les négationnistes du climat

Sur la même page du Monde (14 mars), rencontre climatique tumultueuse. D’un côté un conglomérat de scientifiques, mais aussi de politiciens et d’économistes, dénonçaient du 8 au 10 mars le protocole de Kyoto à New York. En ouvrant le débat, le président tchèque Vaclav Klaus se contente d’un procès d’intention : «  Le véritable projet de l’alarmisme environnementaliste est de ramener l’humanité des siècles en arrière ». Mais son propre ministre de l’environnement regrettait deux jours après « l’amateurisme et les positions bizarres » de son Président. Il est clair que la plupart des intervenants de ce colloque ignoble sont au service des lobbies, ils sont d’ailleurs rémunérés, chose rare pour les conférences scientifiques. Quelques-uns affirment aussi sans savoir, il y en a comme ça un peut partout autour de nous !

De l’autre côté 2000 scientifiques, parmi lesquels les plus éminents climatologues mondiaux, préparaient du 10 au 12 mars la prochaine conférence de Copenhague où les gouvernements devront décider en toute connaissance de cause. Le comité scientifique de la conférence affirme : « Les dernières observations confirment que le pire des scénarios du GIEC est en train de se réaliser. Le système climatique évolue d’ores et déjà en dehors des variations naturelles à l’intérieur desquelles nos économies se sont construites ». L’irréversibilité qui va ramener l’humanité des siècles en arrière est sans doute en cours, un spécialiste prédit en effet : «  La capacité de stockage du gaz carbonique par les écosystèmes devrait culminer vers 2050, avant que, fragilisés par le réchauffement, ils ne se mettent à leur tour à relâcher du CO2 dans l’atmosphère, aggravant ainsi le phénomène ».

Vaclav Klaus veut notre perte, il devrait être dénoncé par tous les médias. C’est un négationniste climatique dont nous avons malheureusement trop d’exemplaires (cf. mes articles du 8 octobre 2008, 11 et 15 février 2009). J’ai même un membre de ma famille qui s’est permis le raisonnement suivant : « Au secours, ça chauffe ! Le climat se réchauffe, vous avez fauté alors la nature se venge. Vous bougez trop alors les catastrophes se multiplient, mais oui, regardez vous avez les preuves sous les yeux, le soleil est trop chaud, il pleut, le vent souffle, les tempêtes, les raz de marée se multiplient, l’hiver est trop froid, l’été trop chaud, vous voyez, vous avez la preuve de votre pollution calorifique. Vous pétez trop fort, vous faites tourner votre moteur, vous réchauffez la planète. Si ! Touchez le pot d’échappement de votre monstre mécanique, il est brûlant, les gaz qu’il rejette sont chauds, mettez-vous un doigt dans le cul, c’est chaud, voila la preuve ! » Le même rajoute : « L’emploi du mot négationniste est un procédé assez dangereux et détestable car il fait un lien direct à la négation de l’élimination du peuple juif pendant la seconde guerre mondiale qui est un génocide bien sûr condamnable. Il s’agit donc là de l’emploi d’un mot qui tente de discréditer un contradicteur. Ce type d’argument se retourne immédiatement contre son auteur pour peu que l’on dénonce la rhétorique. »

C’est vrai, « négationniste », en matière de climat, le terme n’est pas assez fort ; ce n’est pas un peuple particulier qu’on agresse, c’est la Biosphère tout entière.

 

3 réflexions sur “les négationnistes du climat”

  1. karim charaf

    la olution est dangereuse a la vie de l « homme et de tous etre vivant il faut trouver des solution a ses problemes

  2. quleques explications du « scepticisme environnemental » :
    Pour André Lebeau (in L’enfermement planétaire, 2008), la source des négationnismes est généralement l’opposition entre les intérêts à plus ou moins court terme qu’ils visent à préserver et les enjeux à long terme qui sont liés à la protection de la niche écologique globale. Les négationnistes tendent à empêcher la prise en compte de la menace et les réactions qui ont un côté positif. L’altération du climat n’est pas le seul domaine où ils fleurissent.

    Les scientifiques qui nient globalement le fait qu’une source anthropique soit à l’origine principale de l’évolution du climat ont en commun deux caractéristiques : ils n’appartiennent pas à la communauté des climatologues, ce sont des spécialistes d’autres disciplines, et ils s’expriment non dans la littérature scientifique, mais directement dans les mass media, quotidiens en mal de lecteurs ou chaînes de télévision en quête d’Audimat.

    Un autre courant négationniste est issu du milieu des sciences sociales et, plus précisément, de l’économie. L’ouvrage de Bjorn Lomborg, L’écologiste sceptique, en offre une manifestation exemplaire. La première caractéristique est le langage. La polémique est d’ordinaire absente du langage de sciences de la nature et la certitude ne s’y exprime qu’avec parcimonie. On cherchera vainement la trace d’un langage polémique dans le rapport du GIEC. Or polémique et certitude sont omniprésentes dans l’écrit de Lomborg. Pourtant il n’a jamais rien publié dans les domaines abordés. Sa démarche, si elle se voulait scientifique, dictait la nécessité d’une sélection rigoureuse des sources qui ignorât tout ce qui relève du tapage médiatique ou militant. C’est ce qu’il n’a pas fait et cette omission adultère toute son entreprise. Le relais vers la notoriété a été pris par la presse économique et financière libérale ; Time Magazine considère Lomborg comme « l’un des cent hommes les plus influents du monde ». La source profonde de ce soutien est l’existence du conflit latent entre la croissance économique et les limites que lui imposent les dimensions finies de l’habitat planétaire.

    Il existe une dernière catégorie d’attaque négationniste qu’illustre un livre de Michael Crichton, State of Fear. Crichton est un romancier, surtout connu pour avoir écrit Jurassic Park. Il n’est pas inutile de relever l’usage que fait Crichton d’un type d’argument grossier. N’est-ce pas Lénine qui disait : on ne discute pas avec un adversaire politique, on le déshonore ? Les cibles de Crichton sont l’IPCC (ndlr : GIEC en français), institution hautement respectable de la communauté scientifique, et le protocole de Kyoto. Pourquoi donc attacher de l’importance à ce qui n’est qu’un événement mineur et purement médiatique ? C’est que précisément par sa dimension médiatique, il exerce une influence sur la perception que le grand public acquiert des événements climatiques. Dans le triangle relationnel qui s’établit entre la communauté scientifique, les instances politique et l’opinion publique, l’écart de perception est d’une importance essentielle car il est de nature, au moins dans les démocraties, à paralyser l’action politique

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