L’écologie à l’épreuve de l’ignorance trumpiste

Le second mandat de l’administration Trump vis-à-vis du monde de la recherche a enclenché une guerre ouverte contre la science portant sur l’environnement ou le climat. Des agences sont purement et simplement détruites ; des dizaines de milliers de chercheurs et d’employés du gouvernement dans ce domaine sont licenciés. Les premières censures systématiques ont été mises en œuvre pour mettre sous contrôle l’Agence fédérale pour la protection de l’environnement. L’ambition de reconfigurer la réalité est inscrite dans le projet totalitaire. C’est pourquoi les oligarques doivent briser les deux modes de pensée qui offrent un accès fiable au réel et se réfèrent à lui : la science et le sens commun.

Stéphane Foucart (journaliste) : Trump donne à voir crûment ses menées totalitaires. Désormais l’administration américaine fonctionne comme un édifice hiérarchique le long duquel peuvent descendre des directives aussi absurdes et orwelliennes que l’impossibilité de rechercher certains mots dans les bases de données d’un institut public. On fait même une sorte de guerre contre la métrologie, la mesure des phénomènes. Ainsi, certains types de données ne seront même pas collectées. Nous ne saurons donc plus ce qui se passe. La guerre de Donald Trump contre la science est la phase terminale d’une longue maladie dont les premiers signes ont été ignorés ou relativisés. Depuis de nombreuses années, l’ensemble de la droite américaine ne fait pas mystère de son désir de détruire ou d’assujettir les sciences de l’environnement.

La France n’est pas à l’abri. Le gouvernement Bayrou a déposé en janvier 2025 un amendement à la proposition de loi Duplomb visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur, pour placer de facto le travail de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation et de l’environnement) sous l’œil des industriels de l’agrochimie et des syndicats agricoles.

Robert Proctor (université Stanford) : Je publie cette année un nouvel ouvrage sur l’agnotologie, la production de l’ignorance et du doute sur des sujets aussi divers que les armes, le climat, les traumas. Nous ne savons pas ce que nous ne voulons pas savoir, alors même qu’une connaissance fiable et attestée est disponible. L’objectif de l’administration Trump, c’est un processus de purification, de restauration imaginaire d’une sorte de pureté. L’une des causes fondamentales est la longue histoire du christianisme évangélique aux Etats-Unis. Depuis trente ans il y a une constante, environ 15 % des étudiants de premier cycle de Stanford pensent que le monde a été créé il y a six mille ans. On peut voir le créationnisme comme une sorte d’erreur herméneutique, une incompréhension de la relation entre les mots et les choses. L’Amérique est une sorte de dépotoir pour fanatiques religieux ! Une fraction importante de la population américaine ne croient même pas à l’évolution biologique. Et il existe toutes sortes de théories du complot bizarres ; notre enseignement est très décentralisé, avec des écoles de toutes obédiences, ce qui permet à ces idéologies médiévales de s’épanouir.

Trump ne veut pas que la Terre soit un objet d’étude. En revanche, je pense que dans les six prochains mois, il lancera une mission habitée vers Mars. Et c’est Noël pour les grandes compagnies pétrolières, l’industrie des plastiques et autres activités polluantes. Trump a lancé une guerre contre le climat, contre la nature – un rêve pour nos plus grands délinquants climatiques. Il inaugure un Far West réglementaire, avec de nouveaux forages dans des zones sauvages vierges, un recul des contrôles sur les émissions de gaz à effet de serre et un arrêt ou un renversement de décennies de progrès environnementaux. En ce qui concerne l’Amérique, nous entrons dans un âge des ténèbres environnemental.

Le point de vue des écologistes du long terme

Bah … au Moyen-age, la science a connu un recul en occident avec la pression obscurantiste de l’Église catholique … Ces périodes sont tristes mais passagères, les avancées culturelles liée à la science gagnent toujours. Il faut résister et résister, jusqu’à ce que l’orage passe. Quand les gens comprendront que l’ignorance affecte leur qualité de vie…, il reviendront à d’autres valeurs plus en phase avec les réalités terrestres.

