Les enfants face à l’effondrement global

 Vous êtes inconséquents, rétrogrades, vous avez sacrifié la planète, affamé le tiers-monde ! En 80 ans, vous avez fait disparaître la quasi-totalité des espè es vivantes, vous avez épuisé les ressources, bouffé tous les poissons ! Il y a cinquante milliards de poulets élevés en batterie chaque année dans le monde, et les gens crèvent de faim ! Historiquement, vous êtes la pire génération de l’histoire de l’humanité et un malheur n’arrivant jamais seul, vous vivez hyper-vieux ! »

De ce constat tenu devant un groupe du troisième âge, sidéré, voici ce qu’en dit un livre* préparant à l’effondrement : «  Comment peut-on faire des enfants dans ce monde dévasté ? D’un certain point de vue, élever un enfant dans cette société est un acte absurde, voire égoïste et polluant. D’un autre point de vue, enfanter est un acte d’amour et un acte de responsabilité dans un monde où il y aura peut-être la place pour 8 milliards d’êtres humains sobres et à l’écoute de tout le vivant. Tant qu’il n’y aura pas d’organisation collective de la natalité. (une question extrêmement dangereuse dans le contexte politique et culturel actuel), le choix d’enfanter restera entièrement relégué à la sphère individuelle et privée. Or il se trouve que trois de nos plus jeunes fils sont des « enfants de l’effondrement » : ils ont été consciemment désirés après notre prise de conscience de collapsologues. L’effondrement et tous ses chiffres sont des concepts froids. Mais pour eux nos mots sont chauds, nous allons les aider à construire du sens. Ce qui compte, c’est la manière dont nous racontons l’histoire, les émotions. L’effondrement-métamorphose fait partie de leur paysage mental, ainsi que celui d’un nombre croissant de leurs ami.e.s de leur génération. Certains ont peur de l’avenir, d’autres moins et d’autres pas. Tout enfant a besoin de protection et de soutien, mais il a aussi besoin de vérité ! Il est connu que face à la mort et à la souffrance, les enfants sont souvent bien plus sages que beaucoup d’adultes. »

Pour ce livre qui est censé nous faire passer de la collapsologie à la collapso-sophie, difficile de traiter la question malthusienne de façon plus superficielle. Rappelons ce qu’écrivait pourtant un des auteurs, Pablo Servigne, dans un livre de 2014 : « « Le modèle World3 de l’équipe Meadows (aussi appelé Rapport au Club de Rome) avait modélisé qu’un « effondrement incontrôlé » de la population mondiale surviendrait très probablement au cours du 21ième siècle. Selon le scénario « standard », celui où rien n’est fait pour modifier la trajectoire de la société, l’effondrement de la population s’amorcerait aux alentours de 2030, quelques années après un effondrement de l’économie. Or, les données réelles montrent que c’est précisément ce dernier scénario que nous avons suivi depuis 40 ans… La question d’un contrôle de la natalité est toujours urgente. Si elle n’est pas traitée, alors se posera très rapidement la question de la mortalité « incontrôlée ». Si nous ne pouvons aujourd’hui envisager de décider collectivement qui va naître (et combien), pourrons-nous dans quelques années envisager sereinement de décider qui va mourir (et comment)? »

* Une autre fin du monde est possible (Vivre l’effondrement, et pas seulement y survivre) de Pablo Servigne, Raphaël Stevens et Gauthier Chapelle

** Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie), collectif sous la coordination de Michel Sourrouille

5 réflexions sur “Les enfants face à l’effondrement global”

  1. Ils peuvent parler autant qu’ils le veulent ! Ils ne changeront rien ! Primo, la plupart des humains sont animés par l’expansion de plaisir (principalement matériel ! D’ailleurs même l’expansion de plaisir dans les autres domaines passe mécaniquement par le matériel, par exemple une activité culturelle comme le théâtre, ben vous avez besoin de construire les infrastructures pour accueillir la scène et le public, ainsi que tout le dispositif énergétique pour éclairer la scène et chauffer la salle l’hiver, puis tous les accessoires pour le décor de la scène)… bon, je ne vais pas développer davantage ici car ça déjà été exprimé sur d’autres sujets.

    Ensuite, il y a le système de crédits qui bloque tout et absolument tout ! Reprenons le point de départ, alors appliquer un programme écologiste est AUTOMATIQUEMENT récessif. En effet, ça implique de moins consommer, de moins produire, de moins payer, de moins rembourser, de moins travailler et donc de faire moins de crédit puisque les crédits sont le moteur qui alimentent et animent toute la boucle.

    OR, si l’on regarde les dettes publiques, les dettes des ménages, et aussi et surtout les dettes des entreprises, ben regardez les chiffres officiels, ils sont astronomiques, puis si on cumule les 3, dettes publiques + particuliers + entreprises, ben là le total c’est du délire ! Alors tout ce beau monde a besoin de rembourser leurs crédits, donc ce qui veut dire qu’on remonte la chaîne qu’on a vu précédemment mais à l’envers, ce qui donne plus de crédits, les gens ont besoin de plus travailler pour pouvoir plus rembourser, pour plus payer, pour plus produire pour aboutir à plus consommer ! Ben oui, pour pouvoir rembourser leurs crédits, ils ont besoin de vendre plus et pour vendre plus ça implique que les gens consomment plus. C’est un système d’échange où dès lors que quelqu’un est trempé dans le système, il implique autrui dans la chaîne.

