Le découragement des militants écolos

Un exemple parmi d’autres, Jean-Michel Favrot. Chercheur physico-chimiste, il est membre actif de nombreuses organisations de protection de l’environnement depuis plus de 40 ans. Il a écrit de nombreux livres et contribué au livre collectif « SURPOPULATION… Mythe ou réalité ? » (2023). Voici son témoignage :

« Mon dernier livre (AnthropoEXcentrisme, 2025) ne décolle pas. Mes propres limites en matière rédactionnelle sont peut-être en cause, mais je crains que le mal soit plus profond. La lecture n’est plus un mode privilégié d’information, les sujets que nous traitons heurtent le souhait, par ailleurs légitime, de vivre paisiblement sans trop se poser de questions, les médias et les politiques nous sont hostiles, les rares journalistes sensibilisés sont submergés par les messages à passer tant les attaques viennent de toute part en ce moment. Plus les nouvelles sont terrifiantes (40 000 morts par an par les particules fines, explosion des cancers du pancréas par les insecticides et fongicides, effondrement de glaciers, crues dévastatrices, sécheresses, inondations et cyclones, perte invraisemblable de biodiversité….), plus le virage anti-environnement est violent (ZAN, ZFE supprimée, espèces « dé-protégées », dérogations tout azimut sur les aires protégées…).

Question perte de biodiversité, je vais animer ce dimanche ma dernière sortie ornithologique faute d’oiseaux à montrer et surtout à faire écouter… D’habitude en cas de fin de saison ornithologique, je me rabattais sur les insectes, papillons et libellules, mais là aussi c’est l’hécatombe… 45 ans d’observations continues derrière moi et un sentiment de dégoût face à cet incommensurable gâchis. Que faire pour se faire entendre, voilà la seule question qui m’intéresse dorénavant ? Sûrement je n’ai plus les bons « codes », je n’ai pas le bon réseau malgré toutes les associations que j’ai soutenues matériellement et physiquement … Je suis très déçu par les média « réseaux sociaux ». Des belles photos d’oiseaux ou d’insectes publiées et les réactions sont positives… Dès qu’on passe une info un tant soit peu « engagée « et plus personne ne réagit, quand on ne se fait pas rire au nez !!! La société semble anesthésiée.

J’ai du mal à me résigner face à ces reculs incessants. Pourrait-on réfléchir à comment briser le plafond de verre anti-écolo ? Ai-je loupé quelque chose ? Peut-on se faire aider et par qui ? »

Le point de vue des écologistes bien en peine

Rédacteur en chef de ce blog biosphere, nous faisons absolument le même constat, désespérant. Les médias répètent la vulgate croissanciste ou se noient dans les faits divers du jour. L’ensemble des partis politiques sans exception ne font rien pour engager une rupture civilisationnelle quand ils ne nous traitent pas de Khmers verts. Les citoyens sont tellement noyés par un flux incessant de nouvelles plus ou moins (a)variées qu’ils sont devenus des spectateurs d’un show permanent, Trump, l’A69, le dernier match de tennis, etc. Pour les catastrophes causées par des crises écologiques, on se contente de compter le nombre de morts. Contre l’insécurité médiatisée, on préfère voter Front national.

Il est difficile d’être beaucoup de militants quand l’imaginaire social est imprégné de consumérisme et de nombrilisme. L’habituation aux délires des dirigeants, désolant. Mais des associations plus ou moins informelles font des actions qui vont dans le bon sens (FNE, Soulèvements de la Terre, Terrestres,…). Ce n’est qu’un début, continuons le combat. Notre philosophie est celle de Thoreau :

– « Tout homme qui a raison contre tous les autres constitue déjà une majorité d’une voix. »

– « Peu importe qu’un début soit modeste : ce qui est bien fait au départ est fait pour toujours. »

En savoir plus sur Jean-Michel Favrot

Jean-Michel FAVROT, l’AnthropoEXcentrisme

extraits : Vers une nouvelle relation au vivant , AnthropoEXcentrism ou l’humanisme élargi, un livre de Jean-Michel FAVROT. Dans une filiation assumée avec la plateforme d’Arne Naess sur « l’Écologie Profonde » , voici la plateforme de l’anthropoEXcentrisme….

