Les Jeux Olympiques, une simple histoire de fric

Voici venu comme tous les quatre ans le royaume des Jeux, Londres2012*. J’avais survolé à l’époque les différents suppléments Pékin2008 joint chaque jour au quotidien par LE MONDE. A part le fait que le doute planait sur le dopage, j’étais tombé en arrêt sur cette déclaration de Boris Johnson, maire de Londres, ville hôte des jeux olympiques de 2012 : « Les Jeux de Londres ne seront pas les jeux de l’austérité. »

On ne peut être plus clair, les JO sont d’abord et surtout une histoire de fric. Les JO favorisent le sentiment d’appartenance à une communauté particulière et ce sentiment est dorénavant valorisé pour des considérations financières. Les jeux olympiques ont été privés de ressources financières jusqu’en 1972 parce que le Président du CIO était alors un farouche défenseur de l’amateurisme et pensait que les jeux pouvaient se passer de la télévision. Maintenant, le CIO est devenu richissime grâce à la vente des droits de retransmission et au sponsoring d’épreuves désormais ouvertement professionnelles. Sous le prétexte du sport comme expression des peuples, les jeux Olympiques sont aujourd’hui le cache-sexe du système marchand : sur le stade comme ailleurs, la lutte entre Etats se transforme en lutte entre firmes. La compétition devient alors moins importante que le regard que les téléspectateurs portent sur elle, l’Audimat prime sur les chronomètres. Les jeux de stade sont devenus une vitrine planétaire où les fabricants valorisent leur image et les Jeux semblent condamnés à ne plus être qu’un long show fluo entre les cérémonies d’ouverture et de clôture. Notre Biosphère a besoin d’austérité, les JO nous grisent de paillettes.

Comment est-il possible que nous accordions tant d’importance à des épiphénomènes tels que celui de savoir qui est l’homme le plus rapide de la planète sur 100 mètres, quelle est la femme qui nage le plus vite la brasse papillon ou quel est le pays qui aura le plus grand nombre de médailles ? Par contre, nous ne savons pas, et nul ne s’en soucie, quel est l’homme le plus courageux pour lutter contre l’iniquité et quelle est la femme la plus acharnée à dénoncer la pollution. Pourquoi ? Parce que le sport-spectacle a été un des moyens d’anesthésier le peuple en occultant la hiérarchie des vraies valeurs. Peu importe dorénavant d’avoir célébré en 2008 les JO dans une des villes les plus polluées au monde, cela n’a plus d’importance.

Saluons pour conclure le deuxième pays le plus peuplé au Monde, l’Inde. Il n’avait obtenu que trois médailles aux Jeux Olympiques de Pékin, il se fout complètement de la compétition dans le domaine olympique, il a raison.

* LE MONDE du 28 juillet 2012, en version française et anglaise simultanée pour chaque article

7 réflexions sur “Les Jeux Olympiques, une simple histoire de fric”

  1. Le géant indien est un nain sportif
    A l’exception du cricket, la pratique du sport en Inde est inaccessible aux pauvres et ignorée des riches. Les parents des milieux aisés répètent à leurs enfants : « C’est le savoir qui te fera roi, pas le jeu. » Dans les campagnes, les jeux ruraux consistent au lever de bicyclette avec les dents ou le saut d’obstacles pour vaches. On doit nager dans le chaos pour arriver à la médaille. Jusqu’à présent, la principale récompense offerte par l’Etat à un médaillé était un poste de fonctionnaire dans les chemins de fer. Pour Londres 2012, l’Inde avait embauché des entraîneurs étrangers. Elle n’a recueilli que six médailles, loin derrière l’Azerbaïdjan, l’Ouganda ou la Grenade.
    (LE MONDE du 18 août 2012)

  2. Merci pour ce 10/20 😉

    Vous jouez un peu sur les mots. Le point de la fin du billet etait sur les relations entre l’Inde et le sport competitif en general, les dicsciplines olympiques n’etaient qu’un points particulier. .

    Mais en restant dans les disciplines olympique, mes super-pouvoirs mutliculturels, (laissez-moi un peu de temps quand meme avant d’ecrire que vous les « attendez encore ») aides en cela par une URL bien trop longue pour etre recopiee ici, m’informent qu’il y a plus de 10 millions de licencies en Inde dans les disciplines olympiques, essentiellelemtn en hockey et en football. Certe ils ne gagnent pas beaucoup de medailles. On pourrait peut-etre en conclure qu’ils ne sont pas tres bons a ce qu’ils font, mais pas qu’ils ne s’y interessent pas.

