l’écologie politique, vision par-delà droite et gauche

Les écologistes sont-ils de droite ou de gauche ? Dès l’origine, la pensée des écologistes a été globale, embrassant toutes les activités humaines, y compris l’organisation de la société : c’est donc une pensée fondamentalement politique, au sens où la politique est l’art de gérer la cité, autrement dit la prise en charge du destin global d’une collectivité. Les écologistes ont une identité propre qui les oppose aux libéraux comme aux socialistes. Les militants des années 1970 affirmaient leur indépendance de pensée et d’action avec d’autant plus de force qu’il n’existait aucun offre politique répondant à leurs aspirations. Mais les succès ont amené, dès le début des années 1980, une adhésion de personnes ayant une culture de gauche, qui ont fini par s’approprier la direction de la principale formation, les Verts (devenus aujourd’hui EELV). La conflictualité récurrente au sein des exécutifs partagés par les Verts et les socialistes suscitent pourtant des interrogations. L’acrimonie de ces cohabitions montre qu’il ne s’agit pas de difficultés liées aux personnes, mais bien de cultures difficiles à concilier. Il faut donc préciser l’identité de écologisme, qui ne peut se résumer à des postures dogmatiques (centrale nucléaire, TGV…) ou à la seule dimension environnementale.

L’écologie, au sens scientifique, est une pensée des relations : l’individu ne peut prendre son sens que relié à son milieu : l’écosystème, l’espèce humaine, le groupe, la famille…Les écologistes peuvent être appréhendé comme des conservateurs en tant que défenseurs de la biodiversité, des paysages et des identités régionales. Mais aussi comme progressistes, ils veulent une évolution des rapports économiques, culturels et éthiques de la société humaine avec la Terre. L’écologie politique, prolongeant le constat scientifique de la complexité des écosystèmes, cherche avant tout à préserver les harmonieuses toujours fragiles que l’évolution lente de la vie et des sociétés a pu produire entre les hommes et la nature, et entre les hommes eux-mêmes. L’absence d’attachement à un territoire, impuissance à traduire dans l’action concrète les signaux d’alerte émis par la communauté scientifique, fragilisent les convictions « écologiques » qui peuvent s’exprimer parmi les responsables politiques, à droite comme à gauche.

Le capitalisme flamboyant crée aujourd’hui les mêmes paysages urbains, au Japon, aux États-Unis, au Qatar, au Brésil. La modernité appliquée à la conception des villes s’ancre dans une idéologie du progrès à gauche et dans l’affirmation du pouvoir économique à droite. Le résultat est le même. La ville idéale des écologistes n’a pas le même visage et ne sert pas les mêmes intérêts que celle admise ou voulue par les socialistes et les libéraux. L’écologie politique défend le droit de chacun à préserver ses racines et ses repères. On est porteur d’un héritage, on habite un lieu particulier ; l’émigration forcée est un déracinement, c’est-à-dire une souffrance. En un sens, l’écologie politique pourrait être considérée comme relevant d’une démarche conservatrice. Mais devant les menaces de plus en plus précises d’écocide global que fait peser le système actuel, non durable et injuste, elle doit en même temps assumer une dimension de rupture avec le modèle existant, et proposer une refondation audacieuse. Conservatrice et révolutionnaire tout à la fois, voilà sans doute la voie propre de l’écologie politique.

Antoine Waechter et Fabien Niezgoda, Le sens de l’écologie politique, Une vision par-delà droite et gauche (aux éditions Sang de la Terre, 104 pages pour 15 euros)

4 réflexions sur “l’écologie politique, vision par-delà droite et gauche”

  1. Bonjour Didier Barthès
    Aujourd’hui il y a « mille » définitions de la droite et de la gauche, et c’est bien là le problème. C’est ce que disais en introduction. Le problème aussi, c’est que nous avons tous nos contradictions, nos paradoxes. J’ai donc MA définition, et vous avez la VOTRE.
    Bien entendu vous avez raison au sujet de la célèbre formule du monopole du cœur. Que répondre à ça, si ce n’est que la droite ne détient pas non plus le monopole de la sauvagerie.
    Où nous faut-il alors ranger les Gorz, Ellul, Illich et Compagnie ? Et ce pionnier du communisme, ce célèbre Monsieur Christ… où nous faut-il le mettre celui-là ? En plus il était, dit-on… un homme ET EN MÊME TEMPS… un dieu. Probablement celui-là fait-il partie des quelques exceptions de ces grands humanistes qu’on ne peut classer ni d’un côté ni de l’autre, étant comme ceci et en même temps, comme cela. Réjouissons-nous alors, IL est revenu sur Terre.Où nous faut-il alors classer certains « humanistes » portant et défendant une conception plus que bizarre de l’homme et de l’humanisme, comme ces tristes sires animés par cette sinistre idéologie, et qui probablement dans un élan démesuré d’humanisme… n’ont pas hésité à exterminer des millions d’humains « imparfaits » dans l’intérêt de l’humanité… plus exactement de leur race de bons à rien.
    Je disais précédemment que les pionniers de l’écologie politique n’étaient pas nécessairement encartés à droite ou a gauche, peut-être même que certains étaient des gens de gauche qui s’ignoraient…Selon vous la gauche se caractérise par l’idée « que tout est dépendant de la volonté des hommes et que bien organisés nous pourrions tout faire, tout donner à tous. »A droite donc ce serait le contraire, on penserait qu’il y a quelque chose d’autre au-dessus de l’Homme, quelque chose qui le dépasse et qui lui dicte sa volonté : Dieu évidemment. D’autres disent Allah, d’autres La Nature ou Dame nature ou Gaïa , peu importe. Bien sûr tout ça se tient.
    Sauf qu’aujourd’hui nous sommes bien obligés de constater que « Dieu est mort », du moins en Occident (voir Nietzsche, ou Onfray), et que depuis un moment déjà l’Homme, fort de sa Science, non seulement se prend pour Jupiter mais se prend pour Dieu en s’autorisant aujourd’hui à bricoler le vivant, et à se croire tout permis.
    Pas si simple donc de dire où se situe cette écologie politique. Force est de constater effectivement que l’écologie est à la fois conservatrice , ET EN MÊME TEMPS, innovante.
    Il n’empêche que pour moi, la sauvegarde de l’environnement (laissons-donc tomber ce concept d’ « écologie ») est absolument impossible sur cette voie libérale.

