les Amish de mes Amish ne sont pas mes Amish

Les Amish, communauté anabaptiste surtout implantée en Ohio et Pennsylvanie, vivent en autarcie et de façon simple. Leur première règle, plutôt sympa, est : « Tu ne te conformeras point à ce monde qui t’entoure ». Les Amish ont conservé, contre vents et marées, le mode de vie et la langue qui les a vu naître en Suisse allemande sous la férule de Jacob Amman (d’où le sobriquet d’Amish) à la fin du XVIIe siècle. Les Amish, non soluble dans la modernité, ont même fini par obtenir de ne plus être imposables car ils ne coûtent quasiment rien à l’État : pas d’eau courante, pas de raccordement électrique, pas de sécurité sociale, pas de recours à la justice… Le rapprochement avec les militants de la décroissance est évidemment facile. On y retrouve une même critique des possessions matérielles, le refus du consumérisme et des dépendances techniques, une prééminence des valeurs de partage : « moins de biens plus de liens ». Les deux démarches sont en tout cas anti-progressistes, quasiment médiévale pour les uns, postindustrielle pour les autres.

Si les Amish ne nous ont pas attendus pour inventer la décroissance à la lettre, cela s’accompagne d’une doctrine invasive de progénitures. L’effectif des Amish, de 120.000 en 1992, a plus que doublé en moins de 20 ans ! De 1900 à 2008 la population Amish était déjà passée de 5.000 à 227.000 (+ 4440 %) ! Ce dynamisme démographique, proche de la génération spontanée, est celui d’une hyper natalité puisque la famille nombreuse est de rigueur, avec une moyenne de huit enfants par couple. Je comprends mal comment on peut en appeler à une décroissance économique sans sous-tendre conjointement l’idée d’un pacte dénataliste.  L’écologisme dénataliste est un urgentisme : des ressources en voies épuisement, les derniers restes des énergies fossiles, des sols biologiquement morts, une planète chauve et en déliquescence, des mers vidées de leur contenu, une première phase d’extinction massive des espèces provoquée par l’homme, une crise écosystémique qui ne fait que commencer…

J’ajoute que les Amish vivent en phallocratie niaise et triomphante.

Michel Tarrier, Écologue, écosophe, polémiste.

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