  3. Mais en fait, est-ce vraiment le cas? Les Indiens sont-ils vraiment hors du coup pour les sports olympiques (dont, comme vous, je n’aime pas le business) ? Je n’en suis pas sur, franchement. Par rapport a la Chine qui truste toutes les competitions, oui on pourait le penser. Mais l’Inde est presente – en tant que telle – depuis les debuts des jeux de l’ere moderne. Grace a mes supers-pouvoirs multiculturaux j’ai trouve le document suivant (desole pour l’URL de 3 kilometres) qui indique qu’il y a plus de 10 millions de licencies en Inde dans les sports olympique !!! (voir page 134), principalement au hockey et au foot. Ils n’ont pas des tonnes de medailles c »est vrais. On peut en conclure qu’ils ne sont pas tres doues dans les disciplines olympiques, mais pas forcement qu’ils ne s’y interessent pas.

    http://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=india%20and%20olympism&source=web&cd=1&ved=0CFAQFjAA&url=http%3A%2F%2Fwww.la84foundation.org%2FOlympicInformationCenter%2FOlympicReview%2F1980%2Fore149%2FORE149u.pdf&ei=f5IWUI7gNYas0AGC44DYCg&usg=AFQjCNHKgvnvK-IJWCuj55J-nPLvlacs4w&cad=rja

  4. Cher Coq au vin,
    Remarque intéressante, mais non appropriée. Nous avions écrit « L’Inde se fout complètement de la compétition dans le domaine olympique », nous nous étions bien gardé de parler du cricket.

    Mais pourquoi ce désintérêt des forces politiques et associatives de l’Inde pour les JO ? Nous attendons toujours vos explications de connaisseur multiculturel…

  5. Chere Biosphere. Un petit « revenez-y » sur l’Inde et le sport, dont nous avions deja parle il y a environ 2 ans. L’Inde s’interesse beaucoup au sport pro et a son business. L’Inde a fait, par exemple, des pieds et des mains pour obtenir l’organisation des Commonwealth Games en 2010. L’organisation de ces jeux avait ete un cauchemar pour l’Inde qui n’a que de justesse reussi a finir les constructions et les infrastructures necessaires. Cela a entraine des discussions importantes au niveau politique national, avec des arguments essentiellement centres sur l’image du pays a l’exterieur.

    Tout ca pour dire que l’Inde ne se « fout » pas , loin de la, du sport-business et su sport en general. (si vous me peremttez, LiInde veritable et contemporaine n’a pas grand chose a voir avec les phantasmes babas occidentaux des annees 60s-70s). Oui ils ne s’interessent pas trop a la majorite des disciplines olympiques. Mais vous semblez vraiment juger la psyche d’un pays sur la base de vos experiences occidentales. Si, come moi, vous viviez au quotidien avec des gens de toutes cultures et de tous pays, vous verriez au moment des competitions de cricket, que l’Inde a pour ce sport une veneration et une attention qui n’existe pas pour le foot en France meme lors d’un match de finale de coupe du monde. Un match Pakistan-Inde au cricket est un remake de la bataille de Verdun. Un Indien qui visiterait la France a ce moment pourait ecrire sur son blog, emerveille, que les Francais, gens sages, se fichent du sport-business puisqu’il n’y a pas 300,000 personnes dans les rues de Paris suivant sur les trottoirs les retransmission des 16emes de finale de la coupe du monde de cricket, et hurlants moultes choses desagreables sur les membres de l’equipe adverse et leurs pauvres meres.

  6. Chere Biosphere. Un petit « revenez-y » sur l’Inde et le sport, dont nous avions deja parle il y a environ 2 ans. L’Inde s’interesse beaucoup au sport pro et a son business. L’Inde a fait, par exemple, des pieds et des mains pour obtenir l’organisation des Commonwealth Games en 2010. L’organisation de ces jeux avait ete un cauchemar pour l’Inde qui n’a que de justesse reussi a finir les constructions et les infrastructures necessaires. Cela a entraine des discussions importantes au niveau politique national, avec des arguments essentiellement centres sur l’image du pays a l’exterieur.

    Tout ca pour dire que l’Inde ne se « fout » pas , loin de la, du sport-business et su sport en general. (si vous me peremttez, LiInde veritable et contemporaine n’a pas grand chose a voir avec les phantasmes babas occidentaux des annees 60s-70s). Oui ils ne s’interessent pas trop a la majorite des disciplines olympiques. Mais vous semblez vraiment juger la psyche d’un pays sur la base de vos experiences occidentales. Si, come moi, vous viviez au quotidien avec des gens de toutes cultures et de tous pays, vous verriez au moment des competitions de cricket, que l’Inde a pour ce sport une veneration et une attention qui n’existe pas pour le foot en France meme lors d’un match de finale de coupe du monde. Un match Pakistan-Inde au cricket est un remake de la bataille de Verdun. Un Indien qui visiterait la France a ce moment pourait ecrire sur son blog, emerveille, que les Francais, gens sages, se fichent du sport-business puisqu’il n’y a pas 300,000 personnes dans les rues de Paris suivant sur les trottoirs les retransmission des 16emes de finale de la coupe du monde de cricket, et hurlants moultes choses desagreables sur les membres de l’equipe adverse et leurs pauvres meres.

Les commentaires sont fermés.