Les écologistes disent non au cannabis (2/2)

Beaucoup plus fort en THC (tétrahydrocannabinol), le nouveau cannabis accroît le risque de dépendance et les drogues de synthèse se développent. Plusieurs agences régionales de santé s’inquiètent. Ces produits entraînent un risque de dépendance accru et leurs effets peuvent entraîner une hospitalisation. Des dizaines de lycéens ont développé des effets indésirables après avoir vapoté un e-liquide appelé « Pète ton crâne »… Du point de vue des écologistes réalistes, les drogues ne devraient pas être autorisés. Pourquoi des paradis artificiels alors que préserver la beauté de la nature et profiter de ses bienfaits devrait suffire à notre bonheur. Voici quelques réactions sur lemonde.fr quant à l’usage du cannabis qui montrent la difficulté d’arriver à un consensus sur l’usage des drogues :

Olivier BCD : Et dire qu’on entendait encore des personnes comme le sociologue Jean Viard ce week-end demander la légalisation du haschich (sic)… Ce n’est pas parce que la fumette se développe qu’il faut s’aplatir devant la doxa ambiante. Les effets indésirables sont connus, ils sont désormais renforcés. Le passage vers d’autres drogues dures et/ou de substitution est avéré… Le trafic ne disparaîtra pas avec la légalisation, il se renforcera au contraire avec des produits toujours plus actifs et dangereux. Alors merci aux « abolitionnistes » de ranger leurs arguments dans leur poche., et aux États mais aussi à tous les citoyens de continuer à prévenir, empêcher, lutter contre les drogues. Ce n’est pas parce que l’alcool et le tabac existent et sont légalisés, qu’il faut ajouter d’autres tueurs à la panoplie.

Michel SOURROUILLE : Nous, militants écologistes, nous mangeons de préférence bio et de proximité. Nous sommes allergiques au tabac et au cannabis, abstinent quant aux vins et autres alcools. Nous pratiquons au minimum le lundi végétarien et évitons les nourritures industriellement transformées. Nous refusons les mécanismes publicitaires et ceux de la mode, nous proscrivons l’achat inutile et le besoin artificiel. Nous faisons preuve de sobriété énergétique, ce qui implique de limiter au maximum nos déplacements dans des engins motorisés. Pour les plus avancés d’entre nous, nous n’avons ni télévision, ni carte bancaire, ni voiture, encore moins de smartphone. On peut vivre sans, il suffit de s’organiser autrement. Quand nous allons au bout de notre prise de conscience, nous cultivons aussi un lopin de terre et/ou plantons des arbres fruitiers.
Cessons d’attendre que le système change, il ne changera pas sans nous.

Untel @ Sourrouille : Pas besoin de dix lignes. Vous pouviez simplement écrire : « Nous les Amish ».

Mohamed – dylanologue freudo-lacanien : Même pas besoin qu’il soit Amish. Michel SOURROUILLE me fait penser à ce que j’ai vu sur Arte l’autre soir, un documentaire sur les néo-hippies de l’île de La Gomera. Pour la curiosité, allez-y voir, ça vaut vraiment le coup d’œil. Ils vivent à poils, se nourrissent d’une carotte et de qqs amandes. Ils n’ont ni smartphone ni carte bleue ni rien, ils vivent à la bougie en regardant le couché du soleil qu’ils trouvent beaux. En visionnant ce documentaire vous aurez une idée complète de ce que vous recommande de faire Michel, avoir une vie entre celle des Amish et des néo-hippies de l’Île de la Gomera.

Edoardo : La plupart des contributeurs n’ont aucune idée des dégâts que TOUTES les drogues causent dans les classes populaires. Une forme de défonce ne se substitue pas à l’autre, bien souvent elle s’ajoute. Comment un gosse dépourvu de milieu favorable peut-il espérer réussir quoique ce soit à l’école en étant stone dès le matin. Pour quelle raison croyez-vous que les filles de banlieue soient les seules à terminer un parcours scolaire correct. Parce qu’elles sont clean. Pourquoi les mosquées et les temples évangéliques sont si nombreux dans les quartiers, parce que les familles n’ont guère d’autres endroits safe pour éloigner leur fils de la rue et ses tentations. Les plus forts ont le devoir de protéger les faibles. Vous êtes forts, alors montrez l’exemple.

