée…. Et pourquoi pas des fusées solaires capables de transporter plusieurs tonnes de ressources pour les cheminer vers la Terre…. Bon vous aurez compris qu’ils n’ont rien compris…. Le fameux génie humain a essentiellement inventé des machines consommatrices d’énergie par les ressources fossiles, mais le génie humain n’a pas inventé grand chose en machines productrices d’énergie sans combustibles fossiles et c’est bien là que ça hic ! Et oui tous les combustibles fossiles sont des jokers utilisables qu’une fois après c’est fini, autant dire qu’on en a gaspillé énormément des jokers par paresse (puisque les bons génies, pour devenir un bon génie humain il faut-être paresseux, car la paresse stimule les idées paraît-il), d’ailleurs ce qui est curieux c’est que beaucoup veulent des enfants, mais les parents qui s’interrogent de quoi ils vont vivre demain sont plutôt absents… Pour moi le pétrole il faudrait le conserver pour des usages beaucoup plus important que les voitures individuelles, conserver tout ce pétrole pour produire des plastiques ou le secteur médical dans l’avenir plutôt que le brûler dans des réservoirs, mais bon… c’est pas grave tout ce qui brûle maintenant c’est tout ce que n’auront pas les générations futures pour se soigner… Enfin je ne me fais aucun soucis, le programme de la décroissance s’appliquera sans électeurs, sans partie, sans avoir à devenir président, il suffit de laisser la bêtise humaine consumer déraisonnablement toutes ces ressources à grande vitesse pour que le programme de la décroissance s’applique…. Tout ce bétail UmPs bobo globalisé ont choisi la voie de décroissance la brutale et violente en se goinfrant au nom de la croissance mondialiste…. Pour les gens sensés décroissantiste, je vous le dis vous ne raisonnerez personne, car la caractéristique principale de nos démocraties républicaines UmPs étant que ce système est conçu pour que les idiots remportent toutes les élections puisque les idiots sont les plus nombreux, c’est dans le gène des démocraties…. La seule chose à faire étant d’éviter d’habiter toutes les villes de plus de 150.000 habitants, et vivre à la campagne étant l’idéal, bref éviter les foules, les masses de foules d’affamés de pétrole et d’aliments…. En somme, leur excessive gourmandise d’énergie fossile est le programme le plus efficace pour nous conduire rapidement au programme de décroissance…

  4. Un vélo à 100 €, un vol Toulouse-Londres à 21€ , un poulet à 3€ le kilo, ça aussi c’est ridiculement bas. On pourrait dire aussi, scandaleusement bas.
    Mais au diable les scandales ! Autant ne voir que le ridicule, au moins ça nous permet de rire.
    Les prix ne veulent plus rien dire. Et c’est normal puisque nous sommes dans le grand n’importe quoi, puisque nous vivons en Absurdie, sur la planète Shadok, c’est comme on veut.
    Et encore s’il n’y avait que les prix. Le pire c’est que rien et n’importe quoi ne veulent plus rien dire, qu’on peut faire dire n’importe quoi à n’importe qui , et que n’importe quoi peut être interprété n’importe comment. Le nihilisme dans toute sa splendeur !
    La fin du pétrole, la fin des haricots. Les Shadoks peuvent toujours se réjouir, puisque les carottes sont cuites.

  5. « Pour Jean-Marc Jancovici, les carottes sont cuites. »

    Salaud de malthusien qui nous rappelle que la taille du gâteau étant limitée , la présence de tout convive supplémentaire à la consommation dudit gâteau diminue la part de chacun .
    On me dit à l’ oreille que les hydrates de méthane vont se subtituer au pétrole mais est – on seulement capable de les exploiter ?
    D’ après les journaputes des gros merdias ,experts en néant , ce devrait être possible , tu parles d’ une référence sérieuse !

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