l’écologie est un anti-totalitarisme

La démocratie ne peut être par le peuple, vox populi peut vouloir et accepter le totalitarisme le plus stupide et le plus brutal. La démocratie ne peut être par la dictature de prolétariat, les travailleurs peuvent subir le totalitarisme d’une avant-garde bureaucratique et auto-désignée. La démocratie ne peut être par le libéralisme économique, le vote du consommateur peut se tourner vers les gadgets les plus improbables et les plus nocifs pour les équilibres de la biosphère. En fait, comme le souligne Claude Lefort*,  la démocratie n’est qu’un lieu vide qu’aucune force ne peut définitivement s’approprier. La démocratie est une dynamique résultant de la libre expression, pas de l’expression du peuple à un moment donné. La démocratie, c’est cette tension permanente entre légalité et légitimité, entre soumission aux traditions et ouverture vers un autre social.

                Le libéralisme d’Adam Smith et le communisme de Marx sont deux idéologies qui ont construit le changement sur une dialectique travail-capital financier. Capitalisme et socialisme ont ignoré le capital naturel, d’où cette accumulation de périls baptisés pic pétrolier, réchauffement climatique, extinction des espèces, désertification des sols, etc. Dans une démocratie véritable qui toujours encourage sa propre contestation, il existe cependant des déterminants qui sont biophysiques. Une société humaine ne peut survivre durablement que si elle accepte d’instaurer un équilibre durable avec les écosystèmes. Comme les matrices biophysiques de notre survie sont variables dans le temps et dans l’espace, la délibération humaine ne peut être que plurielle, toujours rattachée à des conditions écologiques particulières.

Il est urgent que le pouvoir politique devienne réaliste et prenne en considération la pérennité des ressources naturelles nécessaires aux générations présentes, aux générations futures et aux non- humains. Il est urgent que l’Etat, source potentielle de totalitarisme, laisse place à des communautés que puissent déterminer elles-mêmes leur autonomie énergétique et alimentaire. Il est urgent de comprendre que seule l’écologie est un anti-totalitarisme car cette vision du monde accepte la diversité des cultures humaines associée à la diversité des écosystèmes. Sinon, ce sera la barbarie d’un fascisme qui sera certainement pas écologiste.

* LeMonde du 9 octobre, Claude Lefort, ni socialisme ni barbarie

1 réflexion sur “l’écologie est un anti-totalitarisme”

  1. Maurice Crispy

    On ne voit pas très bien en quoi l' »écologie », comme programme politique, aurait un moindre potentiel de « totalitarisme » qu’un autre (en fait, évidemment, les deux mots ici entre guillemets sont définis de façon tellement floue qu’on peut leur attribuer toutes les qualités ou tous les rapports qu’on veut). Evidemment, si, avec complaisance, on commence par décréter qu' »écologiste » et « libertaire » sont synonymes! Mais au fait, qu’en est-il du rapport entre idéologie « libertaire » et capitalisme? On ne va quand même pas limiter le droit des capitalistes à la propriété privée et à la libre entreprise par la contrainte et la… répression! Pensez donc! C’est leur « culture »! Mais j’oubliais que le monde enchanté des « écologistes » ne connaissait aucun conflit d’intérêts, aucune violence, aucune contrainte, etc., que les affamés étaient nourris, que les agneaux cohabitaient avec les loups, que les individus s’épanouissaient sans problème dans leur « culture », bref! qu’on était sorti de l’histoire.

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