l’écologie politique entre idéalisme et pragmatisme

Il est urgent que les écologistes se forgent un discours commun. Mais autant c’est facile quand on s’appuie sur l’écologie scientifique (le réchauffement climatique, le pic pétrolier, le stress hydrique, etc.), autant c’est ardu politiquement. La dernière controverse entre la candidate écologiste aux présidentielles françaises, Eva Joly, et le parti qu’elle représente, Europe Ecologie-Les Verts, en est un exemple navrant.

Eva Joly avait refusé d’afficher dès maintenant son soutien à François Hollande pour le second tour de la présidentielle, créant de fortes turbulences parmi ses amis. Yannick Jadot, son porte-parole, a annoncé illico qu’il démissionnait de ses fonctions. La candidate a rectifié aussitôt sa position en déclarant qu’elle appellera bien « à voter Hollande » s’il est au 2nd tour. La compromission politicienne fait mauvais ménage avec l’idéal politique. Eva Joly portait le projet écologiste d’EELV et ne voulait pas en dévier, sortie du nucléaire, abandon de Flamanville. Le parti EELV porte la nécessité de l’alliance avec les socialistes et a signé un contrat de mandature avec le PS au prix de sa virulence. Eva Joly avait alors répété dans les médias que l’accord PS/EELV ne la faisait pas rêver : « Je ne suis pas rentrée en politique pour accepter les mœurs de ce petit monde, mais pour les changer… La vérité, c’est que les amis de François Hollande se sont révélés archaïques face à la modernité de notre projet. Moi je défends une politique de civilisation. » Maintenant* l’état-major d’EELV se réunit en urgence : pour démissionner Joly ? Non. Son équipe de campagne sera présentée le 1er décembre, comme prévu. Les instances d’EELV ont tranché : « Nous avons un devoir de soutien à Eva sur la base des décisions prises depuis La Rochelle jusqu’au Conseil Fédéral du week-end dernier, et Eva a un devoir de respect de la parole du parti. » La nécessité de resserrer les rangs est évidemment réaffirmée autour de l’idée de « complémentarité »

Il n’empêche. D’un côté on se contente de vouloir battre Nicolas Sarkozy, de l’autre on nous dit qu’il faut produire autrement, vivre autrement. Qui a raison ? La réponse est simple, elle se trouvera dans l’urne. Il y a ceux qui voteront écolo au premier tour en voulant au deuxième que leur candidate soit encore présente. Les autres voteront Hollande au premier tour s’ils sont conséquents avec eux-mêmes. Mais le vote utile qui court après le court terme n’est pas un vote efficace… Eva Joly, je vous en supplie, faites preuve d’encore plus de virulence, parlez écolo, encore écolo, toujours écolo, surtout pas social-démocrate…

* LEMONDE.FR | 23.11.11 | 17h3, L’état-major d’EELV en réunion d’urgence