le juste prix du pétrole

Aucun expert ne sait déterminer le juste prix du baril. L’explication par le coût à la production n’est que partielle. Les déterminants physiques de l’offre à un moment donné se confrontent en effet à une demande. Quand le tsunami financier de 2008 a entraîné une contraction économique et réduit la demande, le prix du baril a baissé. Par contre, la demande des pays émergents pousse toujours à la hausse. Comme le marché pétrolier est hautement volatil, il n’y a aucune explication logique qui soit déterminante. En août 2005, le baril avait atteint 71 dollars à New York à cause du  cyclone Katrina, demain le simple vol d’un papillon pourra déclencher un affolement du marché pétrolier qui n’a jamais vu plus loin que le petit bout de son nez.

Remarquons en effet que le prix du marché (le jeu de l’offre et de la demande) n’est qu’un indicateur de court terme qui n’indique rien sur l’avenir d’une ressource fossile qui n’existera plus dans quarante années environ vu la consommation actuelle. Or nous sommes en train de franchir le pic pétrolier, le moment où les quantités de pétrole produites baissent inexorablement étant donné l’épuisement des ressources. L’institution financière Ixis CIB notait en 2005, que si le prix du pétrole avait augmenté depuis 1974 au rythme optimal d’une ressource épuisable, il vaudrait déjà 122 dollars en 2005 (alors qu’il ne cotait que 66,6 dollars au 22 septembre). Le même organisme évoquait la possibilité d’un cours du baril à 360 dollars en 2015.

En fait le baril n’est pas payé à qui l’a fabriqué. Le pétrole est un cadeau unique de la géologie, qui nous a permis d’utiliser l’énergie accumulée par des millions d’années d’insolation. Pour obtenir un litre d’essence, il aura fallu que 23 tonnes de matières organiques soient transformées sur une période d’au moins un million d’années. Mais les humains utilisent gratuitement les services que leur rendent la Nature, et la Nature subit des préjudices (par exemple le réchauffement climatique) sans demander réparation ni physique ni monétaire. Comme il faut des millions d’années pour « produire » du pétrole, à combien la Nature nous offrirait-elle le litre de super  si elle était une marchande capitaliste ? Le pétrole n’a pas de juste prix. Lorsque nous aurons achevé de le brûler, il aura disparu à jamais ; des millions d’années de travail géologique gaspillées. En 1892 Mendeleïev, l’inventeur de la classification périodique des éléments, écrivait d’ailleurs au tsar : « Le pétrole est trop précieux pour être brûlé. Il faut l’utiliser comme matière première de la synthèse chimique ». C’était un avis éclairé que la société thermo-industrielle n’a pas écouté. Les générations futures devront d’abord compter sur leur force physique !

4 réflexions sur “le juste prix du pétrole”

  1. Le baril de brent cotait 146,10 dollars en juillet 2010, 36,18 en décembre 2008 et 93,79 en décembre 2010. Alors, quel est le juste prix du pétrole ? Le cartel de l’OPEP, réuni à Quito à la mi-décembre 2010 hésite. Pour l’Iran, le Venezuela et la Libye, 100 dollars est un prix qui permettrait de compenser la baisse du dollar. L’Arabie Saoudite défendait un baril à 70-80 dollars. Du côté de l’offre, la demande était de 85,2 millions de barils par jour en 2009, provenant à presque 40 % de l’OPEP. L’AIE, défenseur des intérêts des vieux pays industriels, fait pression pour que les producteurs desserrent les vannes pour satisfaire une demande de pétrole pouvant atteindre 88,8 millions de barils par jour en 2011 (LeMonde du 29 décembre 2010).

    On dirait vraiment que personne n’a conscience que nous avons déjà dépassé le pic pétrolier !

  2. Pour le prix d’une voiture j’ai fait isoler intégralement mon domicile dont j ‘avais choisi l’ emplacement pour pouvoir me passer de bagnole.

  3. Les « spécialistes » qui disent la même chose :
    1. Le juste prix du baril de pétrole pour les producteurs et les consommateurs se situe autour de 80 dollars le baril, a estimé vendredi Didier Houssin, directeur des marchés du pétrole à l’Agence internationale de l’énergie (AIE), lors d’une conférence à Paris. (L’Expansion.com, 19.09.2008)

    2. « Nous continuons à croire que le juste prix (du pétrole) est de 75 dollars, voire 80 dollars le baril, particulièrement en ce moment », a déclaré au quotidien koweïtien Assiyassa le souverain saoudien. Fin avril, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) avait indiqué qu’elle souhaitait un prix du baril supérieur à 70 dollars. (dubaifranceinternational.fr/, 26.05.2009)

    3. question à Hugo Chavez : Le Venezuela dispose de réserves de pétrole et de gaz considérables. Vous êtes un acteur important de l’Opep. Quel est, pour vous, le juste prix du baril du pétrole ?
    – Le président vénézuélien : Aujourd’hui, le pétrole à 60 dollars et quelque s’approche d’un prix équitable. Il me semble, pour utiliser une fourchette, qu’un minimum de 80 dollars et un maximum de 100 constituerait un juste prix. (LE FIGARO.fr, 9/9/2009)

    4. Le Premier ministre du Qatar, Cheikh al-Thani : À mon sens, le prix raisonnable du baril se situe aujourd’hui entre 75 et 85 dollars. Il y a dix ans, quand le baril était à 7 dollars, les pays occidentaux nous disaient : c’est la loi du marché. Mais quand le baril a dépassé les 140 dollars, les mêmes ne voulaient plus entendre parler du marché. Si, depuis le grand choc pétrolier de 1973, le prix du pétrole avait augmenté régulièrement en suivant l’inflation (2 % par an), le baril serait à 125 ou 130 dollars et l’opinion publique comme les marchés n’y trouveraient rien à dire. D’ailleurs, une voiture qui coûtait 10 000 dollars en 1973 vaut aujourd’hui 150 000 dollars. En fait, nous souhaitons toujours le juste équilibre. (Le Figaro.fr, 19.03.2010)

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