Le vélo c’est bien, la voiture c’est trop mal

L’automobiliste n’a pas encore compris qu’il est plus rapide de rouler en vélo. Considérer 80 km/h ou 200 km/h, c’est un calcul superficiel de la vitesse de déplacement. On ne prend en compte que la distance parcourue et le temps resté au volant. Mais pour avoir le droit de s’installer sur son confortable siège, il a fallu consacrer un grand nombre d’heures de travail pour amortir l’achat de son véhicule et payer tous les frais inhérents à son fonctionnement (plein d’essence, réparations …). Si on divise le nombre moyen de kilomètre parcourue dans l’année par la durée réelle qui permet de couvrir le coût total (les heures de travail qui s’ajoutent au temps de déplacement), on obtient la vitesse généralisée, et non l’apparence de la performance. Le calcul montre qu’on va moins vite en voiture qu’en vélo. Alors, demain, tout le monde en vélo ? Ou à pied !

Olivier Schneider et Jean-Marc Jancovici : Avec une voiture, électrique ou pas, 90 % de l’énergie sert à déplacer le véhicule. Avec un vélo, 85 % de l’énergie sert à déplacer le cycliste ! L’explication est simple : un vélo est cent fois plus léger qu’une voiture ! Mais en à peine quelques décennies, le vélo est passé d’un mode de déplacement très populaire à quasiment marginal, l’automobile individuelle étant devenue la norme. Ce basculement est le résultat de choix politiques du passé, matérialisés par des investissements massifs en faveur de la voiture. Cela nous porte aujourd’hui collectivement préjudice. Émissions de gaz à effet de serre galopantes, tensions sur les matières premières, sédentarité aux conséquences alarmantes. L’heure des choix est arrivée pour le gouvernement. Refaire du vélo un transport de masse, populaire et bas carbone est possible, mais demande au moins 2,5 milliards d’euros sur cinq ans. (Olivier Schneider est président de la Fédération des usagers de la bicyclette,  Jean-Marc Jancovici, président du think tank The Shift Project)

Le point de vue des écologistes

JPB : je partage parfaitement cette analyse avec un bémol, la place du piéton dans la cité qui devient de plus en plus compliquée. 100% de l’énergie d’un piéton sert à son déplacement!

Alain Decang : “Ce n’est ni l’effort – surtout depuis l’arrivée des vélos électriques – ni le climat qui dissuadent le plus le déplacement à vélo, mais la cohabitation avec les voitures, là où il n’y a pas de pistes cyclables.” Ajouter le risque de vol, surtout pour les vélos électriques

SolV : Le plus efficace serait d’interdire la publicité pour les voitures. Des centaines de millions d’euros sont dépensés chaque année pour nous imprégner de la culture de la voiture. Objet incarnant la sécurité, la liberté, et même dans certaines pub la puissance sauvage. Quand on voit des SUV faire la queue dans un bouchon devant un rond point, on voit bien que la réalité est loin du fantasme mais peu importe. Les imaginaires sont puissants. Interdire les pub pour les voitures, faire de la voiture un objet ringard, lourd, coûteux et polluant.
Transformer l’imaginaire autour du
vole. En faire un objet avant-gardiste, fun, glamour, léger. L’objet des riches… Il faut changer d’imaginaire….

Michel SOURROUILLE : Nous n’avons pas écouté Ivan Illich au début des années 1970, pourtant son analyse dite de la « vitesse généralisée » était imparable : rouler en voiture est bien moins rapide que pédaler sur son vélo. Un mode de transport n’est pas le simple rapport entre la distance parcourue et le temps du parcours. Il faut ajouter à ce temps de trajet le temps passé à gagner de quoi se payer l’usage du mode de transport.« L’Américain moyen dépense 1600 heures chaque année pour parcourir 10 000 kilomètres ; cela représente à peine six kilomètres à l’heure. » Plus tard en 2002, Jean-Pierre Dupuy a calculé que la vitesse généralisée d’un automobiliste est de 7 kilomètres à l’heure, soit un peu plus que celle d’un piéton. Aujourd’hui les gens travaillent une bonne partie de la journée seulement pour gagner l’argent nécessaire pour aller travailler. .. en voiture !

ElGreco : Quand on voit le combat que c’est d’obtenir la création d’un vestiaire douche sur son lieu de travail, c’est pas gagné !

