Le vélo, petite reine des temps à venir

A temps de déplacement égal, le risque pour un cycliste d’être tué dans un accident de la route est trois fois plus important que pour un piéton, quatre fois plus qu’un automobiliste et sept fois moins qu’un usager de deux-roues à moteur. Les cyclistes sont pourtant vus maintenant comme des bobos privilégiés des centres-villes. La hausse des conflits entre usagers de la voie publique reflète à la fois l’exacerbation des clivages sociaux et géographiques, et les tensions autour des mesures destinées à lutter contre le changement climatique. C’est donc un phénomène politique important.


Philippe Bernard  : Qu’il est loin le temps où, en 1972, des manifestants défilaient en scandant « La bagnole, ça pue, ça pollue et ça rend con » et « Des vélos, pas d’auto ! » A l’époque, le vélo en ville symbolisait la rébellion contre le mode de vie, la logique économique et les nuisances qu’impose le « tout-bagnole ». Mais l’engin sans pollution, signe de totale coolitude, s’est mué en symbole d’agressivité, de chacun pour soi et de chaos urbain. En quelques années, le « cycliste sympa » s’est transformé en adepte du « chacun pour soi ». « Il y a autant de cons à vélo qu’en voiture », constate, amer, le coprésident de l’association lyonnaise La Ville à Vélo. L’essor généralisé des violences, de l’individualisme et de l’incommunicabilité dans la société se manifeste aussi dans ce domaine. Le vélo devait être le symbole d’une autre façon de vivre ensemble.

Le point de vue des écologistes vélocipèdistes

555 commentaires sur lemonde.fr entre le 8 juin à 5h23 et le 10 juin à 10h30. Un record significatif de l’importance des enjeux. Quelques morceaux choisis:

Gailuron : Il suffit de se déplacer à pied ou à vélo dans Paris et dans Copenhague pour voir ce qu’est une société civilisée qui a le sens et le respect du collectif et une société où l’individu se veut roi et ne se sent pas concerné par l’application des règles de base d’une cohabitation harmonieuse.

Solferino59 : « je circule en ville en vélo donc j’ai tous les droits » ! Voici ce que je ressens quand je vais en ville. Qu’on le veuille ou non, pléthore de cyclistes n’ont pas une âme de cycliste et se conduisent en sagouins sur les routes et trottoirs.

Fromafar : Après plusieurs décennies de règne, l’automobiliste considère naturel de pouvoir rouler, généralement seul, dans son canapé blindé d’une tonne en crachant des nuages de gaz toxiques. Même les véhicules les plus pourris qui vous arrachent les poumons vont pouvoir continuer à intoxiquer nous enfants avec la bénédiction des députés.

MS : Si tous les cyclistes prenaient leur voiture au lieu de leur vélo plus possible de circuler en voiture. Toutes les agglomérations auraient des embouteillages incontournables.
Les automobilistes devraient remercier les cyclistes à chaque fois qu’ils prennent leur voiture.

Danny : 20 000 morts par an sur les routes en Europe, grâce aux voitures. Gare aux voitures !

Michel Henri : Le piéton que je suis à Paris a bien plus peur des vélos que des voitures. Je hurle quand les écolos parisiens qualifient le vélo de « mobilité douce ». 80 % des cyclistes n’ont ni Dieu ni maître et n’envisagent pas une seconde de poser le pied à terre.

Daeth : L’erreur fondamentale, c’est la roue : l’humain humain muni de roue(s) devient un écraseur en puissance.

Michel SOURROUILLE : Le problème de fond pour les écologistes qui s’occupent du long terme, c’est d’oser dire publiquement la vérité : la voiture individuelle qui n’a qu’un siècle d’existence et a modifié notre mode de vie pour le pire va disparaître, qu’elle soit thermique ou électrique, dans le siècle à venir. Il nous faut donc nous préparer collectivement à d’autres modalités de déplacement. Les ZFE comme les mobilités douces, le vélo, le covoiturage, les transports publics, etc… ne sont que des modalités de la rupture écologique nécessaire aux équilibre planétaires bien compromis actuellement. Mais les automobilistes ne prendront conscience des réalités biophysiques qu’avec un litre d’essence à plus de 10 euros.

