Le colibri, emblème de l’écologie en marche

« « Faire sa part » : c’est le mot d’ordre du mouvement Colibris, l’organisation créée en 2007 sous l’impulsion de Pierre Rabhi, chantre de l’agroécologie et de la sobriété heureuse. Or le changement climatique tient pour beaucoup au fonctionnement des grandes structures qui forment le socle de l’économie mondiale ; les productions énergétique et alimentaire sont fortement émettrices de gaz à effet de serre, ce qu’une modification des comportements individuels n’est pas en mesure de changer rapidement. Ainsi, « faire sa part » est incontestablement une belle idée, mais c’est aussi une idée dangereuse. Si le colibri se contente de chercher à éteindre seul l’incendie, la fin de la fable ne fait guère de doute : la forêt a brûlé et les animaux sont morts, et le colibri avec eux. Les tenants du marché libre trouvent aussi leur intérêt dans la diffusion de cette vulgate ; les idées des Colibris peuvent aussi être cuisinées à la sauce néolibérale. Puisque les prises de consciences individuelles feront évoluer la demande des consommateurs, les modes de production finiront par devenir eux aussi plus vertueux. De contraintes réglementaires, il n’est nul besoin : la loi du marché se charge de tout…  » (Stéphane Foucart)

Cette analyse ne dit rien de l’effet de masse recherché par l’exemplarité individuelle. La fable du colibri présente un minuscule oiseau qui essaie à lui seul d’éteindre un incendie pendant que les autres animaux fuient. Cela pose le principe de la responsabilité individuelle, « faire sa part » induit normalement que la modification du comportement individuel produise un changement collectif. Ne rien faire à titre individuel, c’est trop facile ; c’est toujours la faute des autres, des multinationales, des politiques, de l’Europe… Dans son livre No impact man, Colin Beavan pose clairement le problème. Les pratiquants de la simplicité volontaire espèrent une « réaction en chaîne » : plus nous serions nombreux à les imiter et à diminuer son empreinte écologique, plus la nécessité de limiter ses besoins se répandrait dans la société, plus les politiques se mettraient au diapason du comportement de leurs électeurs. Les multinationales du système thermo-industriel commencent à penser à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre parce que nous sommes de plus en plus nombreux à le vouloir et à l’exprimer. Nous agissons par mimétisme ou interaction spéculaire, en miroir : tu fais parce que je fais parce que nous faisons tous de même. Un seul individu « fait sa part », là où 7 milliards aujourd’hui sont appelés à faire la leur. Qui aurait parié un kopek sur Gandhi ou Mandela au démarrage de leur action, ou sur un général parlant aux Français à la radio depuis l’Angleterre…

Le mouvement Colibri, tout marginal qu’il soit encore, est plus proche d’une avant-garde éclairée que les armées de réacs ricanants, surconsommateurs décomplexés et autres imbéciles jemefoutistes qui éructent sur les Khmers verts et fantasment sur le retour à la bougie…

11 réflexions sur “Le colibri, emblème de l’écologie en marche”

  1. Didier BARTHES

    Bonjour Marcel,
    Je ne sais si P Rabhi est toujours chrétien, mais peu importe.
    Pour militer dans l’antinatalisme, je sais que les chrétiens ne posent pas de problème.
    Certes, le discours de l’église Catholique est nataliste mais globalement, les pays chrétiens en Europe sont ceux qui font le moins d’enfants (Pologne, Italie, Espagne et …).
    D’autre part, les chrétiens sont une communauté avec qui on peut parler (les évêques, sans être d’accord avec nous, avaient invités Démographie Responsable aux assises chrétiennes de l’écologie il y a quelques années.
    Enfin,on cite souvent l’exemple des familles catholiques nombreuses , mais statistiquement ce n’est plus significatif dans la population française, d’autres communautés sont plus nombreuses et plus fécondes.
    Et d’ailleurs cette religion a des bases bien peu natalistes puisque Dieu n’a eu qu’un fils unique lequel n’a pas eu d’enfant lui même, donc l’exemple vient d’en haut !

  2. Sur le Figaro Macron déclare = «  »Le choix de décroissance n’est pas une réponse au défi climatique »Le président cite «quatre principes qui sont les piliers» du projet de la convention climat. « Vous avez décidé de placer l’écologie au cœur du modèle économique », commence Emmanuel Macron. Mais « vous ne proposez pas de ne plus produire. Et je crois comme vous que ce ne serait pas une réponse au défi qui est le nôtre. Le choix de décroissance n’est pas une réponse au défi climatique. »
    Le chef de l’Etat souligne qu’il est toutefois en « désaccord » avec une « taxe de 4% sur les dividendes ». C’est l’une des trois propositions qui ne seront pas retenues. »
    Voilà tout est dit ! No comment !

