Le long-termisme écologique contre la myopie

Écologie ou économie ? Cela ne devrait pas être un problème. Une économie qui fonctionne seulement dans le court terme va dans le mur, les contraintes écologiques sont les plus fortes pour le long terme. Si la France et l’UE se préparent à faire des efforts pour être « vertueux » en terme environnemental, cela donne d’ailleurs un avantage par rapport à tous les pays qui produisent au jour le jour n’importe quoi et n’importe comment au détriment de leur travailleurs et de la biosphère. Puisque les frontières vont se fermer à leurs produits, ces pays perdront non seulement l’avantage concurrentiel mais devront faire aussi à la pollution de leur environnement et à la révolte de leurs travailleurs.

Pourtant le président de la république français va à l’encontre de ces évidences, et les réactions des commentateurs sur lemonde.fr montrent l’antagonisme profond qui existe entre ceux qui comprennent l’urgence écologique et ceux qui en restent au monde business as usual du court-termisme.

Article du MONDE : Peut-on tout à la fois réindustrialiser le pays, défendre ses emplois et avoir une réglementation exemplaire en matière climatique ? Le tout alors que l’inflation incite les consommateurs à acheter toujours moins cher ? A l’occasion de la présentation de son plan pour « verdir » l’industrie, le 11 mai 2023, Emmanuel Macron a appelé à une « pause » dans la réglementation européenne, afin de préserver les acteurs locaux soumis à la concurrence des pays moins-disants du point de vue environnemental, comme la Chine. Les propos d’Emmanuel Macron ont immédiatement semé le trouble à Bruxelles, jusque dans son propre camp, qui n’avait pas anticipé une telle sortie. C’est vrai que le réchauffement climatique est réglé, c’est vraiment le moment de faire une pause… », ironise l’« insoumise » Manon Aubry. « Nous défendons depuis plusieurs mois l’idée d’un moratoire législatif. On va presque demander un droit de copyright à Emmanuel Macron », réagit de son côté François-Xavier Bellamy, eurodéputé Les Républicains (LR/PPE)

Le point de vue du long-termisme écolo contre les myopes du business as usual

Pelta : Nous avons une économie mondialisée. Nous pouvons le regretter, mais c’est ainsi. Soit nous menons des mesures drastiques de protectionnisme écologique soit nous nous alignons à ce que font nos principaux concurrents. Il ne suffit pas de dire qu’un produit soit vert pour le faire acheter par une population qui a soif de son pouvoir d’achat. L’idéalisme est du coté des écolos. Le réalisme du coté de Macron.

BL2 @ Pelta : L’idéalisme, c’est de se contenter de « regretter d’avoir une économie mondialisée  » et de croire qu’il suffit de « s’aligner sur nos principaux concurrents » pour éviter une catastrophe écologique. Chacun finira par s’aligner sur le moins disant. Le réalisme, c’est de dénoncer le libéralisme économique effréné, de dire qu’il faut de fortes réglementations écologiques, de les mettre en place chez nous le plus possible, et de faire pression sur les autres pour accélérer le sauvetage. Ce n’est pas suicidaire, moins que d’attendre les autres.

Grabotte : Macron a raison. On ne peut pas être écolo sans être riche. On ne peut pas être riche sans produire. On a déjà des standards écolo très hauts sur tout ce qui est polluants et pesticides. Vous êtes allés voir sur le CITEPA les incroyables progrès faits depuis 20 ans. Il reste à consommer moins d’espace et favoriser les continuité : cela peut se faire par le ZAN ou équivalent, sans en rajouter sur les législations anti-polluant.

JeffH93 : Cela révèle surtout combien la plupart de nos hommes politiques sont incapables de prendre la mesure de ce qu’il se passe actuellement sur notre planète et des urgences auxquelles ils font face. La politique environnementale de Macron est une longue suite de grandes déclarations dans les réunions internationales puis de renoncements, voir de reniements, dans les mois ou les années qui suivent. Avec la dernière en date, on touche vraiment le fond, c’est désespérant !!!

