L’équation de KAYA et la question démographique

Il est politiquement absurde d’ignorer la variable démographique et de se polariser sur la décroissance économique. La solution au réchauffement climatique passe obligatoirement par ces deux axes, réduire la fécondité humaine ET agir pour une sobriété partagée. L’équation de KAYA présente les causes du réchauffement climatique ; elle met en relation l’influence et le poids de l’activité humaine en termes d’émission direct de gaz à effet de serre :


CO2 =
(CO2 : TEP) x (TEP : PIB) x (PIB : POP) x POP => CO2
(CO2 : TEP) : contenu carbone d’une unité d’énergie (qui peut s’exprimer en TEP, tonnes d’équivalent pétrole)
Cela correspond à un choix de ressources naturelles, charbon ou gaz, électricité, énergie renouvelable ou non, nucléaire
(
TEP : PIB) : quantité d’énergie requise à la création d’une unité monétaire (qui peut correspondre au PIB)
C’est l’intensité énergétique de l’économie ou inverse de l’efficacité énergétique (qui serait PIB : TEP)
(PIB : POP) : production par personne ou niveau de vie moyen
POP : nombre d’habitants.

Tout est interdépendant, on ne peut agir sur un des termes sans considérer ce qui se passe ailleurs.
–  si on divise par 3 les émissions de gaz à effet de serre, il faut aussi que l’ensemble des autres éléments soit divisés par trois. Peu importe mathématiquement ce qui est réduit. Cette division par 3 au niveau mondial est une approximation liée à un seuil (politiquement décidé) de 2°C de réchauffement. Les dernières indications scientifiques montrent qu’il ne faudrait pas dépasser le seuil de 1,5°C d’ici 2050, soit une division par 4 (c’est-à-dire – 75%). Ce facteur 4 était envisagé par la premier ministre Raffarin dès 2003 !

Jean-Marc Jancovici : « Quand Bush a annoncé qu’il allait diminuer l’intensité énergétique de l’économie américaine de 18% en 10 ans, il est facile de voir que cela ne porte que sur l’un des termes de cette égalité (TEP/PIB). Et le reste ? Si la production économique par personne (PIB/POP) augmente de 25% dans le même temps (ce qui représente une croissance de 2,5% par an, soit un objectif conservateur pour n’importe quel gouvernement), avec une population (POP) qui augmente de quelques % dans le même temps (simple prolongation des tendances aux USA), et un contenu en carbone qui reste constant (assertion raisonnable compte tenu des tendances actuelles aux USA), le résultat sera une hausse des émissions de CO2, pas une diminution ! »

la tendance moyenne d’augmentation démographique est de 30 % d’ici 2050, soit un peu plus de 9 milliards d’habitants. Il faudrait donc diviser les autres indicateurs par 4, ce qui veut dire par beaucoup plus que 4 pour les pays les plus émetteurs. On mesure les efforts à demander à la population, gigantesque, sachant qu’on ne peut agir dans le court terme sur l’évolution démographique étant donné son inertie.

Hypothèse d’une croissance annuelle moyenne du PIB de 2 % (2,3 % est atteint en 2012 et 2013) sur 40 ans, soir une multiplication de 2,2. La population serait multipliée par 1,33. Il faudrait donc diviser les autres indicateurs par 9. Or le « contenu en gaz carbonique de l’énergie » a juste diminué de 10 % sur les 40 dernières années. D’autre part le découplage entre TEP et PIB se heurte à l’effet rebond.

Étant donné ce qui précède, nous sommes forcément voués à une décroissance à la fois économique (récession, dépression…) ET démographique (épidémies, guerres et famine). Il nous faudrait devenir malthusien, mais nous ne nous en rendrons collectivement compte que quand il sera trop tard.

8 réflexions sur “L’équation de KAYA et la question démographique”

  1. Les deux questions ne sont pas les miennes mais celles que devraient se poser ceux qui s’obstinent dans le déni de l’augmentation démographique.
    J’ai remarqué que dans vos commentaires, vos arguments d’autorité tournent autour de Mme Irma ou Mme Soleil… Personnellement, je ne connais pas ces personnages.

  2. Esprit critique

    Oui c’est bon, pas besoin d’être docteur en mathématiques pour savoir ce qu’est une exponentielle et tout le monde sait que la population mondiale continue de croitre. En attendant, même si je ne comprends pas vos deux questions, je vous invite à aller demander ça à Madame Irma.

  3. Esprit critique

    Il est tout aussi absurde de se polariser sur le (sur)nombre. D’autant plus absurde que l’«explosion» est derrière nous, que le taux de fécondité est en baisse etc. On peut toujours faire plus certes, sauf qu’il y a l’inertie. Alors à moins de prôner des solutions radicales (comment dire ça en langage politiquement correct ?) et ainsi en rajouter au réchauffement du climat social, on ne peut qu’accepter la réalité.
    Par contre qu’en est-il des avancées du côté de la (dé)croissance économique et de cette «sobriété partagée» ? +2,5% de croissance mondiale en 2020, +5,5 % attendus en 2021. La réalité de ce côté là c’est indéniablement TOUJOURS PLUS. Alors comme dit l’autre, halte au sketch !
    L’équation de Kaya est d’autant plus vraie qu’elle est totalement vide. En la réduisant on obtient CO2 = CO2. Bon courage pour démontrer sa nullité.

      1. La décomposition d’un ensemble permet d’en discuter les différents éléments. Voici l’analyse de Kaya faite par Jancovici :
        Pour cesser d’enrichir l’atmosphère en gaz carbonique il faut diviser les émissions mondiales de 2010 par 3 au moins. Puisque la population est tendanciellement multipliée par 1,3 alors que les émissions doivent être divisées par 3, cela signifie que l’ensemble des autres facteurs doit être divisé par 4.Une augmentation de 2% par an du PIB par habitant, ce que tout élu tente d’obtenir , multiplie cette valeur par 2,2 en 40 ans, ce qui signifie que le reste des autres facteurs de la partie droite de notre équation doit alors être divisé par 9. L’intensité énergétique peut-elle être divisée par 10 en 40 ans ? Elle a baissé de 30% en 35 ans dans le monde… parce que PIB augmente plus vite que la consommation d’énergie.

    1. En maths, on apprend la différence entre une progression géométrique (exponentielle) et une progression arithmétique (linéaire).
      Même si la croissance démographique exponentielle fait place à une croissance démographique linéaire depuis ce début de siècle, il n’en reste pas moins vrai que la croissance démographique qui continue n’est pas derrière nous mais devant nous. Monsieur l’agent, je roule à 130 km/h, certes, je continue d’augmenter ma vitesse mais j’accélère beaucoup moins depuis j’ai atteint les 130!
      Si on admettait qu’il y ait baisse « prochaine » de la surpopulation, dans combien de siècles retrouverions-nous les trop nombreux 6 milliards d’habitants de 1999? Et les trop nombreux 4 milliards de 1975?

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