Jean-Yves Carfantan me paraît optimiste. Pour éviter le Choc alimentaire mondial qui nous attend demain, il suffirait de relancer l’agriculture au Sud en développant les réseaux de transport, le crédit aussi, et y lever en plus les obstacles à l’essor des OGM (cf. le livre du jour, LeMonde du 25 mars). Carfantan est donc un optimiste libéral qui propose les mêmes remèdes que ceux qui ont créé la maladie.
L’ouverture des réseaux de transport a, pour reprendre l’expression de Karl Polanyi, désenchâsser l’économique du social en lui permettant de s’autonomiser. De dominantes, les sociétés agraires vont se trouver dominées. Détacher l’homme de la terre a été un moyen de faire « circuler » les hommes et la terre. C’est la « victoire du libre-échange » : ce qu’on appelle à tort « exode rural » est en fait le résultat d’une véritable déportation économique et sociale. La terre devient à la fois marchandise et moyen de production. La monétarisation, souvent forcée, des activités a fait perdre aux sociétés agraires une partie de leur autonomie. Le crédit a entraîné le surendettement et le suicide par ingestion de pesticides. La porte est ouverte de la transformation du paysan en exploitant agricole. Avec l’introduction des semences à haut rendement l’appauvrissement génétique, donc la fragilité des cultures, s’est accru au Nord comme au Sud. L’étape suivante est le développement d’OGM par les biotechnologies. Pour les agriculteurs, la dépendance s’accroît puisqu’ils doivent acheter très cher des semences et les produits qui les accompagnent. De plus ils doivent subir régulièrement les contrôles des entreprises qui tiennent à s’assurer qu’ils ne disposent pas des semences à leur guise.
Pourtant, quel que soit l’avenir de nos sociétés la terre travaillée à l’ancienne reste le fondement de leur alimentation. Face aux crises écologiques qui s’annoncent, on aura recours à l’agriculture biologique, seule activité durable indispensable à la survie de l’homme. Jean-Yves Carfantan devrait lire le livre de Silvia Pérez-Vitoria, Les paysans sont de retour…
A Michigan:
Tous les modèles s’accordent pour dire que le rythme de croissance démographique va ralentir (1,2% par an maintenant, 0,5% en 2030) et que la population se stabilisera autour de 10 milliards en 2050 . Certains démographes envisagent une augmentation moindre, voire même une diminution pour des raisons environnementales (théorie du collapsus).
L’Afrique est effectivement le continent dont la population croit le plus vite. Mais c’est aussi le continent le plus vide et celui qui a le plus de terres non utilisées.
L’agriculture actuelle peut déjà nourrir 10 milliards d’habitants. Si près d’un milliard de personnes ont faim, c’est d’abord un problème d’accès à la nourriture (notamment par manque de revenus), pas de disponibilité de celle-ci. Et ensuite, d’utilisation d’une part de plus en plus importante de la production mondiale pour produire de la viande (il faut, par exemple, environ 5 kg de nourriture pour produire 1 kg de viande de porc) et des carburants.
L’agriculture bio produit environ 30% de moins que l’agriculture conventionnelle dans nos régions. Par contre, dans les régions soumises à des stress hydriques importants (dont la superficie représente déjà près de la moitié des terres et ne fait que s’étendre) et en régions tropicales humides, l’agriculture biologique est souvent aussi productive et parfois plus productive que la conventionnelle.
Les engrais et les pesticides actuels sont dépendant de l’industrie du pétrole et donc à terme condamnés. Autant apprendre à s’en passer le plus vite possible.
On pourrait aussi parler des dégâts de l’agriculture conventionnelle sur les sols.
Enfin, la nourriture n’est pas le seul problème. Les réserves en eau sont encore plus menacées et les productions irriguées conventionnelles sont un non-sens pour l’avenir de l’humanité.
Bien cordialement.
On attend avec impatience la solution pour concilier l’augmentation continue de la population, pour ne pas dire l’explosion en Afrique, et la baisse des rendements agricole, de 30 à 70%, liée à l’agriculture biologique.
Si le bobo parisien pourra toujours se donner bonne conscience en faisant ses courses dans son marché bio, il devrait également réfléchir aux solutions pour nourrir, sans intrants (ie engrais et pesticides), des pays importants la plus grande partie de leur nourriture si les exportateurs comme la France, le Canada, les US, le Brésil … ne sont plus là, s’étant converti au bio.