le pouvoir à la base !

Si seulement l’Amérique pouvait être la Chine. Rien qu’une journée ! Les dirigeants chinois possèdent la faculté de couper court à tous les intérêts particuliers, à tous les obstacles bureaucratiques, à toutes les craintes de répercussions électorales, pour simplement décréter des changements radicaux dans les prix, les règlements, les normes, l’éducation et l’infrastructure. C’est un atout de poids quand il s’agit de réaliser un changement aussi considérable qu’une révolution verte, où vous êtes confrontés à des intérêts acquis, enracinés, grassement financés et fortement retranchés, où vous devez motiver des opinions publiques pour qu’elles acceptent des sacrifices. C’est le point de vue de Thomas L.Friedman (La Terre perd la boule, 2009).

Alors, regardons ce qui se passe en Chine aujourd’hui ! Car la Chine fait aussi son plan de relance et pratique la révolution « verte » (LeMonde du 17 février). Le chef de l’agence  chinoise : « il n’y aura pas un centime de déposé sur les projets qui favorisent la production de masse, ou les secteurs hautement polluants et gourmands en ressources ». Mais sur 400 milliards d’euros en deux ans, presque la moitié va aux transports (certainement pas à vélo)  et à l’électricité (produite principalement par des centrales thermique à charbon, bonjour la pollution) ; l’environnement proprement dit n’a droit qu’à 35 milliards. L’obsession de la croissance et les inquiétudes sur l’emploi ne pourront de toute façon que mettre à l’épreuve le contrôle des abus environnementaux. Ni le pouvoir central, ni à plus forte  raison le ministère de la protection environnementale n’ont les pleins pouvoirs sur la réalité.

Dans la Chine rurale, alors qu’une vingtaine de millions de mingong (travailleurs migrants) sur 130 millions sont sans travail à cause de la crise mondiale, la sagesse espiègle sort de la bouche d’un des derniers compagnons de Mao à qui on demandait ce que le grand timonnier aurait bien pu faire pour sauver la Chine de la crise : « Sous Mao, les gens étaient plus purs. Mais la vie était plus rude. » (LeMonde du 18 février)