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Le vélo c’est bien, la voiture c’est trop mal

extraits : L’automobiliste n’a pas encore compris qu’il est plus rapide de rouler en vélo. Considérer 80 km/h ou 200 km/h, c’est un calcul superficiel de la vitesse de déplacement. On ne prend en compte que la distance parcourue et le temps resté au volant. Mais pour avoir le droit de s’installer sur son confortable siège, il a fallu consacrer un grand nombre d’heures de travail pour amortir l’achat de son véhicule et payer tous les frais inhérents à son fonctionnement (plein d’essence, réparations …). Si on divise le nombre moyen de kilomètre parcourue dans l’année par la durée réelle qui permet de couvrir le coût total (les heures de travail qui s’ajoutent au temps de déplacement), on obtient la vitesse généralisée, et non l’apparence de la performance. Le calcul montre qu’on va moins vite en voiture qu’en vélo. Alors, demain, tout le monde en vélo ? Ou à pied….

Incontestable, le vélo va bien plus vite que l’auto

– L’Américain moyen dépense 1600 heures chaque année pour parcourir 10 000 kilomètres ; cela représente à peine six kilomètres à l’heure. Car qu’on soit dans sa voiture en marche ou à l’arrêt, qu’on travaille pour payer le premier versement des traites ou l’essence, les péages, l’assurance, les impôts et les contraventions, l’Américain donne quatre heures chaque jour à sa voiture, qu’il l’utilise ou qu’il gagne les moyens de le faire. Passé un seuil critique, l’industrie du transport fait perdre plus de temps qu’elle n’en fait gagner. Depuis deux générations, la durée du trajet entre le logement et le lieu de travail a augmenté plus vite que n’a diminué la durée de la journée de travail. L’utilité marginale d’un accroissement de la vitesse de quelques-uns est acquise au prix de la désutilité marginale croissante de cette accélération pour la majorité. En d’autres termes, chaque privilégié se transforme en voleur qui dérobe le temps d’autrui. (Ivan Illich, 1973)

– Nous avons calculé la vitesse généralisée de l’automobile. Loin d’être un instrument de gain de temps, l’automobile apparaît comme un monstre chronophage. On estime toutes les dépenses annuelles liées à la possession et à l’usage d’une automobile : amortissement des frais d’acquisition, frais fixes payables annuellement, dépenses courantes d’utilisation… Ces dépenses sont converties en temps, en les divisant par le revenu horaire. On l’additionne au temps passé effectivement à se déplacer. Le temps global ainsi obtenu, mis en rapport avec le kilométrage annuel parcouru, permet d’obtenir la vitesse généralisée recherchée. Extrait d’un tableau comparatif de différentes catégories professionnelles : en 1967, la vitesse généralisée d’un ouvrier spécialisé est de 13 km/h en bicyclette, 10 en Citroën 2CV, 8 en Simca 1301 et 6 en Citroën DS 21. Plus un engin permet d’atteindre une vitesse effective de déplacement élevée, plus sa vitesse généralisée est faible. Le temps social que nous mange l’automobile est de l’ordre de trois à plus de quatre heures par jour (Jean-Pierre Dupuy, 1975)…. 

Plus tu veux aller vite, plus tu vas lentement

extraits : Grâce à la vitesse, nous déménageons plus loin de notre lieu de travail, allons faire des courses plus loin, partons plus loin en vacances. En conséquence, la durée quotidienne de déplacement est restée stable au cours du temps, de l’ordre d’une heure par jour. Il y a 200 ans, les Français parcouraient entre 4 et 5 kilomètres par jour à la vitesse de 4 à 5 km/h. La multiplication des distances par 10 (44 kilomètres par jour et par personne en moyenne) a été rendue possible par une augmentation des vitesses à peu près équivalente, de l’ordre de 42 km/h. Là où le bât blesse avec les « sciences » économiques, c’est lorsqu’on passe de l’utilité individuelle à l’utilité collective. Si tout le monde se déplace davantage, les réseaux de transport rapide, victimes de leurs succès, en viennent à être saturés. Il faut créer de nouvelles infrastructures. A terme, avec un tel cercle vicieux, les individus perdent littéralement du temps à cause du développement de la vitesse, et donc de la distance.

Cela conduit les populations, non plus vers la simple satisfaction de leur besoin, mais vers une dépendance définitive à l’automobile, à la vitesse et à la distance. Dans nos sociétés sur-industrialisées, la survitesse revient à remplir un immense tonneau des Danaïdes….

13 réflexions sur “Le vélo, petite reine des temps à venir”

  1. casseur de pub

    Le secteur automobile dépense aujourd’hui environ 2,5 milliards de publicité dans les médias tous supports confondus. En 2019, cela représente une pression publicitaire de 28 pages de presse quotidienne, 8h45 du publicités télévisées par jour toutes chaînes confondues (soir 4,5 mn par chaîne) et 318 718 affiches dans l’espace public. En 2023, les constructeurs (donc les consommateurs) ont déboursé en moyenne 1516 euros de publicité par véhicule vendu. Conclusion, faut être allergique à la publicité pour rouler en vélo !