Paul Sernine : Amusant de voir que certains proposent encore la légalisation comme solution universelle. Petit rappel des faits : au Canada, avec la légalisation – La consommation de cannabis chez les jeunes de 15 a 24 ans est passée de 17,5 % à 27,6 % (source: « Qu’est-ce qui a changé depuis la légalisation du cannabis?  » – statistique Canada). De 60% a 82% des transactions (selon statistique Canada et la SQDC, respectivement) se font encore au marché noir (causes: prix, *taux de THC*). Mêmes constatations aux États-Unis (Névada, le Colorado, le Maine, l’Oregon et l’état de Washington) et en Uruguay (augmentation de la consommation de 9.3% a 15.5% chez les adultes). Par ailleurs 30% des usagers de marijuana ont des problèmes d’abus ou de dépendance (DS Hasin et al., Prevalence of Marijuana Use Disorders in the US Between 2001-2002 and 2012-2013. JAMA Psychiatry).

Gaël COSTE-MEUNIER : Les conséquences de la prohibition : Aucun contrôle des produits, des mélanges très dangereux avec toutes sortes de choses, un accaparement des forces de l’ordre sur des contrôles de simples consommateurs, une impossibilité de faire de la prévention (paquets neutres comme les cigarettes, numéro d’aide pour la lutte contre la dépendance, indication médicales, information sur le contenu réel du produit,…), une absence de contrôle sanitaire (pas de labo qui contrôlent les produits vendus), une exposition des consommateurs à des drogues plus dures (un vendeur légal ne vendrait que du cannabis, le dealer du coin de la rue peut vendre des extasies, du crack, de l’héroïne, …), un financement pour le banditisme et les mafias (milieu qui peut avoir des liens avec d’autres réseaux illégaux comme les réseaux terroristes), un coût médical non diminué par les taxes sur les produits et, pour finir, un pays qui compte le plus grand nombre de consommateurs malgré la prohibition. Temps de changer ?

L Éveillée : Et ça veut dire quoi, que les gens ne sont pas assez matures pour se protéger eux même ? Et pourquoi aller contre leur volonté après tout.

Jacote : J’ai personnellement rencontré un certain nombre de jeunes (18 à 30 ans) au cours de leur hospitalisation « sans consentement » qui souffraient de schizophrenie, pour certains alors qu’ils suivaient de belles études (sc po Paris, Essec, médecine etc). 100% de ceux à qui j’ai posé la question consommaient régulièrement du cannabis depuis plusieurs années. Il ne m’en semble pas utile de faire cesser l’interdit qui s’attache à la consommation de cannabis en le légalisant, je crains que cela ne fasse augmenter le nombre de ces jeunes. Cela dit, il appartient aux parents de les éduquer pour tenter d’éviter cela …

Hasdrubal : Pour avoir connu des cas dans ma famille je peux attester que l usage du cannabis très jeune pendant plusieurs années a conduit à des bouffées délirantes dont on n a pu savoir si c est le début de la schizophrénie ou pas.pas le temps de le savoir car suicide rapide.etait ce le cannabis qui a potentialise une fragilité préalable existante ou l inverse ?il s agissait de cannabis acheté en Hollande à fort taux de Thc.des vies foutues,une famille effondrée. Qu on ne me parle pas d éducation qui aurait pu éviter ça.il aurait fallu isoler déscolariser pour éviter les copains pour aller où ? Il y a un vrai lobby qui monte au créneau pour défendre cette substance. On le voit dans les commentaires

Athanagore Porphyrogenete : Je n’ai toujours pas compris cette évolution récente – un siècle – qui demande à l’état de protéger le citoyen contre lui même. Ce rôle était en générale dévoué à la religion, et par extension à la morale. Quand l’état protège des citoyens d’un autre citoyen, ou d’un groupe, il joue le rôle d’un mur. c’est nécessaire. Mais quand il nous protège de nous même, il est intériorisé. C’est inacceptable. Le contrôle des stupéfiants est l’exemple typique d’un rôle abusif de l’état.

