Le tabou démographique dans les archives du MONDE

Quand on tape « surpopulation humaine » dans les archives,

voici le résultat  :

12 mars 2015, La surpopulation en prison n’enfreint pas nécessairement les droits humains

la Cour européenne des droits de l’homme estime que le manque d’espace individuel ne constitue pas systématiquement un traitement inhumain ou dégradant.

30 août 2019, Au Sénégal, deux détenus meurent dans la prison centrale de Dakar

Des ONG de défense des droits humains appellent les autorités à mettre fin à la surpopulation carcérale et la vétusté des établissements pénitentiaires.

19 février 2023, « Il existe un moyen d’avancer vers des prisons plus humaines : la régulation carcérale »

Face au scandale de la surpopulation des prisons françaises, les Etats généraux de la justice avaient proposé un mécanisme favorisant la remise en liberté de détenus en fin de peine. Une idée écartée en janvier par le ministre de la justice, Eric Dupond-Moretti, déplore dans sa chronique Philippe Bernard, éditorialiste au « Monde ».

23 juin 2023, Prisons : que faire face à la surpopulation carcérale ?

Le taux de suroccupation des prisons n’a jamais été aussi élevé. La contrôleuse générale des lieux de privation de liberté dénonce une réalité invivable. Dans ce podcast, Abel Mestre, journaliste au « Monde », explique pourquoi la surpopulation carcérale ne cesse de s’aggraver et évoque des pistes pour y remédier.

11 juillet 2024, La « double peine » : les prisons françaises surexposées aux conséquences du dérèglement climatique

La totalité des établissements est soumise au risque de canicule, plus d’un sur quatre à celui d’inondations. Cette surexposition est aggravée par certains facteurs, comme la surpopulation carcérale ou la vétusté des bâtiments.

24 juillet 2024, Prisons : « Comment comprendre que le garde des sceaux s’oppose à toute programmation afin de réduire la surpopulation carcérale ? »

Malgré l’accumulation des rapports sur l’indignité des conditions de détention dans les prisons françaises, rien ne bouge, dénoncent le rapporteur de la loi pénitentiaire de 2009, Jean-René Lecerf, et le sénateur Jean-Pierre Sueur dans une tribune au « Monde ».

10 février 2024, Robert Badinter, un « juste » pour la postérité

Le rappel de la rectitude et de l’intransigeance de l’ancien garde des sceaux apparaît salutaire au moment où le ministre de l’intérieur oppose la politique au droit, où le rôle du Conseil constitutionnel est contesté et où la surpopulation carcérale atteint des records inquiétants.

Il faut donc attendre longtemps pour lire un article sur la surpopulation humaine, mais avec une dévalorisation explicite de cette réalité.

10 novembre 2022, Face à la crise climatique, des humains trop nombreux ou qui consomment trop ?

Plutôt que d’accuser le trop grand nombre d’êtres humains, de nombreux démographes insistent sur la question des modes de vie et de consommation.

Ensuite il faut remonter à 1972 pour avoir enfin une idée claire grâce de la surpopulation humaine au MONDE

19 janvier 1972, II. – LE DÉSARMEMENT DÉMOGRAPHIQUE

 ESCOFFIER-LAMBIOTTE : La progression numérique vertigineuse de l’espèce humaine, l’échec des procédés utilisés jusqu’à présent pour tenter de la restreindre à l’échelle nationale, les dangers du déséquilibre économique et démographique qu’entraîne la surpopulation relative des pays les moins favorisés ont incité l’Organisation mondiale de la santé à consacrer à l’étude de la régulation de la reproduction humaine le plus important programme de recherche qu’elle ait jamais entrepris. Un budget qu’elle juge considérable – 6.7 millions de dollars – doit être annuellement attribué à ce programme qui, pour être mené à bien, exigerait un investissement quarante fois plus élevé (voir  » le Monde, du 18 janvier 1972).

