Le bilan de Nicolas Hulot, positif ou négatif ?

Nicolas Hulot sur le plateau de « L’Emission politique » de France 2 : « Pour aller bien, il faut ne pas regarder la réalité en face… Je me suis battu, et notamment les semaines qui ont précédé mon départ, pour qu’on change complètement d’échelle dans l’accompagnement social de la transition énergétique et écologique, avec des propositions concrètes. Je n’ai pas été entendu… » Il prône l’arrêt de six réacteurs avant 2028 : « Si on attend les dernières années [pour arrêter des réacteurs], je vous fiche mon billet que ça ne se fera pas », a-t-il prophétisé. Il se dit aussi hostile à toute programmation de construction de nouveaux EPR : « Relancer les EPR maintenant, c’est condamner le développement des énergies renouvelables », prévient-il, en appelant à « mettre le paquet sur l’efficacité énergétique et la réduction de la consommation ». « Si on fait trois ou quatre EPR, ça veut dire qu’on va faire trois ou quatre Bure ? Eh bien bon courage ! » Sa conception générale est de ne pas opposer « les fins de mois difficiles des Français » et « la fin du monde, en tout cas d’un monde pacifique » annoncée par « la crise écologique »*.

Le bilan qu’on peut faire sur Nicolas Hulot, que ce soit dans cette émission du 22 novembre ou dans les dizaines d’années qui précèdent, est largement positif. Pourtant certains s’acharnent encore à ne voir chez lui que le vendeur de gel douche ou ses 9 véhicules. Pour avoir un meilleur jugement, il faut lire « Nicolas Hulot, la brûlure du pouvoir » qui apporte un point de vue documenté sur les faits et gestes de Nicolas. Ainsi ce passage sur son patrimoine, signe de réussite ou enrichissement personnel ? :

«  Pendant que je partais à la rencontre des derniers gorilles ou des tribus amazoniennes, la déclinaison de la marque Ushuaïa se transformait en fabuleux business. Je n’en profite qu’indirectement puisque je suis salarié de TF1, et que la manne est censée compenser le coût de l’émission. Je n’ai pas une vision diabolique du monde économique. Tous ses acteurs ne sont pas des exploiteurs, et ces grandes entreprises, c’est aussi le monde du travail. Pour mener mon combat, il faut de l’argent. Quand on n’a pas de fortune personnelle, et que l’on n’a pas envie de grever davantage le budget de l’État, reste la philosophie de Clemenceau : « Quand la maison brûle, on ne regarde pas qui passe les seaux d’eau. » Le Canard enchaîné assurait dans son édition du 5 juillet 2017 que j’avais perçu 290 000 euros en 2013 grâce à la société Éole Conseil et aux produits Ushuaïa, shampoings et autres gels douche. Ma fondation aurait perçu 460 000 euros de chèques versés par EDF jusqu’en 2012. Conflit d’intérêts quand je dois prendre position sur l’EPR de Flamanville ? Édouard Philippe est venu à mon secours : « Tout sera déclaré à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique. C’est elle qui appréciera s’il y a conflit d’intérêts ».

Conformément à la loi relative à la transparence de la vie publique adoptée en 2013, la HATVP a publié le 15 décembre les déclarations de patrimoine des membres du gouvernement. Le patrimoine le plus élevé est détenu par Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, qui a déclaré posséder pour plus de 7,5 millions d’euros de biens. J’arrive juste après, avec un patrimoine de plus de 7,2 millions d’euros, composé d’une maison en Corse (1 million d’euros), ainsi que de plusieurs autres biens immobiliers dans les Côtes-d’Armor et en Savoie, d’une valeur totale de 1,9 million. À cela s’ajoute la société Eole, qui encaisse les droits d’auteur et royalties des produits dérivés Ushuaïa, dont la valeur est estimée à 3,1 millions d’euros, ainsi que des valeurs mobilières d’environ 1,2 million d’euros. Détail que je ne trouve pas amusant, le quotidien Le Monde insiste sur mes neuf véhicules à moteur. La transparence ; oui, le voyeurisme ; non ! J’utilise à 95 % ma BMW électrique et mon scooter (électrique). J’ai acheté il y a deux ans une vieille 2CV pour ma fille. Je possède aussi un Renault de livraison… d’âge vénérable. Quant à mon vieux Land Rover, il me sert à crapahuter en Corse les rares moments où je suis en vacances. Pourquoi ne pas tout dire dans les médias ? Sur mes 6 voitures, 4 sont des antiquités. Scandaleux ? Restent 2 voitures pour circuler régulièrement, ce qui est presque la norme actuellement pour un couple de Français. Ah mais oui, je devrais montrer l’exemple et lire à la bougie !

