Leçons de géopolitique avec Lula da Silva

Dans un contexte international troublé et guerrier, le président brésilien, 79 ans, reste fidèle à ses priorités, la défense de l’environnement et la lutte contre la pauvreté.

Luiz Inacio Lula da Silva :

– Le Brésil a condamné dès le début la violation de l’intégrité territoriale de l’Ukraine par la Russie.

– A Gaza, on n’assiste pas à un affrontement entre deux armées, mais à un massacre de civils par une force militaire très sophistiquée. Pour moi, c’est un génocide.

Seul un État palestinien viable peut garantir une paix durable dans la région.

– Les dépenses militaires mondiales ont explosé, pour atteindre 2 700 milliards de dollars en 2024. C’est hallucinant

L’Europe consacre désormais des milliards à son réarmement. Si l’on ne parle que de guerre, il n’y aura jamais de paix.-

– Trump a été élu pour gouverner les États-Unis, pas pour gouverner le monde !

Nous sommes prêts à appliquer une loi de réciprocité sur les droits de douane.

– Au Brésil, ce sera une COP30 sérieuse où la société civile sera amenée à se manifester.

Le fait de l’organiser à Belem, en Amazonie, présente au monde la forêt tropicale et les défis pour la préserver.

Les États-Unis ne peuvent rester en dehors de l’accord de Paris, ni hors de la planète Terre.

– Le refus de la réalité se répand dangereusement, menaçant les institutions démocratiques.

Les réseaux digitaux n’ont rien de « sociaux », il est toujours plus facile d’agresser que de débattre.

Il devient difficile de convaincre la population des bienfaits de notre politique.

– Les pays riches, deux cents ans d’industrialisation basée sur les gaz à effet de serre, ont une dette historique et doivent l’assumer.

Le Brésil est doté du mix énergétique le plus propre du monde : 90 % de notre électricité provient du renouvelable.

Il n’y a pas d’un côté le Sud, et de l’autre le Nord. Cette division n’a pas de sens.

– L’ONU doit retrouver son rôle de médiateur, car aujourd’hui ses décisions sont ignorées et l’Organisation est paralysée.

Nous avons plus que jamais besoin d’une gouvernance mondiale.

Le remède à la crise, ce n’est pas moins de démocratie, mais plus de démocratie.

Le point de vue des écologistes

Bravo Lula, bonne analyse des errements mondiaux. Mais un bémol cependant. Lula, tu défends l’exploitation pétrolière dans le delta de l’Amazone, un projet vivement critiqué par les ONG. Il y a contradiction entre climat et énergie quand on consacre la merde du diable (le pétrole) au développement économique. L’argent du pétrole ne permet pas de financer une transition énergétique, pendant un laps court de temps il fait vivre le pays au dessus de ses moyens à long terme. Alors que notre planète est de plus en plus malade, les politiques ont tout intérêt à entretenir la schizophrénie ambiante : ils sont élus pour une courte période, pas pour gérer  le long terme.

Le Brésil a déjà montré qu’il n’était pas à l’abri des sirènes de l’extrême droite. L’expérience de Bolsonaro au Brésil montre que la victoire de l’extrême droite n’est jamais anodine. Une fois aux responsabilités, l’extrême droite ne se modère pas. Au pouvoir de 2019 à 2023, le capitaine a entraîné le Brésil dans quatre années tragiques et ubuesques, entre désastre du Covid-19, saccage de l’Amazonie, explosion des armes à feu, vulgarité, machisme et homophobie exacerbée, ostracisme international… Lula ne pourra pas grand-chose contre l’aveuglement des foules élisant des populistes.

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Brésil, une surpopulation qu’on a bien voulu

extraits : Lors du premier recensement effectué au Brésil en 1872, ce pays ne comptait que 10 millions d’habitants, aujourd’hui 215 millions. 33 millions de Brésiliens sont aujourd’hui confrontés à la faim, soit 15 % de la population. Et 125 millions – plus de la moitié du pays – sont touchés à des degrés divers par une forme d’insécurité alimentaire. L’assistance aux pauvres, si elle n’est pas accompagné d’un planning familial durablement fonctionnel, ne peut qu’accroître les problèmes. Le président Lula avait annoncé en 2007 un nouveau programme de planning familial prévoyant notamment une réduction de 90 % du prix des contraceptifs. Pour les hommes, les démarches d’accès à la vasectomie étaient facilitées dans le système public de santé….

