Le féminisme qu’il nous faudrait penser

Mona Ozouf nous parle très bien des limites du mouvement metoo,

mais croit encore à une différence fondamentale entre l’homme et la femme.

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Mona Ozouf : Je m’estime extrêmement féministe, et je suis toujours heureuse d’une conquête de droits et de libertés. Mais je m’inquiète du climat de méfiance qui s’installe entre hommes et femmes et d’une culture du soupçon. Il m’est insupportable qu’on imagine dans tout homme un violeur potentiel. Le mouvement #metoo a agi comme un immense révélateur, et c’est très bien. Mais il nous a entraînés sur des chemins où le droit n’a plus sa place, et où l’injonction à croire d’emblée toutes les femmes bafoue le principe même de la justice. Il y a beaucoup d’outrances, me semble-t-il. Tout discours paisible sur les hommes devient inaudible ou suspect. Or je trouve désolant qu’on accentue ainsi la séparation des sexes, et qu’on perde beaucoup de ce qui fait la saveur et l’intérêt de l’existence.

Biosphere : Bravo Mona. On peut même dire qu’un féminisme exacerbé rend beaucoup plus difficile les relations entre les sexes. La liberté de dire non à une proposition sexuelle ne va pas sans la liberté d’importuner. Et la société sera bien meilleure le jour où les femmes se sentiront parfaitement autorisées à exprimer leur désir. Quand les manœuvres de séduction seront réellement partagées, alors les femmes ne seront plus des proies et ne se percevront plus comme telles. La liberté sexuelle est un bon moyen de faire baisser les tenions sociales. Les bonobos ne s’embarrassent pas de lois contraignantes, mâles et femelles aiment faire l’amour, point final. Chez les humains, il nous a fallu inventer la prostitution, le plus vieux métier du monde dit-on !

Lire, nature et sexualités : le débat sur le genre humain

Mona Ozouf : J’estime qu’il y a une nature féminine , je le pense. Le mot « nature » a beaucoup été vilipendé, et pour de bonnes raisons, car il a servi à asservir les femmes, à les claquemurer près des berceaux et des fourneaux. Cela dit, je crois qu’il n’est pas indifférent de naître fille ou garçon et qu’il existe une « disposition féminine ». Les filles prennent plus vite conscience du temps, de la limite, de la nécessité que les garçons. C’est lié bien sûr à la perspective de l’enfant, désiré ou redouté, mais présent au moins dans l’imaginaire, avec l’idée de contrainte, de responsabilité, de perte de liberté. Le compte des jours fait partie de la vie biologique des femmes et cadence le temps d’une façon que les hommes ignorent. Les femmes s’inscrivent dans la durée. Qui tient le greffe des anniversaires dans la famille ? Qui fabrique les albums de photos ? Qui va voir les vieux parents dans les maisons de retraite ? Qui a ces préoccupations ? Elles ne sont pas dans l’immédiateté, comme les hommes, plus irresponsables. Elles sont dans la conscience du temps. Avec une préoccupation de la solidité du lien.

Biosphere : Autant de subtilité dans l’analyse du mouvement metoo pour en arriver à mépriser autant la moitié de l’humanité, des hommes irresponsables. Elle loue de prétendues vertus effémines alors qu’il ne s’agit que de poncifs culturels. Comme l’exprimait Simone de Beauvoir, « on ne naît pas femme, on le devient ». Essentialiser à ce point les défauts des hommes et les qualités des femmes finit par faire douter de cette historienne, il est vrai âgée de 90 ans et peu au fait de la sociologie. Le féminisme bien pensé ne peut être qu’universaliste, pas différentialiste.

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11 réflexions sur “Le féminisme qu’il nous faudrait penser”

  1. « 23 penseuses pour 2023 ». L’équipe de Philosophie Magazine a décidé de ne retenir que des contributions féminines pour son panorama des grands textes ou entretiens parus en 2022. .Mais il y a aussi « un pari intellectuel, celui de “prendre au mot” un certain courant du féminisme contemporain qui défend l’idée qu’il y aurait une manière de voir et de penser le monde qui distingue les femmes des hommes ».

