Les Nations Unies deviennent malthusiennes

Presque la moitié des grossesses ne sont pas choisies, presque tout le monde connaît une femme ayant dû faire face à une grossesse non intentionnelle. Cette situation peut pourtant être qualifiée d’invisible parce que ignorée institutionnellement par des gouvernements souvent natalistes..

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Delphine Roucaute : Choisir d’avoir un enfant ou non, quand et avec qui. Ce droit fondamental, évoqué dans de nombreux accords internationaux depuis cinquante ans, est encore loin d’être acquis, puisque tous les ans, près de la moitié des grossesses ne sont pas planifiées, soit près de 121 millions de femmes concernées. C’est sur ce constat inquiétant que le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) a choisi d’axer son rapport annuel, publié le 30 mars 2022 sous le titre « Voir l’invisible ». Environ 257 millions de femmes ne désirant pas tomber enceintes n’ont pourtant pas recours à des moyens de contraception sûrs et modernes comme le préservatif, la pilule ou le stérilet. Par ailleurs, près d’un quart des femmes n’est pas en mesure de dire non à une relation sexuelle. En définitive, 60 % de ces grossesses non intentionnelles aboutissent à un avortement. Soit, au total, 30 % de l’ensemble des grossesses, un chiffre confirmant de précédentes études. Près de la moitié de ces interventions, souvent illégales, se font alors dans des conditions d’insécurité qui mettent en péril la vie de la mère. Parmi les recommandations, les auteurs insistent sur le besoin de financer les services de santé contraceptive et de les considérer comme essentiels. Plus généralement, ces constats alarmants imposent de faire évoluer les normes sociales dans les trop nombreux pays dépourvus de lois protectrices des femmes. Enfin, les auteurs appellent à investir dans l’« empowerment » ; c’est le renforcement du pouvoir d’agir.Concernant la sexualité, cela recouvre la disponibilité des ressources en termes de structures et de moyens contraceptifs, connaître cette offre, être capable de saisir cette offre sans être stigmatisée, mais aussi avoir conscience de ses droits, c’est-à-dire pouvoir dire non. L’éducation sexuelle des hommes et des femmes respectant l’égalité des sexes est un enjeu primordial des années à venir.

Commentaires des Internautes :

Médiéviste : Ou l’on voit les effets désastreux de la position du pape Paul VI sur la contraception ainsi que celle de son successeur. Il avait pourtant été dit et évident que la prohibition de la contraception serait liée à la croissance de l’avortement (voir la Pologne par ex).

Pouranti : « les auteurs insistent sur le besoin de financer les services de santé contraceptive et de les considérer comme essentiels » : la position du pape François, qui réprouve toute contraception, pèse lourdement sur ces populations.

Job : Les femmes catholiques ne sont pas obligées de suivre les injonctions de leur église mais hélas, dans les pays pauvres et sous domination masculine au niveau des prises de décision, quelle que soit la religion d’ailleurs, les femmes sont sous les ordres d’un patriarcat qui les écrase, les humilie, les asservit. Éduquer les garçons est prioritaire mais comment faire dans des pays pareils ?

Tonton macoute : Pourquoi partir perdant sur l’éducation des hommes à porter un préservatif ? Combat perdu d’avance? Alors il faut procéder comme avec l’iode pour les centrales nucléaires? Chaque femme discrètement dotée d’une pilule du lendemain en cas de viol ou de rapport non désiré mais consenti sous la menace sociale?

Pastefazul : Si on va par là, les femmes ont aussi un moyen simple à mettre en œuvre, l’abstinence.

Hein: Pendant ce temps, la population mondiale nette (compte tenu des 60 millions de décès et 140 millions de naissances) s’accroît de 80 millions de personnes par an, soit 2,7 bébés par seconde. Le temps de taper cela, 50 humains de plus, net. Si les enfants non souhaités ne voyaient pas le jour, l’accroissement mondials erait bien moindre – seulement 10 millions de plus.

Démographie Responsable : Ces dizaines de millions de grossesses non désirées sont d’autant plus alarmantes, qu’au delà des drames individuels se joue aussi la tragédie collective de la surpopulation mondiale.

Michel SOURROUILLE : Notons que la presque totalité des gouvernements au niveau mondial sont natalistes, rappelons que la loi de 1920 en France assimilait la contraception à l’avortement. Toute propagande anticonceptionnelle était interdit, le crime d’avortement était passible de la cour d’Assises. Et le vieillissement de la population aujourd’hui incite des gouvernements à (re)devenir nataliste. La Chine autorise, depuis fin mai 2021, les couples chinois à avoir trois enfants. Les provinces multiplient les mesures incitatives, augmentant par exemple à 350 jours le congé maternité en cas de troisième enfant. Tout cela pose la question du « désir d’enfant » .Est-ce que le désir est réellement assumé quand un gouvernement propose une prime à la naissance ou des allocations familiales conséquentes ?

Thomas M : Ce qui m’étonne, c’est que 50 % des grossesses soient intentionnelles au niveau mondial.