Concurrence : EM a raison, il est dangereux pour l’avenir des emplois en Europe que le réglementation environnementale progresse plus vite que dans la reste des pays beaucoup plus pollueuse l’Europe. Ça devrait être facile à comprendre, sauf quand la haine antiEM est trop forte et aveugle tout raisonnement !

Athanase Percevalve : EM est un génie. Il parait qu’il a réussi a persuader la nature de faire une pause dans l’extinction des espèces et le climat de faire une pause dans le réchauffement climatique. Un génie.

Le beau nez d Anne : Un maçon sérieux sait qu’il faut attendre que le radier en béton ait fini de sécher avant de monter les murs sinon au premier mouvement de terrain c’ est fissures et lézardes en série rendant l’ensemble impropre à son usage. Mais c’est là une rigueur méthodologique que les écolos ne possèdent pas, ils veulent tout faire en même temps, ne sont même pas capables de hiérarchiser les priorités tant les chapelles de l’écologie sont disparates et incapables de se rassembler ; ce qui fait que l’on trouvera toujours un écolo pour dire que ce qui est fait n’est pas bien.

Cerise53 : Ha ! Parce qu’on avait commencé les fondations d’une société durable pour ne pas coloniser l’avenir des générations futures ? Ça m’avait échappé …

vincentB : Macron n’est pas naïf. Si la Chine et les États-Unis continuent à produire très sale, l’UE devra s’aligner ou mourir. Car entre une voiture à 50 € fabriquée par des esclaves avec un épouvantable bilan carbone et une voiture à 100 € toute verte et made in France, on sait qui gagnera. Les chinois et les américains n’auront aucun scrupule à détruire l’industrie automobile européenne s’il leur suffit pour cela d’être un peu moins propre qu’elle. Le fond du problème, c’est que les bénéfices des efforts des uns sont partagés entre tout le monde. Sans alignement des pratiques, les plus vertueux seront sacrifiés.

Lemmy : J’adore, Vincent, ton raisonnement d’un vieux monde qui meure. En ‘e généralisant, c’est le monde entier qui perd, tu pourras pleurer sur les cendres de ta société de consommation perdue. On consomme comme si on avait trois planètes à notre disposition, à la fin c’est l’humanité qui perd.

Vertu : Polémique stérile. Une pause n’implique pas une remise en cause de l’acquis existant mais de ne pas alourdir la réglementation. Ça se discute et ne mérite pas de tomber dans la critique excessive et outrancière.

StephaneBL : Macron n’est pas la maladie, il est le symptôme d’une société malade, qui vit dans le déni systématique, des lors que les mots « conforts », « pouvoir d’achat » ou emploi sont prononcés… on a beau jeu de lui jeter la pierre, quand nous vivons tous, avec bonne conscience, dans une société productiviste, et consumériste à l’excès…

Pour en savoir plus sur le long-termisme

Le long-termisme est une position éthique qui donne la priorité à l’amélioration de l’avenir à long terme. Le terme « long-termisme » a été inventé vers 2017 par les philosophes d’Oxford William MacAskill et Toby Ord. Bien que son expression soit relativement récente, certains aspects du long terme sont envisagés depuis des siècles. La constitution orale de la Confédération iroquoise, le Gayanashagowa, encourage toutes les prises de décision à « avoir toujours en vue non seulement le présent mais aussi les générations à venir »

Lorsque les Iroquois se réunissent en conseil pour examiner des décisions majeures, leur pratique est de se demander : « Comment cela affectera-t-il la septième génération ? » Chaque génération devrait s’engager à préserver les fondations de la vie et du bien-être pour les générations futures.

Chaque être humain a le devoir sacré de protéger le bien-être de notre Mère Terre d’où provient toute vie (chef Iroquois devant l’Assemblée générale des Nations Unies en 1985)

Il est de la responsabilité de ceux qui vivent aujourd’hui de s’assurer que les générations futures puissent survivre et s’épanouir. Le philosophe Fin Moorhouse résume les trois arguments clé du long-termisme comme suit : 1. « la vie des gens importe quel que soit le moment où elle se situe dans le futur » ; 2. il se pourrait bien qu’il y ait plus de gens en vie dans le futur qu’il n’y en a aujourd’hui ou qu’il y en a eu dans le passé ; et 3. « nous pouvons agir pour affecter de façon significative et prévisible l’avenir à long terme ». Notre propre génération n’est qu’une page d’une histoire beaucoup plus longue, et notre rôle le plus important est la façon dont nous façonnons – ou ne façonnons pas – cette histoire.