19 réflexions sur “L’écologie à l’épreuve de l’ignorance trumpiste”

  1. La NASA, l’agence spatiale américaine, a annoncé, mardi 10 mars, qu’elle allait fermer le Bureau de sa scientifique en chef, Katherine Calvin, ainsi que le Bureau de la technologie, de la politique et de la stratégie. La NASA a aussi démantelé l’équipe technique qui aidait Katherine Calvin à animer le groupe 3, ce qui compromet l’élaboration du prochain rapport du GIEC sur la limitation des rejets carbonés. L’assaut contre la science se poursuit aux Etats-Unis.

    1. Et pas seulement à la NASA .
      – Trump attaque encore la NASA, la NOAA, la recherche et les données scientifiques
      (next.ink aujourd’hui)

      Pour régler le problème du Réchauffement, comme les problèmes de fièvres (sociales), ce pauvre Trump n’a pas trouvé mieux que de casser les thermomètres. Misère misère !
      Ce misérable déteste les scientifiques… après tout qu’à cela ne tienne :
      – Trump s’en prend aux scientifiques : le gouvernement français veut accueillir ceux ciblés par la Maison Blanche (huffingtonpost.fr 09/03/2025)
      Qu’il continue comme ça, et bientôt la France sera la première dans les classements mondiaux des performances de la Recherche.

  2. Claude malhuret

    Donald Trump n’est qu’un empereur incendiaire, Washington est devenue la cour de Néron, son entourage ne comporte que des courtisans soumis. Elon Musk n’est qu’un bouffon sous kétamine chargé de l’épuration de la fonction publique. Ce président américain, un planqué du service militaire, ose même donner des leçons de morale au héros de guerre Volodymyr Zelensky…
    Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche est bien sûr un drame pour le monde libre, mais c’est d’abord un drame pour les États-Unis.

    1. chapeau Monsieur Malhuret

      – « Je suis content si cela peut faire ouvrir les yeux à un certain nombre d’Américains »
      ( Claude Malhuret, dont le discours sur Trump et Musk est devenu viral, savoure son succès aux États-Unis – huffingtonpost.fr 11/03/2025 )

      Moi aussi je suis content, que quelqu’un ose enfin employer les mots appropriés.
      Et je le serais encore plus si cela peut faire ouvrir les yeux à certains, Américains et autres.
      Je garde espoir… Que peut-ON faire d’autre ?

  3. Bernardo Gui

    Bigre, DT serait un Satan climatique en personne SE FOUTANT des extraordinaires conclusions du GIEC (IPCC) itself dont on sait l’ infaillibilité absolue
    La science peut se tromper et dans le cas de la machinerie climatique d’ une complexité inouie , cela peut être le cas .
    un certain nombre de scientifiques climatosceptiques doutent des conclusions dramatiques du GIEC sans pour autant être liés d’ une façon ou d’ une autre à des lobbies énergétiques .
    DT salaud , tu es le nouveau Torquemada de la science : les chercheurs rétifs seront soumis d’ abord à la question ordinaire puis extraordinaire et enfin brûlés sur le bûcher😁😁😁😁

    1. antifa et antifake

      – « un certain nombre de scientifiques climatosceptiques doutent des conclusions dramatiques du GIEC […] »
      =˃ Combien exactement ? Quel pourcentage, finalement ? Quel est leur profil, leur véritable domaine de compétences, voire leur nationalité ? Des sources SVP !
      Et fiables bien entendu.

      Pour info :
      – « Pas de consensus scientifique sur le réchauffement climatique » : qui sont ces 1200 « scientifiques » qui n’y croient pas ? (tf1info.fr 25 août 2022)
      – 1200 scientifiques contestent-ils (sérieusement) le réchauffement climatique ? (rtbf.be )

  4. Didier BARTHES

    « Bah … au Moyen-age, la science a connu un recul en occident avec la pression obscurantiste de l’Église catholique … »
    Toujours cette attaque obsessionnelle contre les catholiques au mépris des réalités.
    D’abord le moyen âge a été loin d’être cette période obscurantiste régulièrement décrite ensuite c’est justement au sein de l’Eglise que ce sont élevés les prémisses de la renaissance scientifique, c’est elle qui a imposé le calendrier d’aujourd’hui le plus précis jamais conçu, c’est en son sein qu’est revenu au gout du jour l’héliocentrisme que les grecs (Aristote, Ptolémée… avaient enterré. Merci au chanoine Copernic quand même.

