Le biocontrôle, une alternatives aux pesticides ?

Qui a dit : « Il faut que l’on se fixe l’objectif de sortir du glyphosate durant ce quinquennat. Il ne s’agit pas d’alternatives chimiques, je pense plutôt au biocontrôle [en recourant à des organismes vivants ou des substances naturelles] et au choix de pratiques agricoles respectueuses de l’environnement. Mais on ne peut pas demander à un agriculteur à la tête d’une grosse exploitation de passer, du jour au lendemain, d’une agriculture intensive à la permaculture ou à l’agro-écologie. »

C’est notre ministre de l’écologie Nicolas Hulot qui utilisait un terme encore peu employé, « biocontrôle ». Nous connaissions mieux le roundup ! Le contexte réglementaire français, avec la Loi Labbé du 6 février 2014 et la loi de transition énergétique du 17 août 2015, visait à encourager le développement du biocontrôle comme solution pour la protection des végétaux. Nicolas et les chercheurs (l’INRA, etc.) préparent aujourd’hui la sortie des pesticides chimiques. Les insecticides de la famille des néonicotinoïdes seront par exemple interdits en France dès le 1er septembre 2018. On organise la lutte biologique. Le biocontrôle consiste à opposer des insectes, des bactéries, des virus ou des champignons aux organismes nuisibles, à disperser des molécules odorantes pour les éloigner, à épandre des substances naturelles pour les tuer ou à réaménager le paysage pour favoriser la présence de leurs ennemis naturels. On peut utiliser des insectes contre d’autres insectes. Contre la carpocapse de la pomme, l’agresseur qui motive 30 % à 40 % des traitements d’insecticides dans les vergers en France, on a l’intention d’envoyer des micro-guêpes Mastrus ridens, un parasitoïde du Kazakhstan, ennemi naturel du carpocapse. Contre la drosophile suzukii, une mouche d’origine japonaise qui gâche de nombreux fruits, dont les cerises, les baies et les abricots, on va envoyer au combat la micro-guêpe Ganaspis, un autre parasitoïde oophage qui adore déposer ses larves dans les œufs de la drosophile suzukii. On peut aussi utiliser des produits de biocontrôle à base de bactéries comme le Bacillus thuringiensis (Bt) qui coupe l’appétit des larves de la pyrale du buis et des autres chenilles*. Mais la lutte biologique demande de guetter attentivement l’arrivée des ravageurs et les dérapages du vivant sont toujours possibles. La nature cache une multitude de réponses possibles.

Les solutions proposées risquent de ne pas aboutir à cause de la complexité du fonctionnement des agro-écosystèmes. Des domaines d’intervention se retrouvent sans solutions comme la gestion des adventices, il y a une stratégie possible de contournement contre les bio-agresseurs, le coût en main d’œuvre est important, les aspects logistiques liés à la conservation d’organismes vivants ne sont pas évidents, etc. Il était beaucoup plus simple d’utiliser l’arme chimique, mais au prix de la détérioration de l’ensemble des écosystèmes. Toute culture, encore plus s’il s’agit de monocultures, reste un ensemble fragile. C’est une zone artificielle et simplifiée dont on élimine ponctuellement des espèces nuisibles sasn s’appuyer sur la résilience dans la durée grâce à la biodiversité. Libérer des parasites dont certains sont exotiques, importés, ne constitue pas en soi un « respect de la biodiversité », un « risque zéro », ou un « résultat garanti » sur le long terme. Le biocontrôle est testé dans des espaces confinés et sécurisés, après la nature fera ce qu’elle voudra quand on relâchera en son sein des nouveaux arrivants. Si chacun avait son potager et son verger, on diluerait les risques… mais les gens préfèrent s’entasser dans les villes, le lieu artificiel par excellence.

* LE MONDE du 6 juin 2018, Le biocontrôle, une alternative aux pesticides

1 réflexion sur “Le biocontrôle, une alternatives aux pesticides ?”

  1. Les pesticides (beurk la peste !) c’est pas bon pour la planète, ni pour notre santé. Alors on nous les a gentiment remplacés par des « produits phytosanitaires ». Comme chacun sait, la santé par les plantes (phyto) c’est à la mode. Comme est à la mode tout ce qui commence par bio. Aujourd’hui on redécouvre que les coccinelles mangent les pucerons, aujourd’hui la novlangue s’enrichit avec le « biocontrôle » .
    Rassurez-vous braves éco-citoyens-adultes-responsables-cons.ommateurs avant tout… tout est sous contrôle.

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