Le long-termisme est souvent discuté en relation avec les intérêts des générations futures d’humains. Cependant, certains partisans du long-termisme accordent également une grande valeur morale aux intérêts des êtres non humains.

Lectures complémentaires

Le long-termisme, la nouvelle philosophie qui voit (trop) loin

Le long-termisme, un concept dangereux ?

4 réflexions sur “Le long-termisme écologique contre la myopie”

  1. – « Le terme « long-termisme » a été inventé vers 2017 par les philosophes d’Oxford William MacAskill et Toby Ord. »

    Ce qui rejoint ce que je disais hier, au sujet des philosophes qu’ON mérite.
    Que nous apporte cette innovation, à la con, si ce n’est toujours plus de confusion ?
    N’avons-nous pas suffisamment de mots comme ça, pour nous comprendre, non ?
    Du coup voilà que je soupçonne mon grand-père, qui à 75 ans plantait encore des arbres, d’être de la même trempe qu’Elon Musk et tous ces illuminés. Ou encore que ce misérable qui rêvait d’un paradis sur Terre, seulement réservé à un certain «homme nouveau»…
    bref cette saloperie qui rêvait d’un Reich qui durerait mille ans. ( à suivre )

    1. Non, ce n’est pas du tout comme ça que je vois mon grand-père !
      Même si je sais que la mémoire nous joue des tours avec le temps, et que nous avons tendance à idéaliser le passé, je me dis que s’il plantait des arbres à cet âge si avancé, c’est juste qu’il trouvait ça normal. Que c’est probablement ce qu’avaient toujours faisait également ses aïeux, tout naturellement, sans se poser de questions, à la con.
      Ceci dit, pour ce qui est du le long-termisme… je vois ça comme cette autre connerie à la mode, le wokisme. ON part d’une idée qui ne peut que séduire (le souci de l’avenir, l’intérêt des autres, de l’Autre…) et ON y rajoute «isme» pour en faire de la merde. ( à suivre )

      1. Au début, bien avant qu’ON invente le wokisme… «woke» voulait dire éveillé.
        Les yeux grands ouverts, le cerveau en parfait état de fonctionnement, etc.
        Et ce afin que les discriminations raciales (aux Etats-Unis) ne soient pas perçues comme quelque chose de normal, voire naturel. Et puis au fil du temps ON a mis du «woke» partout. Et c’est ainsi que le wokisme est devenu n’importe quoi, et que ce mot ne veut plus rien dire, de pertinent. Le long-termime c’est pareil.
        Ne rentrons pas dans ce jeu, n’utilisons surtout pas ce genre de mots.
        Leur juste place c’est la Poubelle ! Avec Musk et Compagnie.
        Avec TOUS les politichiens, journaleux, philosophes, écolos etc. etc. de M !

      2. Avec ça j’en oubliais cette nouvelle affaire Macron. Mais d’abord, quel rapport avec ces deux «philosophes» d’Oxford ? Et puis c’est quoi le problème ?
        – « Ses propos ont semé le trouble à Bruxelles …. » (Article du MONDE)
        Serait-ce le mot «pause»… qui maintenant sème le trouble ? Alors là c’est grave. Musk aussi demande une «pause» pour le développement de ChatGPT et autres conneries que nous mijote l’IA. Et alors ?
        Non, je crois que Macron cherche seulement à se refaire la cerise.
        Ne surtout pas en rajouter au ras le bol. Et à la colère.
        N’est-ce pas d’ailleurs pour ça qu’il a décrété « cent jours d’apaisement » ?
        Et « d’action » et en même temps !
        Une pause dans la persévérance, quoi. Et « au service de la France » !

        Mon dieu, me voilà en pleine con fusion ! Bravo Biosphère. 🙂

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