Nos articles antérieurs sur ce blog biosphere

15 juin 2009, pour une société de non-voiture

23 janvier 2014, Il n’y a sans doute pas de voiture vraiment « propre »

17 août 2018, Incontestable, le vélo va bien plus vite que l’auto

1er novembre 2018, Biosphere-Info, Ivan Illich détrône l’automobile

3 juillet 2021, Le rêve de l’automobile pour tous prend fin

10 réflexions sur “Le vélo c’est bien, la voiture c’est trop mal”

  1. Didier BARTHES

    La vitesse moyenne rapportée au temps de travail pour se payer la voiture ne prend pas en compte l’ensemble de la réalité et concrètement il y a des tas de situations dans lesquelles la voiture est irremplaçable.
    Le problème est notre nombre. S’il y avait 10 fois moins de gens, bien des inconvénients de l’auto, : pollution, stationnements et embouteillages seraient réduits à presque rien, et aussi le type de voiture, il faut revenir à des voitures simples, légères, peu puissantes , sans gadget, on fait tout le contraire. Bref, une fois encore il faut faire marche arrière.

    1. S’il y avait 10 fois moins de gens… ça se trouve les bagnoles seraient 10 fois plus grosses. Ou consommeraient 10 fois plus.
      Ce n’est pas parce qu’il trop de gens que la Bagnole est devenue un objet de culte, qu’elle a besoin de changer de look chaque année, d’être toujours plus bourrée de gadgets etc. C’est seulement le Système qui veut ça.
      Le con-sot-mateur bien sûr, mais avant tout le Business (as usual), le Pognon, le Capitalisme. Le problème c’est le Tout Bagnole, c’est ce que dit très bien SolV .

      1. Didier BARTHES

        Non, les voitures n’auraient aucune raison d’être 10 fois plus grosses et de consommer 10 fois plus.
        Ce n’est certes pas parce qu’il y a trop de gens que l’automobile est devenue un objet culte mais c’est bien parce qu’il y a trop de gens qu’il y a trop de voitures que cela rend la circulation impossible.

      2. En effet, si on serait 10 fois moins nombreux, les gens n’auraient pas cherché à obtenir des voitures 10 fois plus grosses. Ces prétextes bidons proviennent des zinzins natalistes qui veulent faire croire qu’on grossirait tout par X10 si on venait à baisser la natalité, tout ça pour cautionner le fait qu’il faille continuer de pondre davantage.
        Si actuellement les voitures sont trop grosses parce qu’elles ne contiennent généralement qu’un seul passager, ce n’est pas lier au fait qu’on ait grossi la taille des voitures depuis 100 ans, mais c’est lié au fait que la taille des familles ont diminué depuis le milieu des années 70. Plus exactement ce sont les constructeurs de voitures qui n’ont pas diminué la taille des voitures depuis le déclin de la natalité. Mais initialement le format actuel des voitures, au départ c’est parce qu’elles étaient à la bonne dimension des familles, mais les constructeurs ne les ont pas redimensionnées au nouveau format familial

  2. C’est sûr, la Bagnole a un coût. Et je comprends que certains puissent en avoir ras le bol d’être pris pour des vaches à lait. Notamment ceux qui en ont besoin tous les jours et qui ne voient la Bagnole que comme une machine pour se déplacer.
    Bien sûr il y a Bagnole ET Bagnole, il y en a pour tous les goûts et tous les genres. Et toutes les bourses ou presque. Le Vélo c’est pareil, il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses.
    De 20€ chez Emmaüs à plus de 6000 € pour le Top. Je connais un gars qui a payé sa bagnole dans les 35.000 et qui trouve qu’un vélo à 200 chez Décath c’est trop cher. Misère misère !

    Le concept de «vitesse généralisée» (Ivan Illich) est très intéressant. J’ai fait un petit tableau XL dans lequel on entre toutes les données : prix achat, nombre années de service, prix revente, conso, prix carburant, assurance, entretien, péages etc. Et bien sûr le salaire horaire ou mensuel du bagnolard. ( à suivre )

    1. Sachant que quand on s‘en sert, la vitesse moyenne d’une bagnole est de 50 km/h (O km/h aux feux rouges et dans les embouteillages)… la petite bagnole que le smicard a acheté d’occase et qui roule 12.000km/an a une «vitesse généralisée» de 20 km/h. Soit la vitesse d’un vélo.
      Plus vous êtes soigneux, bricoleur, et que vous faites durer votre monture, plus vous allez vite. Oh certes pas pour passer le mur du son. Pour comparer, le gros bourgeois avec sa grosse bagnole, électrique ou thermique peu importe, et son gros salaire, eh ben lui il roule à 30 km/h. La vitesse d’un vélo de course.
      Moralité : Bagnole ou Vélo, quand on aime on ne compte pas.