    L’article du MONDE (17.02.2023) qui relate cette publication ne dit pas un mot sur ce qui pourrait caractériser une discours féminine par rapport à un discours masculin… sauf à verser dans les stéréotypes !

  2. Je suis d’accord avec Mona Ozouf. Déjà sur son analyse du mouvement #metoo , qui lui non plus ne sait plus où sont les limites, et la juste mesure. Comme ces féministes (?) déboussolées qui voient le Mal dans tous les mâles, et pour qui le barbecue est désormais un «symbole de virilité». Là encore du grand n’importe quoi !

    – « J’estime qu’il y a une nature féminine [etc.] » (Mona Ozouf)
    Je partage également ce point de vue. Biosphère aime bien citer Simone de Beauvoir, et son célèbre «on ne naît pas femme, on le devient». Je doute que cette grande dame ait pu un jour douter de sa propre biologie, et en soit arrivé à ne plus savoir où elle habitait. Là encore ne lui faisons pas dire ce qu’elle n’a pas dit, n’en rajoutons pas à la Grande Confusion.
    Certes la féminité ne relève pas exclusivement de la biologie. Simone de Beauvoir a très bien expliqué la différence entre être une femme et être féminine.

    1. Mona Ozouf est non seulement historienne, elle est aussi philosophe. Comme Simone de Beauvoir. Et si elle est «peu au fait de la sociologie», comme le prétend Biosphère, elle a quand même été membre du centre d’études sociologiques et politiques Raymond Aron à l’EHESS, et directrice de recherche au CNRS.

      – « Nous vivons dans un monde de la défiance contrairement à l’Ancien Régime. » *
      En parlant des Gilets jaunes et de notre démocratie. Selon Mona Ozouf notre démocratie est en crise. Qui osera dire le contraire ? En crise également, l’imagination : « Oui, car l’imagination n’est pas à l’aise dans un monde peuplé d’images.» ( à suivre )

      * Mona Ozouf : « Le mouvement des Gilets jaunes n’est pas une révolution »
      (Publié le vendredi 29 mars 2019 à 10h24 – radiofrance.fr )

    2. Notre époque est incontestablement marquée par la défiance. Défiance envers ceci, envers cela, envers n’importe quoi. Comme ici les hommes. Quand ce n’est pas les femmes. (Toutes des bécasses du point de vue d’un pauvre vieux garçon. Misère !)
      Dans ce monde peuplé d’images (sic) les gens sont noyés (gavés) d’infos et d’infox, de connaissances et de mensonges. (N’en rajoutez plus, j’étouffe !)
      Résultat ils ne croient plus en rien (nihilisme). Plus exactement, ce qui revient au même, ils croient en n’importe quoi. En ce qui les arrange, bien évidemment.
      Bien sûr, pareil pour la confiance. Et idem pour l’imagination (l’imaginaire), qui reste prisonnière de ce misérable champ des possibles. (Dans lequel l’impossible est possible et le possible impossible. La vérité le mensonge etc. )
      Logique, c’est le serpent qui se mord la queue. Or, déjà, sans confiance tout s’écroule. Et sans décolonisation des imaginaires c’est pareil.

      1. « – « Les femmes obtiennent toujours de meilleurs résultats que les hommes pour ce qui est de l’agréabilité et de ses mesures connexes, à savoir la compassion, la politesse, la confiance, l’altruisme ou encore la modestie [etc.]  »
        –> Peut-être vrai pour les femmes de ta génération et de ton époque, mais pour les générations suivantes, tu n’es plus dans le coup !

      2. – « Les femmes, en moyenne, sont meilleures que les hommes pour se mettre à la place des autres et imaginer ce que l’autre personne pense ou ressent, suggère une nouvelle étude portant sur plus de 300 000 personnes dans 57 pays. […] L’étude, publiée dans le Actes de l’Académie nationale des sciences (PNAS) est la plus grande étude de théorie de l’esprit à ce jour.[…] Cette étude démontre clairement une différence de sexe largement cohérente entre les pays, les langues et les âges. Cela soulève de nouvelles questions pour l’avenir. recherche sur les facteurs sociaux et biologiques qui peuvent contribuer à la différence sexuelle moyenne observée dans l’empathie cognitive.»

