Le tabou de la contraception en France et en Afrique

« Elle veut tuer nos enfants et anéantir la population africaine ! Elle est de mèche avec les Occidentaux ! » Imperméable aux critiques, La Sénégalo-Mauritanienne Fatimata Sy poursuit son objectif : donner aux femmes le droit de choisir « combien d’enfants elles souhaitent avoir et quand ». Elle dirige depuis 2012 le Partenariat de Ouagadougou, un programme de planification familiale lancé en 2011 dans neuf pays d’Afrique francophone pour permettre aux femmes d’accéder aux méthodes modernes de contraception.* « Les maris ont-ils songé que, désormais, c’est la femme qui détiendra le pouvoir absolu d’avoir ou de ne pas avoir d’enfants en absorbant la pilule, même à leur insu ? Les hommes perdront alors la fière conscience de leur virilité féconde et les femmes ne seront plus qu’un objet de volupté stérile. » Ainsi s’exprimait en 1967 le député Jean Coumaros lors de la discussion de la loi Neuwirth autorisant la pilule contraceptive en France**. Les mentalités françaises et africaines peuvent se ressembler étrangement à quelques années près ; féminité et maternité sont trop souvent liées.

Ce n’est pas un hasard si Fatimata Sy milite pour le planning familial. « Chaque Africain connaît au moins une femme dans son entourage qui est morte en couches à cause des grossesses rapprochées. Moi, c’étaient ma tante et ma cousine. »* En 1967 en France, l’avortement clandestin était pratiqué par 300 000 femmes chaque année au prix de quelques morts non désirées. Mais Fatimata Sy ne parle pas d’IVG, seulement de contraception. Le sujet de l’avortement est encore trop brûlant en Afrique. Et l’Interruption Volontaire de Grossesse n’est autorisé légalement en France que depuis 1975. La maîtrise de la fécondité reste encore un gros tabou dans la plupart des pays et des mentalités. La décision prise par Donald Trump de couper le financement du planning familial fait trembler les malthusiens… et le reste d’un monde surpeuplé ! Et si on est partisan de la biodiversité, il en va aussi de la survie de la faune sauvage.

Le rejet de la maîtrise de la fécondité n’est en effet plus de mise quand il s’agit d’abattre un dixième de la population lupine en France. A titre de dérogation au statut de protection de l’espèce, le plafond de loups pouvant être « détruits » a été fixé à 40 pour la période juillet 2017-juin 2018. Il n’y avait pourtant en mai dernier que 360 spécimens en France et une population viable de loups devrait atteindre 500***. Notons que l’espèce humaine a naturellement le même statut dans la chaîne alimentaire que le loup. Ce sont des prédateurs qui dépendent du nombre d’herbivores à leur disposition. Pour un partage équitable des troupeaux de moutons, ces deux populations devraient donc être en nombre équivalent, ce qui est très loin d’être le cas. Ce ne sont pas les éleveurs qui devraient se plaindre de la concurrence des loups, ce sont les loups qui devraient se plaindre du nombre de Français…

* LE MONDE du 21 décembre 2017, Le combat de « Mama Partenariat » pour le planning familial en Afrique

** LE MONDE du 20 décembre 2017, En 1967, la crainte d’une « flambée d’érotisme »

*** LE MONDE du 20 décembre 2017, Plan loup, un exercice d’équilibriste

7 réflexions sur “Le tabou de la contraception en France et en Afrique”

  1. N’oubliez pas Paul Watson , je pense qu’il ne rechignera pas à financer des préservatifs en forme de baleines.

  2. Il y a des ONG américaines qui distribuent des préservatifs, certains sont enveloppés dans des boites à l’effigie d’animaux et un texte dit que la surpopulation les menace disparition.
    Démographie Responsable en a distribué à chacun des salons où elle était présente.

  3. @biosphere :
    quelle fondation pourrait soutenir financièrement des actions concrètes sur le terrain en Afrique surtout et le prix Malthus en contraceptifs ?
    Celle de Bill Gates ? J’ ai cru déceler certaines tendances malthusiennes dans son discours mais je peux me tromper.

    Trump m’ a déçu en s’ attaquant à l’ indispensable planning familial : il ferait mieux de limiter fortement le budget militaire mais là , je pense que le lobby des armes ultra puissant lui ferait un sort à la JFK.

  4. NB : Donald Trump a rétabli ce mois-ci la Global Gag Rule, cette règle qui interdit le financement par les Etats-unis des Organisations internationales proposant des services d’avortement ou délivrant des informations à ce sujet. Comme il ne fait jamais rien à moitié, Trump a étendu cette règle aux ONG favorisant la contraception. Une organisation comme le partenariat de Ouagadougou a été privée de 46 millions de dollars cette année. (Le Canard Enchaîné du 20 décembre 2017)

  5. Bravo à cette dame car il faut du courage pour s’ attaquer au lapinisme africain induit par leur incroyable arriération .
    Elle mériterait le prix Malthus encore à créer (la plus haute distinction pour son action en faveur de la dénatalité)
    Au Ghana par exemple , la taille des familles a tendance à diminueret c’ est tant mieux

    1. le « prix MALTHUS« , c’est un super chouette idée. Le problème maintenant c’est de trouver ses sponsors pour doter ce prix… en préservatifs ! Car si on a bien compris, Trump n’est plus donateur…

  6. En ce qui concerne les loups, hélas ce sont les hommes et leur cruauté qui auront le dernier mot. En ce qui concerne les hommes, c’est la nature et tous les cris d’horreur de ceux qui refusent toute maîtrise de la fécondité seront effacés par le drame que va dessiner la confrontation de l’humanité aux limites de la planète. Par leur surdité à l’évidence, les natalistes vont provoquer l’effondrement, la souffrance et finalement la population s’écroulera plus encore… dans les pires conditions.

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