Le jeu d’échecs est un jeu utile et très écolo

L’écologie n’attache aucune importance à un championnat d’échecs, même s’il est mondial. Que le Norvégien Magnus Carlsen conserve son titre de champion du monde au tie-break le mercredi 30 novembre contre le Russe d’origine ukrainienne Sergueï Kariakine n’est qu’un épiphénomène. Sans erreur de part ou d’autre la partie se termine par la nulle, l’égalité. C’est très souvent le cas dans les parties de haut niveau ; entre Carlsen et Kariakine, dix nulles sur douze parties. Les échecs sont plutôt l’art d’éviter les bêtises, nul besoin de privilégier l’esprit de compétition. Joueur d’échecs moi-même, si j’essaye de progresser ce n’est pas au détriment d’un « adversaire » mais seulement de moi-même. J’ai toujours des partenaires quand je joue, jamais des ennemis. Mais l’état d’esprit dans n’importe laquelle de nos activité, ludiques ou non, est le résultat d’une socialisation d’un certain type. Aujourd’hui, on est formaté pour le système de la compétition économique dans tous les pores de notre peau. C’est le système libéral centré sur la concurrence qui nous fait ressentir le jeu d’échecs comme une partie au cours de laquelle on devrait tuer son rival. Ce n’est pas là l’âme du jeu d’échecs.

Le jeu d’échecs est une rencontre éminemment utile. C’est pédagogiquement parlant un excellent outil : apprentissage de l’observation, mémorisation des positions, intériorisation cérébrale d’une situation, préparation à la prévision, maîtrise du temps (jeu à la pendule) et de l’espace, pratique du silence et de la concentration, etc. Le jeu d’échecs élimine complètement l’existence du hasard, le gain ou la perte découle toujours d’une décision humaine, nous sommes les seuls responsables de l’issue de la partie. Le jeu d’échecs est aussi foncièrement égalitaire, même si les Blancs ont l’avantage du trait. Avec les Noirs, il suffit de suivre les pas des Blancs pour danser harmonieusement avec son partenaire et on arrive à la nulle. Parcourir mentalement l’échiquier, c’est surtout accompagner une méditation sur 64 cases.

Le jeu d’échecs se joue à deux, mais n’importe quel spectateur peut rentrer dans la partie en observant la position. Quel coup jouer ? Qu’est-ce que j’aurai fait à la place du joueur ? Que va-t-il se passer ? C’est pour cela que médiatiquement ce sport devrait être roi, mais on préfère les jeux de balle sur nos écrans télé. Le jeu d’échecs est même un avantage du point de vue écologique. Il prend peu d’espace pour y jouer, on peut réunir des centaines de joueurs sur l’équivalent d’un terrain de foot. Il utilise peu de ressources naturelles, les pièces nécessitent très peu de bois et peuvent durer plus qu’une vie. Aucun déchet non recyclable pour une occupation qui peut nous motiver pendant des heures et des journées…

3 réflexions sur “Le jeu d’échecs est un jeu utile et très écolo”

  1. Bonjour
    En effet, que dire d’autre sinon Oui à tout cela ? (et vos 2 commentaires inclus)
    Moi aussi je vois une certaine noblesse à ce jeu. Merci Monsieur Barthès de me l’avoir fait remarquer.
    Il y a toutefois bien d’autres jeux, certes exigeant moins d’intelligence… mais aussi distrayants et écolos. Je pense aux jeux de cartes (sans mises d’argent évidemment), aux dames, aux boules … et même aux jeux de baballe, lorsqu’il ne s’agit que de s’amuser gentiment.

  2. Bonjour monsieur Barthès.

    On peut aussi aimer pratiquer les échecs et le foot.

    Plutôt que « Ah si l’on pouvait apprendre aux enfants à jouer aux échecs plutôt qu’à taper dans un ballon de foot », la phrase « Ah si l’on apprenait aux enfants à jouer aux échecs plutôt qu’à se taper dessus mutuellement et qu’à vénérer cette course à la maximisation et à la croissance des profits des milliardaire par laquelle le productivisme pollueur est requis, quelle meilleure mentalité nous développerions auprès des jeunes! » aurait été plus appropriée.

    Concernant les vertus des échecs, je suis 100% d’accord avec vous.

  3. Que dire d’autre sinon Oui à tout cela ?
    Pour moi le jeu d’échecs à cause de toutes ces vertus, à cause de la modestie des moyens mis en jeu et à cause de l’intelligence qu’il sollicite a toujours représenté une forme de noblesse.
    Ah si l’on pouvait apprendre aux enfants à jouer aux échecs plutôt qu’à taper dans un ballon de foot, quelles économies d’argent et d’espace ferions nous et quelle meilleure mentalité développerions-nous auprès des jeunes !

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