        ( Selon une étude, les femmes obtiennent de meilleurs résultats que les hommes au test largement utilisé de « lire dans les yeux » – 27/12/2022 – ma-clinique.fr)

      3. Je sais, je sais, les fumeuses règles et blablabla.. .Rien à foot du moment que le boss lise ce que j’ai à lui dire… le « féminisme bien pensé » ne peut pas ignorer les résultats de certaines études… Et pour tout c’est pareil.

  3. Ne pas mélanger Féministe et Féminine. De moins en moins de femmes restent féminines tout en se revendiquant féministes. Or aujourd’hui les féministes sont encroutées dans une profonde contradiction, elles dénigrent les hommes en tout point de vue mais en parallèle elles singent les hommes dans leur comportement, leur tenue vestimentaire, leur attitude, leur métiers (tout en étant moins efficaces) ! Elles veulent devenir ce qu’elles détestent et dénigrent tout le long de l’année H24 ! Déjà on en reconnait au premier coup d’œil autour de vous dans la rue, la plupart d’entre elles s’habillent comme des sacs à patates bien rembourrés par Burger King et les packs de bière ! Jadis on associait la coquetterie, la grâce, la politesse et l’élégance à la féminité, mais aujourd’hui c’est l’inverse, ce sont de plus en plus d’hommes qui se soucient de leur élégance vestimentaire et coiffure ainsi que de leur délicatesse.

    1. Alors ne pas s’étonner à ce qu’il y ait de plus en plus de gays parmi les hommes, puisqu’ils sont charmés par l’aspect visuel d’une personne autrement dit la beauté… beauté et élégance qu’ils retrouvent de moins en moins chez les femmes… qui s’habillent d’un jean ou survêt, cheveux court ou mi-long décolorés en blond crasse (on a l’impression que leurs cheveux sont passés à la javel, puisque la teinture n’est pas entretenue régulièrement qu’on voit la couleur naturelle à la racine, ou le reste de cheveux est un mélange de la coloration et de la couleur naturelle). Puis surtout, elles se mettent à parler comme des pitbulls. Bon puis au niveau professionnel, elles veulent imposer des quotas dans tous les métiers d’hommes, car soit disant elles seraient plus compétentes que ces derniers; pourtant elles ne se bousculent pas pour devenir ouvrières du Btp, camionneuses, plombières, paysannes, forgeronnes, ou éboueuses…

    2. Bref, n’ayons pas peur des mots pour décrire la réalité, mais la vérité étant ce que vous appelez Féministes ne sont rien d’autres que des rognes-minous et autres goudous mal léchées qui pilotent tous ces organisations dites féministes ! Prédatrices sexuelles qui ne cessent d’alimenter les conflits hommes-femmes afin d’amener le maximum de femmes dans leur giron.
      Or tout est basé sur l’équilibre, y compris dans les rapports hommes-femmes, autrement dit plutôt rechercher une complémentarité en gardant ses caractéristiques singulières aux hommes et aux femmes, plutôt que de vouloir singer les caractéristiques naturelles de l’autre sexe ! Soyons réalistes, combien de ces mal léchées parviendraient à devenir architectes et ouvrières du Btp ? Ou légionnaires ? Alors mettons fin à l’amalgame Féministes et Féminines car ça ne va pas de pair ! Les féminines n’ont rien à voir aux féministes !

      1. “Féministe“ c’est comme “écologiste“… pour moi ça ne veut plus rien dire.
        Alors “écoféministe“ je te dis pas. Occupe toi plutôt de bien faire la différence entre femme et féminité. Et laisse tomber tes préjugés sur les femmes. Les bécasses, comme tu les appelles. Trouve t’en une, bien gentille, bien patiente, pour bien t’expliquer tout ça.

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