pétrole, monde de brut(es)

La Biosphère ne peut que craindre la marchandisation de la planète. Aussi LeMonde argent (25-26.02.2008) a toutes raisons de mettre en exergue cette citation d’Oscar Wilde : « Aujourd’hui, les gens connaissent le prix de tout et la valeur de rien ». Alors pourquoi consacrer un supplément de 8 pages uniquement sur des valeurs monétaires ?  Parce que LeMonde a aussi besoin d’argent, tout simplement. Encore faut-il  comprendre à bon  escient les événements.

Prenons l’article « pétrole, monde de brut ». J’attendais une critique d’une société basée sur le tout pétrole qui va rencontrer prochainement, après le pic pétrolier prévu incessamment sous peu, un monde de brutes. Je ne rencontre que célébration du brut comme valeur refuge. Comme quoi l’argent fait bien perdre le sens des vraies valeurs. Le journaliste fait d’abord porter la responsabilité d’un baril à 100 dollars sur les méchants spéculateurs. Heureusement en fin d’article je retrouve quand même quelques fondamentaux, épuisement des ressources fossiles, fin de l’extraction d’un pétrole facile. Et la conclusion de JM Bezat devrait faire transpirer tous les politiques : Washington a peu de chances de faire pressions sur l’OPEP pour qu’elle booste sa production (et que le prix du baril retombe).

L’ère de la facilité se termine. Comme dit Colin Campbell dans LaRevueDurable (février-mars-avril 2008) : «  Ce que fournit aujourd’hui au monde l’énergie du pétrole, c’est l’équivalent de 22 milliards d’esclaves travaillant nuit et jour. La société vit grâce au pétrole depuis plus d’un siècle et doit maintenant  réaliser qu’elle devra se débrouiller sans énergie alternative aussi pratique à utiliser et facile à extraire. Bien sûr, on peut toujours remonter à cheval.[rires] »

 NB : Colin Campbell est fondateur de l’Aspo, association pour l’étude du pic pétrolier.