Maîtrise de la fécondité ou impasse évolutive

extraits : Jean-Michel FAVROT propose dans son livre une nouvelle vision de l’Humanité, de son rôle, de sa place : Démographie, l’impasse évolutive (des clefs pour de nouvelles relations Homme-Nature. Ce livre tranche avec la démagogie et l’autosatisfaction des politiques de tous bords qui considèrent comme tabou la question démographique. Et si tous les maux actuels de la Terre, pauvreté, catastrophes naturelles, réchauffement climatique, raréfaction des matières premières, effondrement de la biodiversité…, avaient une cause originelle commune ? Et si ce dénominateur commun était aussi l’un des seuls leviers sur lequel il est encore possible d’agir pour atténuer les conséquences graves des crises environnementales et humaines qui ne manqueront pas d’émailler le 21ème siècle ?….

15 réflexions sur “Le découragement des militants écolos”

  1. michel c esprit critique

    Blagues à part…. le découragement des militants écolos (titre de cet article) est un sujet sérieux.
    Et d’ailleurs, qu’ils soient écolos ou autre n’y change rien. Tout le monde a entendu parler de cette nouvelle maladie, à la mode… le burn-out. Et voilà donc que les militants aussi sont touchés.
    Je suis désolé si la mode vous déplait… pensez alors à l’air du temps. Je n’y suis pour rien si le burn-out est médiatique… et considéré comme une «pathologie de civilisation» (voir Wikipédia).

    – « Ils les appellent leurs « gros coups de mou », leur « grosse fatigue », leurs « moments de découragement ». Des périodes fugaces ou durables au cours desquelles ils n’ont « plus l’énergie », gagnés par « l’envie de tout lâcher ». Pour nombre de militantes et militants, l’engagement s’avère aussi source d’usure et d’épuisement. Peut-on s’en protéger ? »
    (L’usure de l’engagement – Burn-out militant (Alexia Eychenne 13 Octobrer 2020 -socialter.fr)

    1. merde au burn-out !

      – Le burn-out militant. Réflexions pour ne pas être consumé par le feu militant
      ( mouvements.info 4 avril 2023 )

      – Burn-Out Militant | Comment Trouver l’Équilibre entre Engagement et Santé Mentale ?
      ( lesimpactrices.org 09 Mai 2024 )

  2. Jean-Michel FAVROT

    (Suite commentaire)
    J’espérai que d’autres reprennent la balle au bond, amendent, complètent, critiquent de façon constructive, enrichissent ces idées.
    Je ne me prends ni pour un auteur à la mode, ni pour un homme providentiel. Juste un témoin de 45 ans de dégradations, auxquelles, je vous le concède volontiers, ma génération a largement contribué. Témoin des erreurs, analyste de nos errements, je cherche dans d’autres directions. Apparemment, la remise en cause, y compris personnelle, n’est plus considérée comme une vertu, mais comme une tare.
    L’ « écolo de plateau » ne s’abaissera pas à faire l’inventaire de tout ce qu’il a produit de concret et de conceptuel jusqu’ici pour la préservation de la Nature.
    Cher Michel C. vous me redonnez l’envie de redescendre dans l’arène pour luttez encore quelques années contre les délateurs de l’écologie de terrain !
    Vous me redonnez la gnaque. Merci à vous, donc !
    Vous avez mon mail et mon nom en entier. Au plaisir de votre courage à m’écrire. Au plaisir de vous lire sous votre nom intégral.

    1. Cher Monsieur Favrot, notez que mon petit coup de griffe s’adressait particulièrement (notamment) à ceux que j’appelle les zécolos merdiatiques. Ces habitués des plateaux TV, comme à une époque les deux hélicocologistes que tout le monde connait. Marchands de belles images et de savons. Et tous ces marchands de catastrophes, et/ou de bouquins à vous filer envie de vous construire un bunker, ou alors de vous pendre. Que voulez-vous, les sensations fortes ON en raffole. Or, même dans le milieux écolos (mis à part le fait que tout le monde aujourd’hui est écolo…) qui connait Jean-Michel Favrot ? Ne serait-ce qu’entendu parler ? Pas moi en tous cas, si ce n’est un peu ici sur ce blog. Et Fabrice Nicolino, combien le connaissent ? Et pourtant lui aussi écrit depuis longtemps : Qui a tué l’écologie ? (2011)
      ( à suivre )