  2. mieux vaut tard que jamais

    – « S’il est souhaitable de voir une généralisation de l’utilisation du vélo en ville, on ne peut pas laisser progresser la mortalité routière des cyclistes autant. C’est la raison pour laquelle le gouvernement vient de décider d’élargir l’obligation du permis vélo à tous pour rouler sur la voie publique. […] Le nouveau permis généralisé à tous les utilisateurs sans limite d’âge va ainsi permettre de sensibiliser tous les usagers au risque, mais aussi de leur apprendre à mieux maîtriser leur deux-roues. […] Et comme il s’agit d’une volonté de formation et de sauvegarde des vies, ce permis sera intégralement pris en charge par l’Etat, sous conditions de ressources. De façon générale, toute personne ne payant aucun impôt pourra donc en bénéficier gratuitement. »
    ( Le permis vélo obligatoire – par David Morcrette – lerepairedesmotards.com
    01.04.2022 … 🙂

  3. – « Il y a autant de cons à vélo qu’en voiture » (le coprésident de l’association lyonnaise)
    Alors ça oui je veux le croire ! D’autant plus qu’il a longtemps que je sais qu’il y en a partout.
    De toutes sortes, des grands, des petits etc. de toutes les couleurs, de tous les genres, et en plus le temps ne fait rien à l’affaire. Bref, même si je ne m’appuie sur aucune mesure ou enquête, c’est sûr que des cons à vélo il n’en manque pas. Et en trottinette je vous dis pas !

    Et c’est là que certains viendront encore nous raconter que c’est à cause du Nombre :
    – « Le problème est notre nombre. S’il y avait 10 fois moins de gens, bien des inconvénients de l’auto, : pollution, stationnements et embouteillages seraient réduits à presque rien, et aussi le type de voiture, il faut revenir à des voitures simples, légères, peu puissantes , sans gadget, »
    (D.BARTHES 7 MARS 2023 À 15:05 “Le vélo c’est bien, la voiture c’est trop mal”)
    ( à suivre)

    1. esprit critique du parti d'en rire

      (suite) Et moi je dis que ce soit en bagnole, à vélo, en trottinette, en rollers peu importe, s’il y avait 10 fois moins de gens et si ma tante en avait, rien ne prouve que ça roulerait mieux. Et que le monde tournerait plus rond.
      Non, pour moi le problème c’est ce que pointe le coprésident. Certains diront alors que s’il y avait 10 fois moins de gens il y aurait 10 fois moins de cons. Et c’est là qu’ils se trompent. Prenons un monde peuplé de 10 milliards d’individus… avec un TC (taux de connerie) de 10%. Combien ça nous en fait ? Facile ! Et avec un TC de 20, de 30 etc. je vous dis pas.
      Prenons maintenant un monde (comme celui dont ils rêvent) peuplé d’1 milliard d’individus, avec un TC de 100%. Et là combien ? Facile encore, tout autant !
      En fait dans l’équation de Gaga ce n’est pas N qui compte le plus.
      Et encore sans entrer dans les détails. Eh oui parce qu’1 milliard de gros cons ça pèse beaucoup plus qu’1 milliard de petits cons.

      1. Tu es hors sujet avec la démographie et petits et gros cons… Mais c’est vrai que si la planète serait 10 fois moins peuplée, ça ne changerait pas grand chose, il en resterait autant dans les Pyrénées …

        1. les Pyrénées à vélo

          Je suis pas HS, je n’ai fait là que commenter ce qu’a dit le coprésident. Et puis qu’est-ce que t’en sais s’il en resterait autant du côté de «chez moi» ? Maintenant si t’as une étude sur le TC dans les Pyrénées, fais nous le savoir, moi ça m’intéresse. Mais attention, une étude sérieuse, en bonnet du forme !
          Pas une de tes Umps ou autres gugusses du genre.

