Le casse-tête de l’avenir des déchets nucléaires

Les déchets à 490 mètres sous terre du centre d’enfouissement de Bure resteront létaux pendant des centaines de milliers d’années. Comment prévenir du péril nos lointains descendants ? Les technologies changent trop rapidement, il faut donc utiliser le « papier permanent » – durée de vie : plusieurs siècles. Ou graver un disque en saphir qui devrait résister un million d’années – hélas, il est cassant et fragile. Et pour y écrire quoi ? Les ­linguistes s’interrogent : saurons-nous lire notre langue dans cinq cents ans ? Dans mille ans ? Les avertissements mis en place persuaderont-elles les humains du futur que le lieu est dangereux ? N’y verront-ils pas plutôt des œuvres protégeant des trésors ­extraordinaires, ce qui engagera à aller creuser sous la surface ? Le sociologue allemand Ulrich Beck, auteur, en 1986, de La Société du risque (Aubier, 2001), écrivait après la catastrophe de Tchernobyl : « Nous proposons à l’humanité d’embarquer dans un avion pour lequel aucune piste d’atterrissage n’a encore été construite. »* Voici quelques commentaires sur lemonde.fr

Le sceptique : Voyant Homo sapiens voici 200.000 ans et ce qu’il est aujourd’hui, la problématique a-t-elle un sens? De toute façon, nous n’avons aucune capacité prédictive sur un système chaotique comme l’histoire et l’évolution, donc pas la peine d’essayer d’anticiper sur de longues durées ni de faire croire aux gens que ce serait possible.

NICOLAS MATHIEU : Il faut bien les stocker quelques part ces déchets. Si vous n’en voulez pas à Bure. Il y a deux autres solutions : méthode soviétique : les jeter à la mer. Méthode cynique : les envoyer en Afrique…

Roland padaire : Maintenant que les lanceurs deviennent réutilisables avec une baisse drastiques des coûts de lancement dans un avenir très proche. (cf spacex), l’hypothèse d’envoyer ces déchets dans l’espace direction le soleil peut-elle être envisageable ?

Concurrence : Dommage si le lanceur explose au décollage!

Ektor : Quand on voit les problèmes environnementaux auxquels l’humanité est confrontée: réchauffement climatique, atmosphère polluée, continent de déchets plastiques, 6ème extinction de masse des espèces en cours… la polarisation des antinucléaires français sur le stockage des déchets est à Bure est au mieux pitoyable au pire irresponsable.

En passant : Oui, Ektor, vous m’avez déjà tenu un demi-million de fois ce discours. J’ai bien compris que vous préférez Charybde à Scylla. C’est votre droit, mais inutile de revenir à la charge tant que vous n’avez pas de nouvel argument à faire valoir. Je souhaite pour ma part que nous nous dirigions le plus vite possible vers un mix électrique 100% renouvelable.

Fouilla i : Sans attendre 500 000 ans, que dirons nos descendants dans 1000 ans qui devront gérer un déchet disséminé lui sur toute la planète et autrement plus dangereux, à savoir 6 à 800 ppm de CO2?

MICHEL SOURROUILLE : et dire qu’aucun président français n’a remis en question le choix nucléaire, ni après Tchernobyl, ni après Fukushima, ni à cause de l’impasse dans laquelle nous met la gestion des déchets nucléaires. Mais un jour, il faudra bien nous contenter des sources d’énergie renouvelable, à commencer par notre propre force physique alors que la voiture nous empêche l’usage de nos jambes et la vie automatisée l’usage de nos bras.

Soyons fous : et nos clavier l’usage de nos doigts…

* LE MONDE idées du 22 octobre 2017, Quel héritage laisseront les cimetières nucléaires

6 réflexions sur “Le casse-tête de l’avenir des déchets nucléaires”

  1. Bonjour Florian et Didier Barthès.
    Cette « troisième voix émergente dans le débat public » (selon Florian) serait donc celle qui propose « de maximiser les chances de sortie par le haut « .

    Déjà là, il faudrait commencer par se mettre d’accord, voire trouver un con-sensus… pour définir où est le « haut » ou est le bas, et pour définir quels sont ces « dégâts » qu’il s’agirait de limiter. En d’autres termes, quels sont les meubles qu’il faut essayer de sauver en premier ? La bibliothèque, la télé, le frigo, le piano, la bagnole, le vélo … ?

    En effet Jancovici mise sur le nucléaire. Mais ça ce n’est que SON pari à lui. Si Jancovici tient absolument à sauver la bagnole et la télé , c’est SON problème.
    Sur ce point, personnellement je me refuse de parier comme lui. Je pense que nous devrions arrêter de suite toutes les centrales nucléaires, et profiter du calme relatif avant la tempête pour les « neutraliser », autant que nous sachions le faire. Dans le but justement de limiter les dégâts, d’autant plus que nous en avons fait que trop.

    D’autre part, Florian dit que l’hypothèse « d’effondrement décrite par Didier Barthès » n’est pas prise en compte , « tout simplement parce que acter cet effondrement est invendable et inconcevable dans le débat public. »
    Donc, je vois que là aussi on fait un pari. On laisse de côté l’hypothèse de l’effondrement, même si ses probabilités ne cessent d’augmenter, toujours plus . (mais en effet jusque là tout va bien)
    Pourquoi donc ? Florian nous dit que c’est parce que cette hypothèse (idée) est « inconcevable » et « invendable » . C’est vrai. Et pourquoi ? Parce que les imaginaires sont trop pollués, trop colonisés ! En clair, on la laisse de côté parce qu’on n’a pas envie d’y croire. Et je pense que c’est aussi simple que ça.