  2. Bonjour Michel,
    Je ne vois pas pourquoi la gauche s’arrogerait le monopole du cœur selon une formule célèbre et notamment en aucun cas pourquoi l’humanisme des Gortz, Ellul, Illich, Charbonneau ou Dumont les classerait de ce fait à gauche.
    Pour moi au contraire, l’écologie n’est pas vraiment à gauche dans le sens où elle met d’abord en avant les contraintes de la nature et ne donne pas tout pouvoir à l’homme, or la gauche je crois, à justement prétention à prétendre que tout est dépendant de la volonté des hommes et que bien organisés nous pourrions tout faire, tout donner à tous. C’est une erreur à mon sens et qui inévitablement ira à la fois contre l’humanisme et contre la nature.

    Ici une autre critique de cet ouvrage tout à fait intéressant et qui fait bien le point sur l’écologie politique :
    http://economiedurable.over-blog.com/2017/04/le-sens-de-l-ecologie-politique.html

  3. Il est bien regrettable que les notions de gauche et droite soient devenues à ce point si floues dans les têtes des « citoyens » et autres « éco-citoyens ». Il faut dire qu’on a tout fait ces dernières années pour qu’il en soit ainsi, si c’était le but recherché on n’aurait pas pu mieux s’y prendre.

    Si on remonte au 19ème siècle on retrouvera la gauche historique, celle qui a fait la révolution de 1848, celle qui a mené la Commune de Paris. On pourra retrouver les valeurs qu’elle portait, et on pourra voir ces 2 visions du Monde et de l’Homme qui s’opposaient. Bien sûr il en a coulé de l’eau sous les ponts depuis tout ce temps, et la gauche d’aujourd’hui n’est plus la gauche de Grand-Papa.
    Quoi qu’il en soit aujourd’hui encore le social, notamment la justice sociale, la solidarité, l’humanisme, la laïcité… sont toujours des valeurs qui prévalent à gauche.

    Le conservatisme, notamment dans les domaines de la morale, de la religion, des valeurs séculaires, se retrouve en effet à droite. L’attachement à l’ordre, le respect de la hiérarchie, l’autorité, les valeurs travail, famille et patrie… sont bien des valeurs de droite, et aujourd’hui encore.
    Toutefois, ce n’est pas le conservatisme à lui seul qui définit la droite. La droite se caractérise aussi par la promotion de l’individualisme et du libéralisme. Il y a déjà là une contradiction ne serait-ce qu’avec le conservatisme religieux, le pouvoir royal d’essence divine. Mais c’est comme ça, nous avons tous nos contradictions.

    L’écologie politique n’est apparue que récemment dans cette vision binaire du Monde. Des gens soucieux des autres (humanistes) ont compris l’intérêt de sauvegarder le cadre, la nature… ( « le milieu de vie », disait André Gorz ) bref l’environnement dans lequel évoluait l’Homme et dont le bon état était indispensable à sa vie et son épanouissement. Ce furent les pionniers de l’écologie politique.
    Pas nécessairement engagés et étiquetés politiquement, laïques ou religieux … ces gens-là (Gorz, Illich, Ellul, Charbonneau, Dumont…) rêvaient d’un monde « durable » dans lequel primerait l’humain (l’humain d’abord !) Ils ne pouvaient donc être que de gauche. L’écologie politique est donc née à gauche.

    Puis l’écologie est devenue « à la mode »… l’environnement et la Nature aussi, certains ont fait renaître de vieilles religions, on s’est remis à prier Notre Bonne Mère Gaïa… bref l’écologie a été récupérée par les uns et les autres, le Capitalisme s’est refait une beauté en se repeignant en vert, on nous a bourré le mou avec la « croissance verte », le « développement durable » et autres oxymores séduisants…

    Et aujourd’hui on ne sait plus si sa véritable place est à droite ou à gauche. L’écologie est donc « ni-ni ». Et c’est la fin des haricots !

  4. « L’écologie politique défend le droit de chacun à préserver ses racines et ses repères.  »

    Que du bon sens :
    l’ environnementalisme n’ a donc rien à voir avec la gauche cosmopolite libtarde immigrantophile et destructrice de cultures , ces fils de p…e !
    L’ immigration engendrée par le gros patronat mondialiste (Bouygues ) = droite bourgeoise affairiste et poursuivie au galop par la gauche islamophile libertarienne boboide utopiste et largement hypocrite .

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