      1. michel c du parti d'en rire

        (et fin) Eh oui elle est morte, c’est bien triste mais c’est comme ça.
        Et que pourrait ON rajouter à ça, qui n’ai été déjà dit et redit ?
        Et ce sous un nom ou un autre. Ben oui, là encore, qui connait Jean-Baptiste Botul ?
        Par contre BHL ça oui ON connait. Mais bon ON ne sait jamais, regardez, là encore, les pattes d’éléphants… ils reviennent à la mode. Je parle des pantalons bien sûr.
        Ceci dit si je vous ai redonné la gnague… eh ben tant mieux.

  3. Jean-Michel FAVROT

    Bonjour à tous,
    Désolé de tant de polémiques. Ce qui me navre n’est évidemment pas de ne pas m’enrichir de ma prose. J’ai envoyé une cinquantaine de bouquins à titre gracieux et j’en suis ravi. J’ai toujours refusé de vendre des photos, et je n’ai jamais demandé un centime pour animer des soirées ou des sorties nature (quelques centaines). Pour les prochaines animations sur le Lynx, mon épouse et moi finançons largement…nos interventions ! Bref, je suis à ce point loin de tout mercantilisme, que je considère certains propos comme déshonorant uniquement leur auteur.
    Voyez-vous ce qui me désole est tout-à-fait ailleurs. J’ai le sentiment de faire plusieurs propositions novatrices dans le monde de l’écologie (qui me semble passablement en panne) :
    a) Fonder le droit sur la Libre Evolution
    b) Introduire le concept de Décroissance Homothétique
    c) Introduire l’idée d’un nouveau pouvoir dit « durabilitaire » au côté des trois pouvoirs traditionnels.

  4. Face à l’apathie générale, les associations environnementales et les militants écologistes encaissent depuis le début de l’année des coups et des coups. Investiture du climatosceptique Trump a, détricotage du pacte vert européen, suppression des zones à faibles émissions (ZFE), suppression de l’objectif zéro artificialisation nette ou encore réintroduction d’un pesticide néonicotinoïde… Pourtant les mobilisations sont très faibles et ponctuelles. Une cinquantaine d’activistes d’Extinction Rebellion ont tenté d’organiser une contre-assemblée générale de TotalEnergiesle 23 mai, ils étaient surveillés par une quarantaine de policiers. Trop facile de laisser prospérer un backlash contre l’écologie sous prétexte qu’il y a d’autres priorités. Et les populismes surfent sur les ressentiments qu’ils ont avec l’aides des médias attisés. On passera donc par la case effondrement… (à suivre)

    1. (suite) Sur notre article Michel C, pourtant un commentateur bien au courant de cette situation critique qui épuise les militants, ose de façon qu’il croit humoristique attaquer Jean-Michel Favrot. Il ose douter de ces « marchands de sagesse » dont il présume qu’ils n’appliquent pas les leçons à eux-mêmes. Il ose qualifier le militantisme écolo de « mode » alors que son rituel à lui est de conchier tout ce que les autres écrivent ou font. Ce n’est pas ainsi qu’on fait progresser l’intelligence collective…
      Nous ne doutons pas que Michel C peut améliorer sa prose dans le bons sens, il a déjà montré qu’il en est parfois capable.

  5. Comme personne ne veut de son dernier bouquin, Monsieur Favrot nous fait un coup de blues.
    Allons, il ne faut surtout pas se décourager ! Si ce n’est que ça, si votre truc c’est d’écrire, ce ne sont pas les genres littéraires qui manquent. Le roman, la BD… il suffit d’essayer.
    Mais qu’est-ce qu’il croyait, ce brave vieux militant fatigué, qu’il allait changer le monde avec sa plume ? Ou ne serait-ce que les mentalités, gavées depuis maintenant des années et des ânées du discours catastrophiste des zécolos. Notamment tous ces merdiatiques, écolos de plateaux, marchands de bouquins et d’images, vues du ciel ou d’ailleurs, tous ces marchands de leçons, de sagesse, de sobriété etc. dont ON a vu comment ils se les appliquaient à eux-mêmes.
    (à suivre)