    Et finalement, confrontés à tous ces casse-têtes (dont ce super-gros-méga dont je parlais précédemment), bref au stade où nous en sommes, je pense qu’il suffit d’élaborer autant de plans de sauvetages qu’on puisse en élaborer et en imaginer (disons quelques milliards)… des plus farfelus aux plus élaborés… puis de les mettre tous dans un chapeau (un gros)… et de tirer au sort celui qu’il faudra appliquer.

  2. Pour être complet, il y a une troisième voix émergente dans le débat public. C’est celle de Jancovici par ex., dont le travail est de maximiser les chances de sortie par le haut (ou de minimiser les dégâts, plutôt…) dans la société présente (à l’échelle d’un siècle, maximum): il mise donc sur le nucléaire. Il ne prend ainsi pas en compte dans la balance la situation d’effondrement décrite par Didier Barthès, tout simplement parce que acter cet effondrement est invendable et inconcevable dans le débat public.

  3. En effet, Didier Barthès. Si je poursuis ma réflexion, le recours au nucléaire au XXIe siècle accroît sensiblement les chances de s’en tirer, et fait même partie intégrante du scénario pour éviter le drame à mon avis. Seulement, ce scénario de sauvetage implique aussi tellement d’autres paramètres (adaptation des modes de vies, des systèmes économiques, de la reproduction, etc.), qu’il reste très improbable, même en ayant fait appel au nucléaire. Et pire, si on ne touche pas d’ici là aux autres paramètres, l’utilisation du nucléaire dans une société dense et largement déséquilibrée ne fera qu’accroître le problème, comme vous l’expliquez. Or nous en prenons exactement le chemin, en ne voulant toucher qu’à l’intensité énergétique mais surtout pas aux autres paramètres de l’équation.

    Choisir une voie ou l’autre est donc très délicat et subjectif… Renoncer au nucleaire, c’est faire le deuil d’une sortie par le haut, ce qui est malheureusement le scénario le plus réaliste !
    On remarque néanmoins que ce n’est absolument pas en ces termes que le débat public a été posé. Les uns voient dans le nucléaire un vecteur de la croissance qu’ils vénèrent, les autres une pollution supplémentaire dont on peut se passer sans rien toucher au reste. Les deux parties ont pourtant tout faux comme nous le savons ici.

  4. Les dangers du nucléaire me semblent se poser un peu différemment
    Certes, les déchets sont dangereux, des gens mal intentionnés pourraient s’en saisir et faire des bombes sales. D’autre part comme cela est souligné dans l’article,ils présentent un risque pour les générations futures, on pourrait les découvrir dans 20 000 ans « par hasard » et les découvreurs se trouver intoxiqués.
    Pour autant, ce seraient là des drames très locaux et limités, très loin de ce qui nous menace à l’échéance d’un siècle du fait de toutes les autres pollutions. N’oublions pas, même en matière de radioactivité, que la combustion du charbon peut parfois aussi rejeter des éléments radioactifs dans l’atmosphère, certes de manière très diluée, mais pas absolument nulle.
    Par contre, il existe un problème que l’on aborde pas assez concernant le nucléaire, c’est que sa poursuite suppose le maintien de sociétés stables, très organisées avec des filières industrielles fonctionnant parfaitement et durablement ainsi que tout un ensemble de gens compétents régulièrement formés.
    Or, nous sommes de plus en plus nombreux à penser que le scénario d’un effondrement de nos sociétés n’est pas à exclure d’ici l’an 2100.
    Dans ce cadre, que deviendrait les centrales, leurs déchets, leur entretien ou même leur mise à l’arrêt et leur gardiennage dans des conditions sécurisée ?
    Tout cela pourrait se passer très mal.
    L’énergie nucléaire suppose l’exclusion de l’effondrement, l’exclusion de toute guerre de grande ampleur, tout cela n’est pas garanti, c’est à mes yeux l’un des éléments les plus à charge contre ce type d’énergie, plus que ces pollutions actuelles qui ne sont sans doute pas pire (voire même moindres sur plusieurs points) que celle des autres méthodes de production énergétique.

  5. Ainsi les déchets nucléaires sont potentiellement dangereux des milliers d’années et font donc courir un risque localisé aux potentiels êtres humains qui les découvriront.
    D’un autre côté, l’électricité nucléaire nous permet de produire de l’énergie sans CO2 et de contribuer à sauver les meubles au XXIe siècle. Quand je dis sauver les meubles, il s’agit d’atténuer la survenue d’un carnage, littéralement, et dans un avenir déjà palpable.
    Est-ce donc sensé d’imaginer des scénarios lointains et sophistiqués pour prendre soin d’une poignée d’êtres humains qui pourraient être touchés par les déchets dans 250000 ans. Alors que le scénario de base est la disparition, de mort violente (on pourrait simplement éviter de les mettre au monde, mais la majorité n’est pas d’accord!) de milliards de gens dans un ordre de grandeur d’une centaine d’années.

  6. Et finalement ça rejoint bien ce que je disais hier au sujet du Glyphosate. Il n’y a pas que toutes ces saloperies et ces satanés déchets qui représentent un casse-tête.
    Le super-gros-méga casse-tête … c’est de trouver la solution pour réparer toutes ces petites têtes sensées préparer l’avenir.

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