  4. De toute façon, les gouvernements UmPs veulent continuer de promouvoir la voiture de masse, car les automobilistes sont de bonnes vaches dociles à traire ! Il y a plus de 80 % de taxes sur les carburants, sans compter les TVA sur les produits afin d’entretenir la voiture (changement de pneus et pare-brise, réparation de moteurs, lavages du véhicules, etc), les contrôles techniques…. Viennent aussi les amendes en fliquant les automobilistes sur la vitesse mais pas là où c’est dangereux mais là où c’est rentable pour traire… les auto-écoles pour vendre des permis ou récupérer des points (d’où le flicage par des radars)… Les parcmètres… Et évidemment les péages… Ainsi que la Tva sur les ventes des véhicules et les crédits pour les acheter…

    1. MC esprit critique

      Oui mais… ON pourrait te répondre que tes UmPs s’appliquent, et en même temps, à nous con verdir au vélo. Surtout électrique ! T’as pas entendu des primes à la conversion ?
      – « la prime à la conversion maintenue à 3000 € maximum, est accordée pour l’achat d’un vélo à assistance électrique neuf ou d’occasion, en échange de la mise au rebut d’un vieux véhicule motorisé. »
      (Achat d’un vélo, les aides nationales sont étendues jusqu’en 2027 – jeunes.gouv.fr)

      Et une fois qu’il y en aura un certain nombre… de cyclistes et de trottinettistes, eh ben ON inventera un permis de pédaler et de trottiner. Et puis les vignettes, les assurances et les contrôles techniques qui vont bien etc. Et évidemment les péages… (sic). Comme au Moyen Age pour pouvoir emprunter les ponts. Le Pognon vous dis-je !

  5. Didier BARTHES

    Vive le vélo
    Oui, c’est vrai qu’il y a un problème de sécurité et aussi un problème de garage, ce n’est pas facile. Personnellement je fais toutes les courses que je peux en vélo, en zone urbaine ou même périurbaine, c’est bien plus rapide que la voiture, moins polluant et meilleur à la santé.

    1. Le problème des vélos, ce sont leurs vols ! En milieu urbain les vols des vélos sont colossaux… Puis à Paris n’en parlons même pas ! Il y a eu un reportage sur les vols de vélos à Paris, les journalistes avaient mis un traceur sur un vélo, et ben celui-ci s’est fait volé plusieurs fois dans une journée. De même, les journalistes avaient chronométré le temps qu’il a fallu avant que le vélo ne se fasse voler après l’avoir accroché, même pas 5 minutes ! Pourtant le vélo s’était fait accrocher là où il y a beaucoup de passages de piétons comme témoins pour dissuader. Ben le mec tranquille, pince pour couper l’antivol devant la vue de tous et hop il choppe le vélo. Même moi, en habitant centre ville d’Amiens, je n’avais que 3 voisins dans l’immeuble, le vélo d’un ami attaché dans le couloir, même pas 2h. Les voleurs ont des clefs comme passe pour ouvrir la porte commune de l’entrée.

      1. Sur ce sujet (ou problème) j’ai une étude (récente). Extraits :
        – « En France, 1 cycliste sur 3 a déjà subi un vol de vélo selon une nouvelle étude d’Invoxia. À Paris, ce chiffre atteint 50%, avec les vélos électriques comme principales cibles. […] 65% des vols concernent des vélos électriques – 37% des victimes avaient pourtant utilisé un antivol » ( Vols de vélos : une nouvelle étude révèle l’ampleur du fléau en France – leblogducycliste.fr 22 avril 2025 )

        Jusqu’à présent je me suis fait tiré mon vélo qu’une fois seule. Un vieux vélo, qui n’était pas attaché, et que les flics ont retrouvé 2 jours après perché dans un arbre, à côté de la gare. J’ai toujours pensé que ce salopiot me l’avait juste emprunté pour pas louper le train. N’empêche que même s’il ne vaut pas grand chose, se faire chourrer son vélo ça fait râler. Ne serait-ce même que la selle. 🙂

    2. Pour le problème de garage, du vélo, sachez qu’il en existe des tout petits, et pliables.
      C’est tout rikiki, vous le trimballez partout, et avec ça vous passez pas inaperçu.
      Justement j’en vois un, là, très joli, il est doré, je me dis qu’il est fait pour vous :
      – Kcolic Mini Vélo Pliable 8 Pouces, Vélo Pliant Portable avec Panier, Ultraléger pour Étudiants Adultes, Vélo Pliant pour Sports Plein Air, Cyclisme, Voyages Et Déplacements Domicile Travail – 195,99€
      J’en vois aussi d’autres marques, d’autres couleurs et moins chers. Sinon vous avez aussi la trottinette, pliante elle aussi. Très à la mode ces trucs là ! ON dit même que c’est très écolo.
      Du coup je me tâte pour en acheter un. Ou une.
      Finalement je pense que je vais m’offrir les deux, parce que je le veau bien. 🙂

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