Le café, ce breuvage amer au service des multinationales

Le café est le deuxième produit (en valeur) échangé dans le monde après le pétrole. C’est le produit dont les Français auraient le plus de mal à se passer, 80 % d’entre eux en boivent au petit déjeuner, 74 % après le déjeuner. Pourquoi donc buvons-nous du café ? Au XVe siècle, les soufis l’utilisaient comme dopant lors des cérémonies religieuses. Louis XIV a été séduit par ce breuvage en 1669. Cela fait travailler les esclaves, 500 000 noirs à Saint Domingue en 1790. Durant les années 1820-1840, le café prend son essor grâce à l’afflux d’esclaves au Brésil et représente plus de 60 % de ses exportations à la fin du XIXe siècle. Main d’œuvre à bas prix, usages d’une élite, industrialisation des processus de fabrication, propagande publicitaire pour la pause café, ce breuvage qui n’a même pas bon goût se répand dans toutes les couches de la société. Pourtant nous n’avons pas besoin de café pour notre équilibre alimentaire, c’est un désir créé de toutes pièces. L’urgence écologique nous demande de limiter nos besoins, nous pourrions commencer par nous priver de café.

La culture du café de la ceinture tropicale occupe 125 millions de personnes. Il s’agit uniquement d’une culture d’exportation, écologiquement et socialement néfaste. Non seulement l’agriculture d’exportation se fait au détriment de la culture vivrière, mais elle pousse à l’exode rural et à la paupérisation. De plus l’exportation de produits agricoles veut dire exportation d’une partie des qualités du sol. Or le maintien de la fécondité de la terre est la condition essentielle d’un système d’agriculture durable. Certains mettent en avant le café  « équitable » qui valorise le prix d’achat en faveur des petits producteurs. En Europe 75 % du commerce équitable est sous le contrôle de Max Havelaar : les normes sont maison et les contrôles aussi, laissant place à des dérives. Enfin le café doit parcourir de nombreux kilomètres pour aboutir dans notre tasse : adieu le breuvage de proximité et le choix locavore.

Bien entendu LE MONDE éco&entreprise* dont nous avons tirés les chiffres de ce post ne fait aucun critique de la consommation de café. Pour nos journalistes, nos dirigeants et nos maîtres de conférence, ce qui compte, c’est de consommer toujours davantage, ce n’est pas de réfléchir au bien-fondé de notre consommation…

* LE MONDE éco&entreprise du 28 septembre 2013, Le café, de la traite des Noirs au commerce équitable