A l’exception de l’homme, toutes les espèces vivantes sont dotées d’un système qui règle subtilement et par des mécanismes endocriniens encore mal connus le taux de leur reproduction. Celle-ci se trouve ainsi strictement ajustée tantôt à l’étendue du territoire disponible, tantôt au climat, à l’alimentation ou, plus directement, et sans qu’aucun autre facteur semble jouer, à l’importance numérique de la population. L’environnement dans le premier cas, un processus purement psycho-physiologique dans le second, mettent en branle un système de rétroaction neuro-hormonal conduisant à une atrophie ou à une inhibition sexuelle. Ce système, remarquablement précis n’est mis en échec que lorsque l’intervention de l’homme vient modifier profondément les conditions écologiques.

En accédant à la conscience logique et au langage, l’espèce humaine a perdu cette régulation automatique ; l’humanité se doit de manière impérative d’y suppléer dans les délais les plus brefs – en fait, une génération, – soit par une percée technique, soit par le déclenchement de motivations nouvelles.

Tel est le sens des actions prioritaires et des programmes des  » task forces  » (groupes de travail lancés par l’Organisation mondiale de la santé, dans un effort ultime pour modifier la situation actuelle, également inquiétante sur le plan démographique et sur celui des perspectives scientifiques. Aux espoirs engendrés par les acquisitions prometteuses de cette dernière décennie a succédé, en effet, un sévère pessimisme : il paraît vraisemblable que, compte tenu des exigences bureaucratiques auxquelles sont soumises actuellement les recherches quasiment monopolisées par les Etats-Unis, aucune méthode nouvelle et efficace ne sera utilisable avant la fin de ce siècle : si le même climat avait prévalu il y a quinze ans, aucun des contraceptifs oraux (pilule) n’aurait pu être produit en série. (…)

Certains, qui mesurent l’étendue du péril que représente la conjugaison de la poussée démographique irrépressible et de l’impasse scientifique ou administrative actuelle, en viennent à penser que la solution ne peut venir en réalité, et à l’échelle mondiale, que de la découverte d’une substance qui administrée par exemple avec l’eau de boisson, inverserait l’état naturel de fertilité des êtres humains. L’infertilité deviendrait ainsi permanente, et c’est d’une décision personnellement motivée que résulterait alors la procréation, par l’absorption d’un médicament annulant l’effet du premier. Une telle conception, si elle ne paraît pas utopique sur le plan scientifique, impliquerait évidemment un profond bouleversement des consciences et des traditions. De la fertilité volontaire – étape positive dans l’évolution des libertés humaines – aux abus de la stérilité obligatoire, il pourrait, en effet, n’y avoir qu’un pas, qui risque de conduire au génocide, aussi longtemps que n’existerait pas une véritable conscience collective, fondée sur une éthique universelle et sur le partage mondial des informations scientifiques.

Il reste que l’abolition du droit immémorial à la procréation anarchique pourrait bien être le prix que devra payer l’homme pour la survie de sa civilisation.

Faute d’une double révolution éthique et biologique, et devant l’inflation démographique actuelle, le recours au régulateur barbare et par essence antisélectif qu’est la destruction guerrière paraît inévitable. L’histoire de ces vingt dernières années, le déplacement des guerres vers un continent – l’Asie – où la population croît plus vite que les ressources, montrent bien le caractère explosif de structures où la sous-alimentation et le chômage engendrent le désespoir et l’agressivité collective.

Au-delà de toute contrainte nationaliste, de tout intérêt particulier, de toute tradition ou législation locale ou temporelle, ne serait-ce pas un devoir pour l’O.M.S., qui seule peut le faire – de diffuser à la fois la vérité actuelle, la réalité des solutions possibles et l’importance de leurs implications morales ?