    1. Allons allons Monsieur Barthès, il ne faut pas le prendre comme ça. Ce n’est pas bouffer du curé que de dire que l’Amérique est une sorte de dépotoir pour fanatiques religieux (sic Robert Proctor de l’université Stanford). Ou d’évoquer l’obscurantisme du Moyen-âge, comme le font les écologistes du long terme.
      Même si le Moyen-âge fut loin d’être cette période obscurantiste régulièrement décrite (ce que vous dites, et vous avez raison), n’oublions pas que l’Inquisition et les bûchers ont tout de même existé. Et même si certains nous apportent encore, et heureusement, un peu de lumière… oublions un peu les curés (catholiques). La question aujourd’hui est de savoir combien de temps va durer ce nouvel obscurantisme. Et jusqu’où il va aller.

  5. Les États-Unis ont toujours eu un problème fondamental avec l’idée de limite, et c’est précisément ce nœud qui est réactivé chez Trump avec une intensité particulière. Depuis la fondation des Etats-Unis, l’idée de repousser les limites, d’explorer de nouveaux territoires et d’étendre la civilisation américaine a été au cœur de l’identité américaine. Trump amplifie la dynamique initiale de la nation américaine d’un développement infini au moment même où l’idée de croissance atteint ses limites sur tous les plans. Le changement climatique, l’épuisement des ressources naturelles et les crises sanitaires montrent que l’idée d’une expansion infinie est désormais caduque, sur les plans démographique, économique, climatique. La frontière, d’expansion en marche, redevient ce qu’elle était avant la conquête de l’Ouest : une borne à ne pas dépasser.

    1. Esprit critique

      C’est ce que dit l’essayiste Jérôme Batout, dans une tribune au « Monde » il y a 2 jours :
      – « L’obsession américaine de l’expansion, exacerbée par Donald Trump, entre en conflit direct avec les limites de la planète » ( lemonde.fr 08 mars 2025 )

      Tout aussi intéressant :
      – « Frederick Jackson Turner dans son livre publié en 1893 « la frontière américaine» […] explique que les valeurs américaines ont été forgées par la frontière et en particulier dans le Far West. La force, l’acuité, le sens pratique des Américains, leur énergie, l’individualisme, toutes ces valeurs relevées par Jackson seraient attribuées à la frontière. »
      ( Les Etats-Unis et la frontière, un mythe et sa géopolitique – clionautes.org 19 Mars 2018 )

    2. Les USA sont en effet un redoutable prédateur économique mondial pour maintenir le « niveau de vie » des yankees GW Bush fils avait dit que le niveau de vie des USA n’ était pas négociable .
      Rien à attendre de bon de la part de nos soi-disant alliés sous direction de DT ou d’ un autre .

      1. Esprit critique

        Voulez-vous dire que les Ricains sont un peuple d’andouilles ?
        Et dans ce cas en êtes-vous certain ?

        – [Vidéo] Pourquoi les américains nous paraissent-ils idiots ? (les-crises.fr)

  6. – « Bah … au Moyen-age, la science a connu un recul en occident avec la pression obscurantiste de l’Église catholique … Ces périodes sont tristes mais passagères, les avancées culturelles liée à la science gagnent toujours. Il faut résister et résister, jusqu’à ce que l’orage passe [etc.] ».

    Ce point de vue des écologistes du long terme (sic Biosphère) peut être entendu comme une réponse à ma question à 11:30. J’y vois deux objections :
    1) Ce n’est pas parce que l’Histoire nous dit une chose… que celle-ci peut-être érigée en vérité absolue. Comme une sorte de loi naturelle ou divine. Par exemple, ce n’est pas parce que l’Homme a toujours progressé dans le domaine des sciences et des techniques, qu’il en sera forcément de même durant des siècles et des siècles amen. Et qu’il saura toujours, d’une manière ou d’une autre, régler tous les problèmes qui pourraient entraver son évolution. D’ailleurs vers quoi ? (à suivre)

    1. (suite)
      2) La question du temps. Si ce n’est que 4 heures, ou 4 jours, voire 4 mois, ce n’est pas comme si c’était 4 ans. Mais après tout, comme avec beaucoup d’autres mauvais moments à passer… 4 ans (le mandat de ce fou)… ON peut toujours essayer de prendre son mal en patience. La patience… c’est généralement ce que nous dicte la sagesse.
      Maintenant si c’est 4 siècles… voire 4 millénaires… là ce n’est plus la même chose.
      Or, personne ici ne peut prédire.

