le bonheur national brut quitte le Bhoutan

Nous avons depuis longtemps oublié le sens du bonheur national brut (BNB) pour nous jeter dans l’impasse du Produit Intérieur Brut (PIB). Le bonheur, c’est l’art de la frugalité heureuse, c’est une communauté réduite et solidaire, c’est une souveraineté énergétique et alimentaire territorialisée, c’est l’inverse de ce que pratique une société thermo-industrielle qui s’est mondialisée. Le Bhoutan pouvait encore échapper aux diktats d’une société consumériste dilapidant les ressources naturelles. La télévision n’avait été introduite qu’en 1999, la capitale Thimphu (50 000 habitants) n’avait ni feu rouge, ni ascenseurs, le tourisme était endigué. Le Bhoutan avait même adopté le principe du BNB lors d’une tribune prononcée par son roi devant les Nations unies en 1972 : gouvernance responsable, conservation d’une culture traditionnelle, sauvegarde de l’environnement et utilisation durable des ressources. Malheureusement le quatrième principe, « croissance et développement économiques » ne pouvait que démolir rapidement les principes précédents : il faut augmenter le PIB en imitant un modèle occidental qui est en train de faire faillite. Ce n’est pas parce que le Bhoutan a fixé le visa touristique à 200 dollars par jour qu’il se protège de personnes qui sont loin d’être des ethnologues et qui ne respectent pas les mœurs du lieu où ils arrivent. Une production d’énergie renouvelable, à base hydroélectrique, se trouve confronté au réchauffement climatique mondial et à la fonte des glaciers, ce qui rend le débit des fleuves irréguliers. L’acceptation de l’aide internationale met à mal l’objectif d’autosuffisance. (LeMonde du 22 juin).

Le Bhoutan est donc sur la mauvaise voie. Les « progressistes » pensent dorénavant qu’il faut voir le monde extérieur et se frotter à ses défis, c’est-à-dire qu’il faut perdre son âme. Les candidates à « Miss Bhoutan », le premier concours de beauté jamais organisé dans ce petit royaume de l’Himalaya, étaient nombreuses. A la télévision, on a déjà assisté à la première émission de « Bhutan idol », version locale de « Star Academy ». Tout est possible dorénavant, on a construit un stade et la route nationale est élargie ; on importe des travailleurs immigrés et on laisse l’Inde financer jusqu’à 70 % du budget national.

Le Bhoutan a cédé aux ravissements de la société occidentalisée et même aux vertiges de l’éducation scolaire. En conséquence le contact avec la Nature et les rapports de proximité vont disparaître à la vitesse d’une voiture : la Biosphère ne peut plus être tranquille, même sur les bords de l’Himalaya.

1 réflexion sur “le bonheur national brut quitte le Bhoutan”

  1. Bhoutan est donc sur la mauvaise voie. Les « progressistes » pensent dorénavant qu’il faut voir le monde extérieur et se frotter à ses défis,
    ___________
    je ne parlerai pas de Progressisme mais de commercial
    Suis heureuse d’y être allée avant
    J’ose espérer que la base restera identique
    J’y ai rencontré des gens merveilleux
    ESPOIR

    Cordialement
    Virginie

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