    1. J’ai moi aussi entendu tout ça, tout est dit en effet. Mais je pense que Biosphère y reviendra, demain probablement, et alors nous pourrons commenter. Et nous défouler etc. cette fois sur ce pauvre Macron. 🙂

    2. Didier BARTHES

      En réalité la décroissance de production et de nombre d’habitants est même, non pas l’une des voies, mais la seule voie pour répondre, non pas au seul réchauffement climatique, mais à l’ensemble des problèmes environnementaux.
      Tout le reste ne servira à rien, ne fera que repousser à peine les choses et pour l’essentiel transférer les pollutions d’un secteur à l’autre.
      N’en déplaise aux intellectuels en culottes courtes, le quantitatif l’emporte toujours sur le qualitatif
      Il faut l’admettre nous avons été trop loin

      1. Oui nous sommes allés trop loin, et bien sûr maintenant il est trop tard pour éviter le Crash. Raison de plus pour réfléchir à ce que nous pouvons et devons encore sauver.

        1. Didier BARTHES

          En fait, je ne suis même pas sûr que nous aurons le choix et que nous aurons le moindre pouvoir de décider ce qui sera sauvé ou pas, même pour ça, il est trop tard.

  3. «  »De contraintes réglementaires, il n’est nul besoin : la loi du marché se charge de tout… » (Stéphane Foucart) » »

    Mort de rire ! Le moteur du marché n’est pas l’écologie, mais la rentabilité. OR, à court terme, l’écologie n’est pas rentable. Et vu que les marchés ne raisonnent qu’à court terme, alors les marchés ne décideront jamais de mesure écologique, seuls les profits immédiats comptent même si cela dégrade l’environnement.

  4. Selon Stéphane Foucart, d’un côté «faire sa part» est incontestablement une belle idée, de l’autre c’est aussi une idée dangereuse. Comme quoi déjà les choses ne sont pas binaires, ici vertes ou noires. Mais alors est-ce plutôt vert ou plutôt noir, «faire sa part» est-ce mieux que de ne rien faire, ou pas ?
    Foucart dit : « si faire sa part est peut-être nécessaire, c’est très loin d’être suffisant.» Ah oui c’est sûr… avec ça nous voilà bien avancés. Retour donc à la case départ : «une idée dangereuse». Ben voyons.
    Et flinguer les colibris, particulièrement Rhabi comme certains le font, sous prétexte qu’il a dit ceci ou cela, c’est quoi alors ? Et semer la haine, oh pardon faut dire «mépris» (c’est c’là oui)… vomir à longueur de journée sur les uns et les Autres, qui pensent ou qui parlent, qui prient ou qui baisent autrement… c’est quoi ça ? Dangereux ou pas ?

    1. Où voyez – vous de la haine ou du mépris envers Rhabi ?
      Pensez – vous que nier un fait aussi essentiel que la surpopulation et aussi l’ impossibilité de nourrir , loger , instruire, … plus de 7 milliards d’ habitants est anodin et ne devrait pas nous faire douter de la sincérité de cet homme ?
      Il m’ inspire autant confiance que les khmers verts de EELV (Jadot et sa fine équipe) .
      Vous êtes vraiment un superbisounours bien dans la lignée des gauchistes .

      1. Petite correction , il semblerait que Rhabi soit un chrétien pur et dur : son goût pour la natalité s’ explique alors aisément

  5. Pierre Rhabbi ? S’ agit -il de ce négateur de la problématique démographique qui estime que nous ne sommes pas trop nombreux sur terre !
    Il est intervenu sur ce site voilà 1 ou 2 ans suite à un article traitant de la surpopulation en répondant de façon sibylline : « non , nous ne sommes pas trop nombreux ! »
    Quelle brillante argumentation de la part de ce zozo tant admiré par les ecolos de carnaval façon Jadot ou Duflot ! HYPERLOL 😁😎😃
    Encore un grrrrrrrrrrrand humaniste (gauchiotte , je suppose, comme tous les ecolos de de EELV) qui n’ accepterait pas que l’ on touchât à ces frères bipèdes si peu nombreux selon lui !
    Cela dit , les chrétiens non natalistes doivent être une denrée rare

Les commentaires sont fermés.