Modeste Petitpas : On comprend mieux l’expression « de l’inconvénient d’être né ».

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6 réflexions sur “Les Nations Unies deviennent malthusiennes”

  1. Esprit critique

    – « Choisir d’avoir un enfant ou non, quand et avec qui. Ce droit fondamental […] est encore loin d’être acquis.» (Delphine Roucaute, Le Monde)
    C’est vrai. Comme de choisir d’avoir ou non un rapport sexuel, quand, comment et avec qui.
    Ce droit fondamental est lui aussi encore loin d’être acquis. Pareil du droit de vivre, avec qui on veut et tant qu’on veut. Pareil du droit de manger à sa faim, de celui d’être logé, protégé, soigné, ou encore de celui de travailler… où, quand, avec qui, comme on veut etc.
    Comme quoi la liberté est encore très loin d’être acquise.
    Je nous propose alors de la planifier. 🙂

    1. Haut commissaire au plan

      En plus d’être «pas choisies» et «pas intentionnelles»… on nous dit aussi que ces 50 % de grossesses sont «non planifiées». Comme si aujourd’hui tout (et n’importe quoi) se devait d’être planifié. Programmé. Comme si le hasard n’avait plus rien à dire.
      Et comme si le hasard ne faisait pas parfois bien les choses, on parle aussi de «grossesses accidentelles». Je trouve ça affreux. La moitié si ce n’est plus de l’humanité ne serait donc que le résultat d’une série d’accidents ! C’est d’ailleurs à peu près ce que soutiennent les Malthusiens. En attendant, penser qu’Untel est un accident, et/ou qu’Ontel est un raté, un inutile, un parasite, un virus etc. je trouve ça minable.
      Au train où vont les choses (le «progrès» et les mentalités) pourquoi ne pas étendre ce droit (fondamental) jusqu’à pouvoir choisir et programmer le sexe de l’enfant, la couleur des yeux etc. ?

      1. Au train où vont les choses … et toujours dans le même sens (malthusien) … pourquoi ne pas autoriser l’avortement sans condition jusqu’à neuf mois ?
        – « Les Nations unies, qui supervisent l’OMS, se sont félicitées de la suppression suggérée de ce qu’elles ont appelé « des obstacles politiques inutiles à l’avortement sans risque », notamment « des limites quant au moment où un avortement peut avoir lieu ». […] En France, qu’il s’agisse d’une IVG ou d’une IMG, les projets restent encadrés. Reste à savoir pour combien de temps. »
        ( L’avortement sans condition jusqu’à neuf mois préconisé par l’OMS
        29/03/2022 sur francesoir.fr )
        En attendant, pour moi une chose est certaine, les Nations unies filent du mauvais coton.

  2. La moitié des grossesses ne seraient donc pas choisies… ce qui pour bon nombre de féministes et d’antinatalistes etc. est vraiment trop. De son côté Thomas M s’étonne que 50 % des grossesses soient intentionnelles… comme s’il laissait entendre que 50% ça fait beaucoup.
    En effet il y a là un truc qui cloche. Déjà quel est le rapport (ou la différence) entre le choix et l’intention ? Quand bien même là derrière il y aurait l’intention, si ce n’est le désir… que décide t-on, dans la vie ? Une femme choisit-elle réellement de «tomber» (ou pas) enceinte ? Que dire alors de ces femmes qui malgré tout leur désir (d’enfant) n’arrivent pas à être enceintes ? Choisit-on de tomber malade, ou de ne pas tomber malade ? Suis-je vraiment libre de décider de ma santé, de ma maladie, de mon corps, de ma vie ?

    1. Combien ont réellement choisi de se faire injecter ce «vaccin», dont personne ne peut dire la suite ? Si ce n’est qu’il ne protège de pratiquement rien du tout. Combien sommes-nous à avoir la réelle intention de changer le monde ? Pas beaucoup en effet.
      Tout ça pose donc déjà la question du libre arbitre, de notre liberté.

      Ceci dit, c’est très bien que de se soucier de ces femmes soumises, violées etc. Très bien aussi que d’inviter à réfléchir pour savoir si le désir est réellement assumé (sic) quand un gouvernement propose une prime à la naissance ou des allocations familiales conséquentes (sic Biosphère). Mais à ce moment là réflexion doit aller dans les deux sens. Et on doit dire qu’il est également très facile de manipuler le non désir d’enfant. Là aussi avec de l’argent, ou en leur promettant une vie de merde (sic), on peut faire «accepter» n’importe quoi, surtout à des pauvres gens. Là aussi, les malthusiens doivent assumer.

      1. Mais pas qu’avec de l’argent et/ou des menaces, mais surtout grâce à une «bonne» propagande. À force de répétitions et à l’aide d’une bonne connaissance du psychisme des personnes concernées (sic. Goebbels) il ne devrait pas très difficile de con vaincre tout le monde (ou presque) que ce n’est pas bien d’en rajouter. Et particulièrement quand on n’a pas les moyens. Pas bien non plus de vivre trop longtemps, et particulièrement là encore quand on n’a pas les moyens. Eh oui, tout se tient !

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