le poids de la santé

Nous ne nous préparons pas du tout à l’effondrement de notre civilisation thermo-industrielle qui va crever du poids de sa complexité. Nous voulons continuer comme avant, plus de croissance, plus de centralisation, plus d’impôts, plus de « sécurité »…sans nous rendre compte que nos recettes traditionnelles ne feront qu’amplifier le poids du désastre. Ainsi, alors que la Sécurité sociale française ploie sous la charge financière, la Chine veut couvrir le risque maladie pour 90 % de sa population d’ici à 2011 (LeMonde du 12.05.2009). Comment sortir de cette contradiction ?

Lorsqu’une société se développe au-delà d’un certain niveau de complexité, elle devient de plus en plus fragile. Une simple crise du crédit aux USA entraîne déjà des conséquences mondiales Les crises écologiques à venir (choc pétrolier, perturbation climatique, épuisement de la plupart des ressources naturelles) sont porteuses d’une déstabilisation encore plus grande. Pourtant nous accroissons constamment notre complexité, y compris dans le domaine de la santé. Comme les généralistes ne suffisent plus à satisfaire la demande de soins, nous construisons des  hôpitaux. Avec les progrès des techniques médicales, il faut installer des centres hospitaliers dans les villes et des services de plus en plus spécialisés. Comme l’hôpital coûte trop cher, il faut mettre en place un système de cotisations sociales généralisées, et la financer en ponctionnant l’épargne de la population. Si cela ne suffit pas, on soignera à crédit par l’emprunt. Comme la population se plaint des charges croissantes, il faut faire payer de plus en plus de choses par les patients eux-mêmes tout en augmentant le nombre de fonctionnaires des impôts. Tout cela s’accompagne de plus de spécialistes, de plus de ressources à gérer, de plus de coercition – et, in fine, moins de retour sur l’argent dépensé. Au bout du compte, on atteint un point où toutes les énergies et les ressources à la disposition d’une société sont nécessaires uniquement pour maintenir un niveau de complexité dont le système de soins n’est qu’un aspect. Puis, quand un tsunami financier ou un blocage énergétique survient, les institutions complexes n’ont plus les moyens de survivre et les malades se retrouvent livrés à eux-mêmes. Alors émerge une société moins complexe, organisée sur une plus petite échelle. (Ndlr : On aura reconnu dans ce paragraphe une transposition des analyses de l’archéologue Joseph Tainter, auteur de l’ouvrage L’Effondrement des Sociétés Complexes)

 En matière de santé, le seul avenir pour la France comme pour la Chine, c’est la suppression de la technicisation à outrance, la disparition des grands hôpitaux centralisés, le retour aux centres de soins locaux supprimés par Sarko et la valorisation des médecins aux pieds nus comme au temps de Mao. Nous devrons ressentir les limites de notre planète, faire confiance aux capacités d’autoréparation de notre corps et ne plus craindre la mort.

2 réflexions sur “le poids de la santé”

  1. En effert, STOP à la sur consommation !

    La dernière coqueluche dans les salles de classe américaines ?

    Un dessin animé de 21 minutes intitulé The Story of Stuff [la fabrique des choses] sur les effets de la consommation. Ce petit film d’animation réalisé en décembre 2007 a déjà été vu par plus de 6 millions de personnes sur Internet. Quelque 7 000 écoles outre-Atlantique se sont procuré le DVD

    Voir le dessin animé:
    http://video.google.com/videoplay?docid=-5195608655837933655&ei=7KkJSpu_EYLT-Aac4rnMCg&q=The+Story+of+Stuff

  2. Analyse intéressante, mais elle oublie un point: la centralisation de certains services et la concentration de spécialistes permet d’offrir des prestations de soins qui seraient impossibles ou trop chers dans un système décentralisé. Il faut un certain nombre d’interventions d’un certain type pour justifier la création et le maintien de certaines structures comme les services de transplantation ou pour le traitement de certains cancers, d’où le besoin de centralisation.

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