les apprentis sorciers de la techno

« Imaginons un monde où l’électricité serait abondante, bon marché et non-émettrice de gaz à effet de serre. » C’est ainsi que se termine l’article dithyrambique de Stéphane Foucart sur l’arbre artificiel qui va piéger le CO2 : demain y’aura des lendemains qui chantent ! Encore un exemple de la géo-ingénierie qui prend pour un fait acquis le fait que nous allons encore produire 70 millions d’automobiles chaque année : il n’est pas besoin d’économiser l’énergie, il suffit de trouver des remèdes technologiques aux conséquences négatives de la technologie. La résine miracle qui piège le carbone, fabriquée avec du pétrole pour éviter les effets de la combustion de pétrole, débute ses essais préliminaires dans un baraquement d’une douzaine de mètres de longueur, et déjà on parle de l’invention d’un des « types les plus intelligents de la planète ».

Juste en dessous, pour nous rassurer, un autre article (LeMonde du 26 décembre) sur l’immense supercherie d’un biologiste moléculaire dont les résultats ont été citées un demi-milliers de fois pour être invalidés aujourd’hui. Croyez vous encore à l’histoire de l’apprenti sorcier ? Ce n’est plus un dessin animé, les apprentis sorciers sont là tout autour de nous, dansant leur danse macabre techno avec l’aide des médias. Bien sûr les commentateurs récurrents de ce blog vont condamner le totalitarisme des technophobes verts. Cela ne changera pas le fait que notre système cultive la contre-productivité en croyant faire des progrès. Exemple :

Dans les années 1970, Ivan Illich avait déjà réfléchi à l’inefficacité de certains systèmes sociaux. Par exemple la « vitesse généralisée » d’un mode de transport n’est pas le simple rapport entre la distance parcourue et le temps du parcours. Elle ajoute à ce temps de parcours le temps passé à gagner de quoi se payer l’usage d’un mode de transport. Jean-Pierre Dupuy a calculé que la vitesse généralisée d’un automobiliste est de 7 kilomètres à l’heure, soit un peu plus que celle d’un piéton. La contre-productivité des transports automobiles fut renforcée depuis cinquante ans par une politique d’urbanisme et d’aménagement du territoire conçue autour de l’automobile. La construction du mythe de la vie heureuse en pavillon avec jardin entraîna un étalement urbain. Si bien que dans les pays de l’OCDE, le temps passé entre le domicile et le travail n’a pas diminué depuis 1850, malgré la prétendue augmentation de la mobilité et de la vitesse de la modernité automobile. Le gain de vitesse des engins fut intégralement absorbé par l’étalement des faubourgs, l’éloignement géographique des lieux d’habitation et de travail, des écoles et des hypermarchés. Au lieu d’abandonner ce système  débile, on veut cultiver des arbres artificiels pour piéger le CO2

4 réflexions sur “les apprentis sorciers de la techno”

  1. Je suis paysagiste, je plantes des arbres donc je suis plus « green » que la moyenne des gens sur cette planète… ce genre d’amalgame vaut le vôtre : « urbanisme et étalement urbain ». Et j’ai bien peur que cela ne définisse mal le problème, et en fait même si dans le font vous avez raison, mais je préfère dire que se sont les 30 glorieuses qui en sont responsables (en référence au problème du mouvement pendulaire « métro boulot dodo » que vous avez soulevé)

    voici un liens qui m’a fait beaucoup de bien :

    suivez le liens de la conférence de Thierry Paquot
    « Qu’est-ce que l’urbanisme ? Pour une géo-histoire d’une impossible discipline »

    http://www.aurh.asso.fr/actualites.html

  2. Très bon article sur la technologie pour résoudre les maux d’une mauvaise utilisation de la technologie, comme un cercle vicieux qui crée ses propres problèmes. Cet article aurait mérité de plus amples détails/exemples.
    Merci.

  3. Pardon, Jemerappelle, vous osez écrire que l’histoire a donné tort à Malthus ??
    – crise alimentaire et famines récurrentes
    – sous-développement chronique
    – peak oil
    – épuisement dans moins d’un siècle du quart des ressources connues de terres rares
    – épuisement dans moins de deux siècles de nombre de matières premières
    – quasi-fin du nombre de terres arables restantes

    L’histoire prouve seulement qu’en courant assez vite en fermant suffisamment bien les yeux on peut temporairement donner tort aux théories de Malthus.

  4. D’abord bonne fête de Noel, votre article montre la motivation centrale de votre blog, qui est en fait contre l’humanité, votre souhait est que l’homme disparaisse de la planete.

    Mais là, vous devez vous rendre à la dure réalité, l’homos sapiens n’a cessé d’exercer sa sagacité pour maitriser la nature, il est le seul animal qui a cette capacité.

    L’Histoire a donné tort et condamné Malthus, lui aussi niait le progrès et considérait l’homme comme un animal sans intelligence..

    N’êtes-vous pas subjugué d’admirations depuis l’homo habilis à l’homo sapiens, comment l’espece des homonidés à réussi à devenir l’acteur de son destin?.

    Tout comme les dinosaures, peut-être que l’homme disparaitra, mais c’est juste une analogie historique pour vous faire plaisir en cette fin d’année.

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