    2. Ce sont les ressources naturelles qui sont responsables à hauteur de 90 % de notre pouvoir d’achat et de nos technologies ainsi que systèmes sociaux (allocations, pensions retraites, congés payés, etc). Et principalement le pétrole ! Et sans pétrole la science disparaît ou redevient embryonnaire, autrement dit on en reviendrait à l’age des low tech par les arts mécaniques (moulin à vent ou à eau par exemple)
      L’intelligence et la science n’ont peu d’incidence sans les énergies fossiles ! Si l’intelligence et la science seraient si puissantes que cela sans énergies fossiles alors Aristote, Socrate, Archimède et Platon seraient parvenus à marcher sur la lune bien avant les américains ! Et ces mêmes philosophes auraient démultipliés le pouvoir d’achat par x1000 dès l’antiquité ainsi que résolus grands nombres de problèmes médicaux.

      1. Parti d'en rire

        Au lieu de dire n’importe quoi (hors-sujet), attend au moins la suite à 14:19 (coincée dans les tuyaux). Justement, dans cette deuxième objection il est question de la patience. Je pense notamment à celle de Biosphère, avec des types comme toi.

  7. – L’ignorance c’est la force ( 04.02.2018 – Adrien Tallent, César Lacombe – homogulliver.com )
    ( Adrien Tallent & César Lacombe – les-philosophes.fr )

    De mon point de vue cet article explique très bien ce problème. Je résume :
    Alors que nous n’avons jamais eu autant de connaissances à notre disposition… paradoxalement est apparue une nouvelle ignorance (sic). Quelle peut bien en être la raison ?
    – « Les gens sont bornés : en effet, des chercheurs en psychologie ont par exemple réalisé une expérience dans laquelle on montrait à des partisans d’une opinion (peine de mort, changement climatique … ) des éléments contradictoires. Plutôt que d’admettre que ces éléments en question vont contre leur opinion, ils se braquaient davantage en s’attachant uniquement aux quelques éléments qui allaient dans leur sens sans considérer les autres. […] »
    ( à suivre )

    1. Esprit critique

      (suite) Ce phénomène s’observe tous les jours, dans de nombreux domaines, et particulièrement sur ce blog qui constitue de ce fait un très bon cas d’école.
      À bornés je rajoute fainéants. Je parle de cette réticence ou ce refus de se faire mal à la tête, phénomène que les scientifiques savent également expliquer. La paresse intellectuelle qui alimente la bêtise (misère) intellectuelle. Cette Bêtise qui aujourd’hui se répand et prospère grâce aux meRdias et aux réseaux dits sociaux.
      Cnews, Tiktok, X … Internet et finalement le Progrès … et puis la fumeuse liberté d’expression, sans oublier la Démocratie (démocrassie) … tout ça au service de la Connerie Collective !
      Bornés et fainéants donc. Et c’est justement ce qui explique la raison d’être de cette nouvelle forme de démagogues, de populistes, qui s’appuient sur l’ignorance des consommateurs, et/ou électeurs pour se faire élire (sic). (à suivre)

      1. (suite et fin) Et c’est ainsi qu’à l’heure des fameuses Fake News tromper (trumper) le peuple n’a jamais été aussi simple (sic). Et là encore et toujours nous retrouvons le sacro-saint Business (as usual). Cette fois le BUSINESS DE L’IGNORANCE (sic) :
        – « Ainsi, notre logique économique capitaliste telle qu’elle s’est développée depuis deux siècles a fait de l’ignorance un business en se basant sur l’asymétrie d’information. »
        Et qui dit Business (Pognon, Pouvoir etc.) dit ravages dans tous les domaines.
        Et là encore nous retrouvons les lanceurs d’alertes…
        Ceux qui comme ici nous disent : « ATTENTION DANGER »
        Seulement jusqu’à quand ? That’s THE QUESTION ! Même s’ils prêchent dans un désert, combien de temps vont-ils encore pouvoir se faire entendre ? Misère misère !

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