@ Athanagoire : A moins d’être Robinson Crusoé, vos toxicomanies ont un impact sur l’entourage familial et un coût social (déscolarisation, dépenses de santé). Vous faites comme si le citoyen « qu’on protège contre lui-même » n’était pas sous l’influence de processus physiologiques d’addiction qui abolissent son libre arbitre, et soumis à des pressions sociales qui le poussent à consommer. Difficile de refuser un verre, un joint ou autre dans certains contextes, tous ceux qui tentent de contrôler des consommations abusives vous le diront.

11 réflexions sur “Les écologistes disent non au cannabis (2/2)”

  1. Étonnant de voir que l’esprit libertaire se perdre. Pour ma part, la fumée inhalée me rappelle toujours ma grand-mère sage-femme qui m’avait décrit les poumons tous roses d’un bébé et ceux d’un fumeur tous gris.
    Nous devons montrer aux jeunes ce qui est bien pour eux, après, s’ils veulent détruire leurs corps, c’est leur liberté.
    L’accès au cannabis est pire que la fumée inhalée, il provoque des troubles psychiques chez les adolescents et c’est pour cela qu’il faut l’interdire.
    Et n’oublions pas les plaisirs de la vie ! Le vin en fait partie.

  2. Merci Michel d’ avoir remis les pendules à l’ heure au sujet du cannabis. Le positionnement de certains écolos politiques m’ avait fortement interpellé.

  3. Didier BARTHES

    Non, il faut dire non à la drogue toujours, c’est incroyable que certains écologistes puissent lui dire oui. Les ravages sont effroyables.

    1. C’est bien ce que je disais, d’un côté ceux qui disent NON et de l’autre ceux qui disent OUi. De mon côté, ce que je trouve incroyable c’est cette obsession à aborder les problèmes de cette façon. Mais pourquoi les choses devrait-elles aussi tranchées, binaires ou simplistes ? Pourquoi le fait de dire qu’on est être POUR une légalisation contrôlée du cannabis serait-il un appel ou une incitation à se droguer ? Pareil pour la prostitution, l’avortement etc.
      Bien entendu que les ravages de la drogue sont effroyables, mais déjà il y a drogue et drogue. Et puis il n’y a pas que la drogue qui fait des ravages effroyables.

  4. Esprit critique

    – Juin-septembre 2012 : « Dépénalisation du cannabis, Duflot pour, l’écologie contre »
    Question : Quelle écologie ? La réponse vient en suivant. Il s’agit de cette écologie qui n’a rien à voir avec celle venant de ce «gauchisme issu de mai 1968 bercé par les illusions du slogan «il est interdit d’interdire» [etc.] » Autrement dit une écologie que je mettrais plutôt à droite. Ou alors au centre, dit aussi «ni-ni», ce qui veut dire à droite. En tous cas il s’agit là de l’écologie de ce peuple écolo exemplaire qui ne fume pas, ni tabac, ni cannabis. Simplicité volontaire oblige (sic).

    – 15 et 16 avril 2021 : « Les écologistes disent non au cannabis  »
    Pareil, quels écologistes ? la réponse vient en suivant : les «écologistes réalistes ».
    Bref, réalistes ET exemplaires, rien que ça.

    1. Esprit critique

      En 2012 Duflot était donc POUR, et EELV aussi. Et Biosphère était CONTRE.
      Je remarque au passage qu’en 2012 les débats sur Biosphère étaient d’un autre niveau qu’aujourd’hui. Là encore, que s’est-il passé ?
      Aujourd’hui les écolos, pardon EELV, remet donc ça avec cette proposition de loi pour une légalisation contrôlée du cannabis. Et voilà donc qu’on voudrait que les écolos de toutes sortes se fassent monter la pression avec ça. Comme s’il n’y en avait pas suffisamment comme ça.

      Questions : Tous comptes faits, cela en vaut-il vraiment la peine ?
      La pression, ne vaut-il pas mieux la boire que se la mettre ?
      Ou se la faire mettre. Et en plus par des écolos !
      N’y a t-il d’autres sujets plus urgents à débattre ?

