Gandhi ne voudrait pas de la Tata Nano

Dans l’article sur la voiture la moins chère du monde, le journaliste se permet d’écrire que « la conception de la Tata Nano est fidèle aux principes du mahatma Gandhi ».Jamais je n’aurais pensé qu’une récupération puisse aller aussi loin. Gandhi n’est pas connu par des considérations générales du type « obstination » et  « irrévérence vis-à-vis des standards qui dominent l’industrie ».  Il ne faudrait jamais oublier qu’il voulait concrètement que nous revenions au plus simple, le rouet contre la machine textile et les industriels, le sel fabriqué par le pays contre le sel que nous fournit le commerce.            

 Rappel : Gandhi, qui avait rejeté le tabac dès son adolescence, avait décidé à 28 ans de vivre de la façon la plus économique possible. Il décida d’abord de boycotter son coiffeur et son blanchisseur, il s’occupait aussi directement de ses enfants, à sa façon. Gandhi avait mis les jouets d’un enfant sur une étagère. A celui-ci qui le lui demandait, il expliqua : «  Tu sais que c’est un jouet importé de l’étranger. Si je te le donne, tu sais aussi que nous ne pourrons pas jouer ensemble. »   Il se nourrissait de manière frugale et finit par se vêtir d’un simple pagne. Il avait demandé aux Indiens d’adopter le kadhi, ce coton tissé main qui permettait de rejeter les étoffes importées d’Angleterre. En filant et tissant la fibre naturelle récoltée sur le sol indien, l’Inde pouvait se mettre sur les chemins de l’indépendance, acquise en 1947.  Aujourd’hui les Hindous devraient suivre l’enseignement de Gandhi et résister aux tentations. Mais l’Inde se rêve au contraire de paillettes et de néons, elle s’éloigne de plus en plus de l’ascétisme que prêchait le père de la nation. Le kadhi n’est plus vraiment à la mode et les designers indiens ne rêvent que de conquérir les marchés occidentaux de la haute couture. Maintenant les industriels s’intéressent à la voiture à 1700 euros pour accélérer les émissions de gaz à effet de serre. Gandhi est aux antipodes de tout cela. 

Gandhi aujourd’hui aurait certainement  prédit : « En vérité, en vérité je vous le dis, le renoncement à la voiture sera un jour la loi pour tous. »