    En résumé, tant que l’on vit dans un système de crédits, on ne plus arrêter la machine infernale ! Qui va vouloir baisser l’activité ? Personne ? Qui va vouloir moins travailler ? Personne ! Hormis les personnes qui n’ont pas de crédits ! Moi je n’ai pas de crédits, ça ne me dérange pas de baisser l’activité et de moins consommer, car à côté j’ai plus de temps à me consacrer ainsi qu’à mes proches. Imaginons qu’on baisse l’activité productive et la consommation du jour au lendemain par la force étatique des lois, ben il y a forcément des gens dans la chaîne qui vont se retrouver surendetté, qui ne parviendront plus à rembourser leurs crédits, puis qui vont manifester dans la rue et rejoindre les gilets jaunes ! Regardez, augmenter de quelques centimes le prix du carburant et vous avez déjà la rue qui veut vous affronter….

    Maintenant, imaginons un monde sans crédit, ben les gens n’ont plus de dettes, donc ils ne sont plus pris dans des engagements qui les bloquent dans une machine économique infernale, ils ont besoin de moins travailler, moins consommer et moins vendre puisqu’ils n’auraient plus rien à rembourser… Donc si on baisse le pouvoir d’achat pour réduire l’activité, c’est moins grave ils n’ont plus de dettes sur le dos, ces baisses d’activité et de consommation seront plus facilement consenties. Les voitures deviendraient moins indispensables pour se rendre au boulot…. Après on peut mettre des véhicules de location pour pouvoir effectuer les déménagements par exemple, mais il n’y a plus besoin de véhicules au quotidien, du moins dans les villes, dans les campagnes ça impliquerait un réseau de cars et de trains plus performant. Mais dans un système sans crédit, à part pour les besoins essentiels comme pour l’hygiène et la santé, on n’a plus besoin d’acheter des figurines en plastique pour décorer le salon, de smartphone, de voiture, etc pour alimenter le système. Évidemment on éradique pas toute l’activité, mais on la réduit fortement, les agents économiques n’ont plus besoin de vendre du superflu aux consommateurs pour rembourser leurs crédits.

    Greta et compagnie, peuvent parler autant qu’ils veulent, ça n’aura aucun impact. Les gens ne changeront pas et ne deviendront pas écologiques, il y a trop de gens qui ont des crédits sur le dos, ils vont donc vouloir vendre plus pour honorer leurs dettes, puis s’ils vendent plus alors il faut que les gens consomment plus….

  2. Opposer la natalité contrôlée et la mortalité incontrôlée me semble une idée assez juste pour faire comprendre aux indécis le défi auquel l’humanité devra faire face.
    Il s’agit bien de cela : Ou l’on essaye de faire quelque chose ou l’on attend que la confrontation aux limites de notre monde se charge de réguler les choses.
    A chacun de deviner quelle méthode sera la plus douloureuse.
    Notez que pour les animaux sauvages nous avons déjà choisi la seconde méthode et c’est fait, il n’y en a quasiment plus.

    1. Si … l’idée d’opposer « la natalité contrôlée et la mortalité incontrôlée » nous semble assez juste … et si … en même temps… nous sommes convaincus (ou cons vaincus) qu’il vaut mieux essayer de faire quelque chose … alors nous devrions peut-être réfléchir à la mise en place d’un permis de procréer.
      Comme pour chasser ou conduire une bagnole, un permis pour faire des enfants ! Je vous laisse le loisir de mettre ça en place, de définir les critères, les compétences etc.
      Mais peut-être devrions-nous aussi, et en même temps ou avant peu importe, mettre en place un permis de voter. Et pourquoi pas un permis pour écrire des commentaires, des articles, des bouquins etc. Un permis pour avoir le droit de s’exprimer.
      Je suis en train de lire le dernier bouquin d’Onfray, Théorie de la dictature (je le conseille). Onfray se réfère à Orwell (1984 – la Ferme des animaux). C’est sûr nous y sommes !

      1. Didier Barthès

        Remarquez Michel C que pour ma part je ne me suis jamais fait le défenseur de cette idée de permis de procréer, bien au contraire.

  3. Faire ou ne pas faire d’enfants dans ce monde dévasté ? That is the question !

    Faire des enfants c’est facile, c’est même agréable, mais réfléchir plus loin c’est autre chose.
    « D’un certain point de vue, élever un enfant dans cette société est un acte absurde, voire égoïste et polluant. D’un autre point de vue, enfanter est un acte d’amour et un acte de responsabilité […] »
    Encore une fois, c’est donc une question de point de vue. Tout dépend de l’endroit où on se situe, de la paire de lunettes etc. Quoi qu’il en soit, personne ne sait ce que l’avenir nous réserve, l’horizon est sombre c’est sûr. Et ce ne sont pas les vieux cons aux cerveaux sclérosés qui nous inventerons cet Autre Monde. Les jeunes donc.
    Sauf que les jeunes sont eux-aussi le produit de notre société, et que raisonnablement nous ne pouvons pas en attendre ou en espérer plus qu’ils ne peuvent. C’est donc un pari à faire.
    Pablo Servigne, pour qui l’effondrement ne fait aucun doute, « prêche » l’ACCEPTATION. Accepter c’est le contraire du déni, c’est faire le deuil, c’est donc une étape essentielle, indispensable. Pour ça il faut (y’aca) dire la vérité aux enfants. Mais sans pour autant les terroriser, les pousser vers le je-m’en-foutisme, le nihilisme. Plus facile à dire (écrire) qu’à faire. Là encore il s’agit de trouver la juste mesure, sachant que les jeunes sont des êtres humains, qu’ils ne sont pas tous fait du même bois. Là encore, c’est un pari à faire.
    Parions donc sur la « collapso-sophie ».

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