  5. Pourquoi ? Que se passe t-il ? Et que s’est-il passé ?
    Avec le temps les modes changent. Par exemple chez les jeunes la mode n’est plus à fumer (du tabac), aujourd’hui la mode est au «binge drinking» et au «Pète ton crâne».
    Nous savons tous ce qui fait et alimente une mode. D’abord c’est la Pub. Sauf qu’ici on ne verra pas de Pub pour le binge drinkig ni pour le «Pète ton crâne». Du moins à la télé et sur le bord des routes etc. Ce sont ensuite les réseaux dits sociaux. Plus généralement les rapports sociaux, qui alimentent ce besoin de singer, d’être «dans le coup», de «vivre avec son temps» (hi-han !) etc.

    1. – «[…] les adeptes du binge drinking sont des jeunes qui […] cherchent à tester leurs limites et offrent un «spectacle» à leur public. L’idée est ici de se montrer et de se comparer aux autres dans une quête de surenchère perverse et dangereuse. Ce n’est plus la fête et la convivialité qui sont recherchées mais bien l’envie de se dépasser et de se mettre continuellement en danger.»
      (Le binge drinking : une mode dangereuse chez les jeunes. passeportsante.net )

      En plus du besoin de singer, nous retrouvons ici ce ce vieux (et curieux) besoin de se dépasser, d’être plus fort et/ou plus con que l’autre. On appelle ça la Compétition.
      Seulement ce besoin se combine désormais à celui de s’exhiber. Et ça c’est relativement nouveau. L’envie ou le besoin de se dépasser et de se mettre en danger a donc remplacé le simple plaisir de la convivialité et de la fête. Et ça c’est extrêmement grave.

    2. Ce genre de dérives ne s’explique probablement pas que par ce seul effet de mode. Là derrière il y a bien sûr ce mal de vivre qui ne cesse de grossir. Ce mal de vivre qui s’exprime de multiples façons. Par des conduites à risques de toutes sortes, où le but est de jouer toujours plus avec le feu. Ou encore de brûler des SUV, couler des baleiniers… par exemples.
      En attendant, à chacun sa came. Et tant qu’à bien faire (façon de dire) autant opter pour de la bonne. C’est à dire, une qui ne peut pas faire de mal aux autres.

  6. Michel Castaing

    Même pour le Pétard on n’arrête pas le Progrès.
    En effet il m’a été raconté que le «nouveau cannabis » n’avait rien à voir avec la beuh d’antan, ce serait comme comparer un «apéro pour femmelettes » avec cette gniole que sifflaient Les Tontons flingueurs dans la scène culte (film de Georges Lautner-1963).
    Si on n’a rien de mieux à faire, on peut toujours débattre sur la légalisation du cannabis.
    Comme toujours nous aurons d’un côté les POUR et de l’autre les CONTRE. D’un côté on dira que comme pour la prostitution, la légalisation permettrait de mieux contrôler tout ça, que de toute façon la prohibition n’a jamais empêché la consommation etc. De l’autre on se servira des pays l’ayant légalisé pour soutenir que la légalisation ne réduit pas la consommation. Et immanquablement le débat virera au «débat » et comme toujours sombrera dans le grand n’importe quoi. Exemple, l’histoire des Amish et des néo-hippies de l’Île de la Gomera.

    1. Michel Castaing

      Le cannabis est l’arbre qui cache la forêt.
      Je pense que nous ferions mieux ne nous interroger sur les raisons qui poussent les cons-sots-mateurs vers ce satané besoin de TOUJOURS PLUS. Toujours plus de ceci et de cela, de tout et de n’importe quoi. Toujours plus loin, toujours plus vite, toujours plus fou etc.
      Côté fumette, planer gentiment ne suffit plus. Au diable la juste meure, on a besoin désormais de se «péter le crâne». Même phénomène avec l’alcool, il y a quelque temps encore on mettait la soirée pour se bourrer la gueule, maintenant on a besoin de se «péter le crâne» le plus vite possible (binge drinking).
      Mais pourquoi ? Mais que se passe t-il ? Et que s’est-il passé ?

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