Notez que mon engagement comme ministre est d’autant plus remarquable que j’aurais pu continuer à très bien gagner ma vie en « vendant » des gels douches. J’ai renoncé au confort des retraités aisés pour me battre pour des idées et servir l’intérêt commun. Écologie ne doit pas rimer avec privation. »

* LE MONDE du 23.11.2018 Taxe carbone : « Il manque un accompagnement social », affirme Nicolas Hulot

5 réflexions sur “Le bilan de Nicolas Hulot, positif ou négatif ?”

  1. On peut soutenir Nicolas Hulot dans sa tentative, assez désespérée, de transformer certains Français en Christ destinés à se sacrifier pour le salut du monde, contre sa volonté, sans s’attaquer sérieusement au système économique responsable de la catastrophe, et sans faire de peine à ceux qui financent sa fondation;
    Et on peut aussi ne pas vouloir payer pour les dérèglements climatiques censés intervenir, parce qu’après tout, ceux qui ont le plus à perdre dans l’affaire, ce n’est pas le Français de base mais ce même système et des populations pour lesquelles on a déjà trop donné.

  2. @Didier Barthes.
    Vous dites ne pas comprendre pourquoi N. Hulot ne parle pas de ça. Je ne suis pas dans sa tête, je ne le connais pas personnellement, mais j’ai dit précédemment que je pense qu’il ne livre pas le fond de sa pensée. Non pas qu’il soit hypocrite, mais parce qu’il a compris l’intérêt de ne pas en rajouter au désastre, et puis parce qu’il est gentil.
    Je pense qu’il s’applique à ne pas affoler inutilement, à ne pas attiser les divisions et les haines. Si telle est l’explication, si telle est sa « stratégie », alors je suis à 100% avec lui.

  3. Didier Barthès

    Quand même je ne comprends pas que Nicolas Hulot n’aborde jamais ce qui constitue le problème principal, notre nombre sur la planète qui de toute façon n’autorise aucune bonne solution pour sauver la biosphère. Tant que subsistera ce déni, tout le reste ne servira à rien même si on fait tout ce que Nicolas Hulot préconise, à 8 milliards nous massacrerons tout.

  4. Nicolas Hulot enfin libre, du moins n’ayant plus besoin de composer avec Macron, aurait pu se lâcher un peu plus. Mais je pense qu’il a fait ce qu’il a pu, comme toujours. Depuis longtemps je le crois sincère, sa gentillesse et son émotivité me sont évidentes. Là encore j’ai entrevu une certaine naïveté. En tous cas ce n’est pas moi qui lui jetterais la pierre.
    A certains moments son discours manque quand même de cohérence. Mais peut-être n’ose t-il pas dire tout ce qu’il pense … justement parce qu’il est gentil. Sa parabole de la bronchite et du cancer généralisé est pourtant parlante. Alors à quoi bon s’acharner quand on est en phase terminale ?
    Hulot semble croire que cette transition pourrait réussir, bien qu’il émette de nombreuses réserves. Notamment il insiste pour dire que ce n’est pas en nous opposant les uns aux autres que nous y arriverons, il dit que la science ne fera pas tout, il parle également du déni de réalité. Comme lui je pense que nous n’avons aucun intérêt à nous diviser, nous le sommes suffisamment comme ça. Il reste que la foi (religieuse) en la Science ainsi que le déni de réalité (souvent liés) sont là. Et malheureusement contre ça on ne peut pas lutter.
    Sa critique du Système Capitaliste reste timorée, j’ai encore pu constater que la décroissance est un sujet tabou. Pas pour lui, probablement, mais en tous cas pour tous ceux qu’il avait en face. Je pense notamment au patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux avec son ampoule Led. Celui-là aussi il y croit à la mouche qui pète.
    Je pense donc que Nicolas Hulot n’a pas totalement livré tout ce qu’il pense. Peut-être veut-il éviter de provoquer trop de panique… peut-il veut-il y aller par étapes… à petits pas.

  5. En tout état de cause, heureux son sursaut de quitter cette clique. Aujourd’hui nous sommes  » En marche pour le grand bon en arriere », on pourrait croire à la bonne direction pour l’écologie.
    Rien de tout cela,  » En marche c’est le black Friday, et aujourd’hui plus que jamais le plus grand incubateur des futurs votes pour la peste brune
    Mon pauvre pays de France

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