le sentiment de nature chez Giscard d’Estaing

« On ne peut pas uniquement proposer aux Français une réconciliation avec les milieux naturels, avec l’environnement. Cette aspiration ne peut constituer à elle seule, pour une nation, une idéologie complète. Mais venons-en à la chasse. Il s’agit du rapport ancestral de l’homme avec la nature qui fait partie de notre vie rurale. Priver le monde rural de cet exercice, c’est rompre un lien naturel. L’activité des chasseurs – quels qu’ils soient – s’inscrit dans le cadre de la protection de la nature menée par le gouvernement. Tout doit être mis en œuvre pour que les chasseurs deviennent les défenseurs de la nature.

Nos grandes agglomérations ont trop souvent entraîné une séparation brutale avec la nature. En réaction, se développe une sensibilité nouvelle pour la vie animale. Une société qui tolérerait la disparition de la faune sauvage détruirait les équilibres naturels fondamentaux pour la vie

La nouvelle croissance entraînera des progrès par :

–          L’intégration de la nature dans notre vie quotidienne par la  création de nouveaux espaces verts. Les décrets d’application de la loi de protection de la nature, récemment publiés permettent de créer des réserves naturelles. La France continuera à permettre une plus grande préservation des espaces naturels.

–          Le développement de relations entre les hommes plus chaleureuses par un rythme de vie plus naturel… La France a choisi de tenir son rang d’abord en donnant à son économie des bases saines, je dirai plus naturelles.

Nous acceptons la dégradation de notre environnement parce que nous ne la mesurons pas en termes de valeur. L’objet de la comptabilité patrimoniale que je préconise est d’indiquer, dans la fabrication de chaque produit, ce qu’il coûte réellement et globalement à la collectivité. On doit par conséquent prendre en compte non seulement le coût financier direct, mais aussi la consommation d’espace, d’énergie, de matières premières ainsi que la pollution de milieux naturels. L’entretien du cadre de vie, la restauration des milieux naturels, tout cela peut être chiffré. Dans cette affaire – qui n’a fait jusqu’ici l’objet d’aucune étude cohérente dans aucun pays du monde – la France pourrait donner l’exemple. »

Giscard d’Estaing, Président de la République (propos recueillis par Marc Ambroise-Rendu dans Le Monde du 1er février 1978)