Démographie, le Brésil en perdition !

extraits : La croissance démographique du Brésil a été longtemps soutenue par une très importante immigration européenne, au XIXe siècle et au premier quart du XXe siècle. On impose la langue, le portugais, et on détruit les structures ancestrales des autochtones. Une politique de grand remplacement ? Puis l’accroissement naturel devient la cause quasi exclusive de la croissance démographique brésilienne. La deuxième phase de la transition démographique, fort taux de natalité par inertie culturelle et chute de la mortalité par les avancées de l’hygiène et de la médecine, s’accompagne d’une explosion démographique. Difficile pour un pays émergent d’arriver à un développement économique suffisant pour faire baisser assez rapidement le nombre de naissance. Aujourd’hui le taux de fécondité est de 1,72 enfants par femme (2019), moindre que le taux de remplacement. Mais la part très importante de la population en âge de procréer entraîne encore un taux de croissance de la population de 0,7% en 2020 : décélération et non diminution de la population…

Bolsonaro au Brésil, le massacre de l’Amazonie

extraits : Le président brésilien Jair Bolsonaro nous ramène aux heures les plus sombres de la colonisation : « Quel dommage que la cavalerie brésilienne ne se soit pas montrée aussi efficace que les Américains. Eux, ils ont exterminé leurs Indiens… » Le 1er janvier 2019, le leader de l’extrême droite, qui avait promis lors de sa campagne qu’une fois élu « pas un centimètre carré de terre ne serait octroyé aux indigènes », a signé la mesure provisoire 870 qui ôte à la Funai le rôle de démarcation des territoires indiens pour l’attribuer au ministère de l’agriculture…..

7 réflexions sur “Leçons de géopolitique avec Lula da Silva”

  1. Didier BARTHES

    Peut-on quand même rappeler que le même Lula s’est encore affiché récemment au défilé militaire russe entouré de Vladimir Poutine, Xi Jinping et Kim Jong-un, soit les trois grands dictateurs de la planète. ?
    Qu’il soit un peu plus écolo que son prédécesseur, sans doute, mais delà à l’encenser de cette manière, c’est faire peu de cas de ceux qui souffrent de ces dictatures à qui Lula apporte son soutien via sa présence à cette démonstration de force militaire (genre de choses pourtant généralement peu appréciées sur Biosphère).

    1. Monsieur Barthès, vous avez décidément un gros problème avec le rouge.
      Attendez de lire le commentaire que je viens d’envoyer, et qui est encore coincé dans les tuyaux (décidément ce beug commence à bien faire !), ainsi qu’un second en attente, et qui parle justement de ça… et puis vous me direz ce que vous en pensez. Ou pas.

      1. Didier BARTHES

        Si vous trouvez que c’est bien de se faire photographier au milieu des dictateurs, de ne pas admettre que c’est les soutenir….
        Oui, j’ai un problème avec le communisme parce que partout il écrase l’Homme, parce que partout où il s’installe les hommes tentent de le fuir et j’ai bien du mal à comprendre votre soutien indirect à ces causes, pourquoi fermez vous les yeux ?

    2. 3ème tentative d'envoi

      Parmi les critiques qu’on peut faire à Lula, il y a bien sûr son soutien à ce méga-projet pétrolier. Ce genre de critiques n’est que le prix à payer lorsqu’on cherche à faire plaisir à tout le monde (consensus). Or, dans un monde aussi complexe que le nôtre c’est une tâche quasi impossible. Aussi talentueux funambule qu’on puisse l’être, et dieu sait combien s’il y en a, de ceux-là, tôt ou tard on risque fort de se casser la gueule.
      – Visite de Lula en France : « Le Brésil essaye constamment d’être sur la corde raide »
      (publicsenat.fr 04/06/2025)

    3. esprit critique

      D’autre part, peut-on dire que Lula soutient Poutine ? Et les dictateurs en général.
      Répondre par l’affirmative, c’est faire peu de cas des nuances. C’est penser d’une manière binaire, comme qui se ressemble s’assemble… les amis de mes ennemis sont (nécessairement) mes ennemis… et autres niaiseries du même genre.
      (genre de choses pourtant généralement peu appréciées sur Biosphère).
      En attendant, entre Bolsonaro et Lula pour moi il n’y a pas photo.

    4. Quant aux leçons à retenir de Lula, il y a justement son rapport à l’armée.
      – Brésil : Lula et l’armée, entre guerre et paix (france24.com 13/01/2023)

      – « … je répète, les pays les plus militarisés sont les pays communistes » (Didier Barthès 4 juin 2025 à 17:45)
      Moi aussi je répète, en campant sur de vieux clichés, comme celui-ci, on s’interdit de décoloniser son imaginaire, et donc l’exploration d’autres possibles, et c’est dommage.
      Bien qu’il soit simpliste de le qualifier de « communiste », Lula est sans conteste un leader politique de gauche. On peut regarder le poids du budget défense du Brésil de 2003 à 2010, maintenant depuis 2023, les chiffres en matière d’effectifs, de matériels, le type d’opérations dans lesquelles son armée a été engagée, et finalement comparer. (à suivre)

      1. (suite et fin) Bref, juste pour dire que communisme (ou rouge) ne rime pas nécessairement avec grosse armée, grands défilés pour exhiber au monde entier son attirail militaire, grands bains de sang etc. Et si le «doute» persiste, ON peut toujours demander à ChatGpt : Les pays communistes sont-ils les plus militarisés ?
        De même : Lula soutient-il Poutine ? etc.

        Comme il m’en reste un peu…
        – « Le Brésil a déjà montré qu’il n’était pas à l’abri des sirènes de l’extrême droite. […]
        Lula ne pourra pas grand-chose contre l’aveuglement des foules élisant des populistes. »
        Entièrement d’accord avec Biosphère. D’autant plus avec le faible écart qui lui a permis de l’emporter face à Bolsonaro, qui n’a certainement pas dit son dernier mot.

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