7 réflexions sur “Le tabou démographique dans les archives du MONDE”

  1. Depuis 20 ans nous répétons sur ce blog un certain nombre de vérités sur notre avenir et sur ce qu’il faudrait faire pour qu’il ne tourne pas au désastre. Nous ne faisons que prolonger l’analyse systémique des experts du MIT avec leur rapport de 1972 sur les limites de la croissance.
    Nous sommes fier de reprendre leur message, et désolé de voir qu’en plus de 50 ans nous n’avons pas avancé : la planète humaine connaît de plus en plus guerres, épidémies et famines comme l’avait prévu Malthus.
    Mais nous savons que l’imaginaire social est difficile à modifier dans notre monde croissanciste et très inégalitaire. Alors il nous faut répéter, répéter, répéter. Tâche nous le savons un peu vaine et solitaire dans une monde de surinformation et de désinformation. Pourtant nous préférons hurler dans le désert que mettre la tête dans le sable.

    1. Même si ça ne fait qu’environ 10 ans que je répète les mêmes choses sur ce blog, et bien plus de 20 ans à côté… finalement j’en suis au même stade que Biosphère. 😉

        1. A part que l’échec, ce sont les bouches en trop des pays en surpopulation qui le subissent en se prenant des missiles ou en crevant la dalle…

  2. Biosphère se répète, et ne fait d’ailleurs que ça. Et de mon côté c’est pareil.
    Ce qui fait que si ON fouille dans les archives, et ça l’IA sait très bien le faire… ON peut savoir exactement combien de fois les uns et les autres ont utilisé les mots «tabou», «surpopulation», «parasite» etc. etc. Non seulement le nombre, mais aussi le sens. Et finalement c’est comme ça qu’ON en arrive à connaître ce qu’ON appelle «le point de vue», «la ligne éditoriale», «la position», «l’obsession» etc. etc. de Pierre, Paul et Jacques. Enfin, connaître… c’est vite dit.

    Dire, redire, répéter, re-répéter, ressasser, comme un vieux disque rayé, etc. etc.
    Autrement dit, les chiens aboient la caravane passe. Ou encore, parle à mon cul ma tête est malade. Misère misère ! Je rappelle que cette expression (colorée) n’est pas une grossièreté, qu’elle fait partie de notre belle langue française, de sa richesse. (à suivre)

    1. – « Manière d’en rajouter […] ON pourrait alors demander à cette fumeuse « intelligence » de nous expliquer, en deux ou trois lignes pas plus… cet étrange paradoxe.
      La question pourrait être : POURQUOI ça ne sert à rien d’alerter et de rabâcher ?
      Ou bien : POURQUOI sommes-nous aussi cons ? »
      ( MICHEL C 15 JUIN 2025 À 08:33 )

      Juste pour s’amuser un petit peu, je suppose… Biosphère (15 juin 2025 à 22:26 ) a donc posé la question à Perplexity. Résultat, Biosphère est aussi con.
      Attention ! Je veux seulement dire par-là qu’il n’est pas plus avancé… qu’il n’a rien appris de nouveau. Et que ce n’est pas de sa faute, ni celle de Perplexity, mais seulement celle du MONDE chez qui la Connerie semble être un sujet tabou. 🙂 (à suivre)

      1. Michel C du parti d’en rire

        (suite et fin) Pour vous dire, et en même temps vous prouver, que je ne vaux pas mieux… de mon côté j’ai posé la même question à ChatGpt.
        Et là pareil, toujours aussi con. Misère misère ! Manière d’en rajouter, un petit peu plus au Désastre, j’ai même poussé le Bouchon plus loin. Voici ce qu’ai osé lui demander :
        – « La connerie est-elle un sujet d’étude ? Par qui ? Pouvez-vous citer des noms ? »
        Et sur ce coup je trouve que ChatGpt n’est pas si con que ça.
        Pour résumer tout ça, en 2 ou 3 mots pas plus, faut pas abuser non plus… je dirais que Biosphère atteint ses limites. Autrement dit, voilà donc tout ce qu’il gagne avec ses conneries !

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