le papa de la F1 est mort

La rubrique nécrologique ne rebute pas la Biosphère, bien au contraire : tout corps en décomposition ne fait que participer au nécessaire recyclage de la matière vivante. D’un point de vue humaniste cependant, tous les décès ne sont pas équivalents puisque le journal LeMonde (2.04.2008) fait toujours un choix entre le signifiant et l’insignifiant. Examinons de plus près le cas de Jean-Marie  Balestre, président de la Fédération internationale automobile de 1985 à 1993 et principal acteur de l’essor de la Formule 1.

Nous savons tous que l’essor de la F1 ne fait que témoigner de l’accélération vers la crise ultime dans laquelle est entrée notre civilisation du tout-automobile. Mais Balestre était certainement de bonne foi, l’automobile a porté toute sa vie, il en faisait d’ailleurs son gagne-pain. Né en 1921, il débutait déjà en 1937 dans l’Auto, l’ancêtre de l’Equipe. Il fondait en 1950 l’Auto-Journal avec un prédateur bien connu, Robert Hersant. Pour assurer le succès des produits sur quatre roues, il prend en 1973 la tête de la Fédération internationale des sports automobiles, puis continue avec la Fédération internationale jusqu’à diriger trois fédérations en même temps. Aucun obstacle ne l’a découragé. Au moment du premier choc pétrolier, il a mobilisé son énergie et ses réseaux d’influence pour que les pouvoirs publics acceptent la reprise des compétitions, arrêtées pour montrer le bon exemple de l’économie d’énergie. Après le vote de la loi Evin en 1991, il a même obtenu de la part de l’Etat un fonds de compensation pour pallier la perte de recette de la publicité pour le tabac.

 Si une telle personnalité avait opté pour la ligne droite, c’est-à-dire la lutte contre le tout-automobile, il est certain que nous n’en aurions jamais entendu parlé. Notre société est mal faite, les rubriques nécrologiques ne célèbrent que les personnes insignifiantes…