      1. – « L’Américain moyen dépense 1600 heures chaque année pour parcourir 10 000 kilomètres ; cela représente à peine six kilomètres à l’heure. » (Illich)
        -« Plus tard en 2002, Jean-Pierre Dupuy a calculé que la vitesse généralisée d’un automobiliste est de 7 kilomètres à l’heure, soit un peu plus que celle d’un piéton.» (Michel Sourrouille)

        Ivan Illich a inventé le concept de « vitesse généralisée » en 1973. Je ne vais pas discuter ces 6 km/h , ni ces 7 km/h que Jean-Pierre Dupuy obtenait quelque temps après.
        En 1975, d’après l’article « Incontestable, Le Vélo Va Bien Plus Vite Que L’auto ».
        ( Or, Biosphère parle ici de 2002 ) . Selon mes calculs, qui valent ce qu’ils valent, de mon côté j’obtiens (depuis quelques années déjà) un résultat aux alentours de 20 km/h.
        Ce qui semble vouloir dire que la petite bagnole de mon smicard actuel roule plus vite que la DS 21 de ouvrier spécialisé de 1975.

  3. Il y a près d’une vingtaine d’années j’écrivais sur le Figaro que l’on consacrait plus de temps à acheter une voiture qu’elle ne nous en restituait pour nous rendre au travail. C’est simple prenons juste une voiture neuve de 10000 € (et encore à ce prix là on a un pot de yaourt) face à un taux horaire net de smic de 8,92 €, cela représente tout de même 1121 heures de travail. Supposons que mon travail se trouve à 30 minutes à pied et que je mettes 15 minutes en voiture, en gros je ne gagne que 15 min de temps par trajet, à raison de 2 fois/jour pour effectuer l’aller retour, au total 30 min par jour de gain, il me faut déjà 560,5 jours de travail pour l’amortir, et encore je n’ai pas compter le carburant, l’assurance, les parcmètres, les Pvs, les péages, le taux de crédit, contrôle technique et entretien de la voiture !!!

    1. Déjà l’assurance compter en moyenne selon modèle 40€/mois au tiers et 80€/mois tout risque soit 4,5 heures ou 9 heures de travail mensuel ! Soit 54 ou 108 heures de travail annuel qui viennent se greffer aux 560,5 jours de travail. Quant au carburant, je ne roule pas des masses, seulement 20€/semaine de carburant, soit 20×52 semaines = 1040€ annuel en carburant ! Soit 1040/8,92 = 116,6 heures de travail annuel pour faire mon plein d’essence qui viennent se greffer au reste. A ce stade je n’ai pas encore compter le crédit, péages, parcmètres, contrôle technique, Pvs, entretiens, etc… Je rappelle que la voiture ne fait qu’un gain de 15 min/trajet soit 30 min aller-retour pendant 5 jours de travail. Bref, acheter une voiture et la faire rouler peu de temps est chronophage !

    2. On sacrifie énormément de son temps capital vie pour que la voiture puisse exister et roupiller sur le parking plus de 95% du temps. On sacrifie plus d’heures au travail de son capital temps de vie qu’elle ne nous en restitue pour espérer gagner du temps de vie à consacrer à soi ! J’avais compter que pour aller faire les courses au supermarché, il valait mieux s’y rendre à pied ou en bus, et au pire prendre un taxi pour le trajet du retour avec les courses pour 10€/semaine, puis prendre le train/avion pour se rendre sur son lieu de vacance, et éventuellement louer sur place juste une voiture pour explorer les environ, ensuite se rendre quotidiennement sur son lieu de travail à pied/bus ou vélo, que ça coûtait beaucoup moins cher ainsi pour le même service rendu !!! Et surtout on sacrifiait beaucoup moins d’heures de son capital vie pour que la voiture puisse exister !

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