    1. ah Monsieur Michel C, comme c’est confortable de critiquer bien à l’abri derrière son clavier ceux qui essaient de faire quelque chose quand on est soi-même bien calé dans ses charentaises, comme c’est confortable de se moquer de ceux qui ont consacré leur vie pour faire avancer les choses et qui se désespèrent de la destruction systématique de la planète à laquelle on assiste et… oui on peut faire avancer les choses avec une plume ne vous en déplaise. Des poèmes, des textes ont changé la vie de millions de gens. Que savez-vous au juste de ceux que vous appelez les écolos de plateaux ? les marchands de bouquins, les avez-vous lus seulement ? Personnellement je préfère un désespéré qui a tenté quelque chose, qui a consacré sa vie à la défense du Vivant, qu’un râleur patenté, donneur de leçons qui n’a a priori pas fait grand chose.

    2. (suite et fin) Eh oui ces gens-là auront bien participé à faire de l’écologie un produit de consommation comme un autre. Seulement tout ça ne dure qu’un temps, il n’y a même pas lieu de s’en désoler, la mode c’est comme ça. Et puis quand il y en a trop il y en a trop, et nous en sommes là. Regardez ce que la musique est devenue, ou même la littérature, voire l’art en général, de la merde quoi.
      Eh oui mon cher Cocow, c’est vrai que c’est facile, ou con fortable si vous préférez. Et vous, que savez de ce que j’ai fait, et de ce que je fais ? Sans pour autant avoir besoin de le faire savoir. Ou de le partager si vous préférez, c’est comme à qu’ON dit aujourd’hui, vu que faire le con c’est pas trop fatiguant. Des bouquins d’écolos marchands de bouquins, bien sûr que j’en ai lu ! Maintenant ce ne sont pas ceux-là que je conseille à celles et ceux qui ont envie de comprendre le monde.

      1. MC, en fin connaisseur, vous vous autorisez à critiquer un auteur que vous n’avez pas lu.
        On ne peut que vous faire confiance dans vos conseils de lecture pour comprendre le monde !
        Comprendre le monde c’est s’informer se faire sa propre opinion. Certains n’ont pas envie une fois leur opinion faite de participer au débat ouvertement, c’est leur choix, ça ne les autorise pas à critiquer ceux qui le font. Certains auteurs sont extrêmement sincères, sérieux. Ils critiquent de façon constructive et positive les auteurs quand ils les ont lus, ils proposent des idées novatrices pour essayer de faire avancer les choses. Merci à eux dont JM Favrot qui essaient de nous amener à la réflexion, au recul, à la vision de nos modes de vie délétères avec une autre paire de lunettes.
        Quant à l’écologie, au sens du maintien et de la survie des espèces qu’elles soient humaines ou pas, ce n’est pas une mode c’est une nécessité absolue.
        Avec un commentaire comme le vôtre, M C, je me dis que décidément nous appartenons de plus en plus à l’espèce Homo-pas-sapiens .

    1. Bonjour BK86
      Prendre les armes n’a jamais réussi qu’à entraîner plus de violence en retour et, au niveau des pays dit civilisé, un enrégimentement croissant de l’appareil étatique. Nous sommes évidement dans la phase de la résistance des conservatismes face à la nécessaire rupture écologique.
      Il faut compter sur une conscientisation par le mode de vie plus sobre, les associations environnementales et l’écologisation des partis. Cette évolution culturelle mettra beaucoup de temps pour se généraliser, mais regardez l’Église catholique. Un seul individu au départ, et 1,4 milliards de baptisés aujourd’hui. Sachant que la réussite d’une nouvelle conception du monde n’est pas exempte de dérives de tous ordres. Ainsi va les Humains.

    2. Hors-mis que, comme l’explique Biosphère les armes c’est pas beau, l’idée de BK86 peut se défendre. Dans certaines situations il faut savoir mettre le pacifisme en sourdine. Et de ça aussi
      je pense que nous en avons fait plus d’une fois le tour sur ce blog. Seulement le problème c’est le nombre. Bien que nous soyons plus de 8 milliards… et qu’ «en face» ils ne pèsent pas lourd, même avec leurs chiens de garde… combien finalement sont-ils prêt à se battre, pour de vrai ?
      Alors en attendant… que l’Écologie, la vraie, compte 1,4 milliard de pratiquants (les baptisés c’est juste pour rire)… mieux vaut rester sage.

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