Les sportifs oublient leurs limites aux Jeux Olympiques

Le sport-spectacle s’accompagne du dopage, les JO ne font pas exception à la règle. Normal ! Quand on demande à un individu de dépasser ses limites, la tentation est grande de se faire aider. Le sportif est dénaturé par obligation. Au cours des six derniers mois, au moins 107 athlètes de sport olympiques d’été ont été sanctionnés pour une période de suspension qui inclut les jeux de Londres, a révélé le président de l’AMA (Agence mondiale antidopage)*. Une étude en cours de finalisation devrait révéler d’ici à la fin de l’année que plus de 10 % des athlètes prennent part à des activités de dopage. Les JO poussent les sportifs au-delà de leurs limites.

Aux JO ou ailleurs, le sport de haut niveau est un enfer. C’est un enfer physique, il faut se focaliser sur l’entraînement, des heures et des heures d’entraînement, des entraînements dans la douleur et dans la souffrance pour repousser toujours plus loin ses propres limites. Il faut se faire mal ! C’est aussi un enfer psychologique. Le sport de haut niveau est un déséquilibre. On ne peut pas nager quinze kilomètres par jour comme le faisait Laure Manaudou et savoir gérer sa vie. Et puis les sportifs subissent trop fréquemment un véritable enfer de proximité. L’entourage est primordial, c’est lui qui porte la motivation première. Combien de pères abusifs ont poussé jusqu’à la dépression leur progéniture ! Combien de mères ont fait de leur propre désir de gloire un transfert sur leur enfant! Combien d’entraîneurs ont joui dans une relation de maître à esclave envers leur poulain ou leur pouliche ! Combien de pays poussent leurs athlètes au-delà de leurs limites.

Cet enfer existe parce qu’il est pavé de vanité. Le goût de la performance, c’est souvent pour être le premier, pour cet afflux d’adrénaline qui rend artificiellement heureux sous les applaudissements. Et puis il y a l’amour de soi dans l’œil du public ; le sportif de haut niveau sait qu’il rentre dans le sport spectacle, qu’il devient l’objet de tous les regards, et cela ne peut que flatter son amour-propre. Si le sportif s’allongeait sur le divan d’un psychanalyste, il arrêterait sans doute le sport du jour au lendemain.

Marre des JO. Supprimons les spectateurs, il n’y aura plus de Jeux Olympiques, il n’y aurait plus de sportifs, il n’y aura plus ces gloires déchues et ces corps brisés. La marche à son rythme est le meilleur des sports. Si le contact avec la nature était donné de surcroît, ce serait le paradis sans limites.

* LE MONDE du 29-30 juillet 2012, le grand ménage antidopage

4 réflexions sur “Les sportifs oublient leurs limites aux Jeux Olympiques”

  1. Ce ne sont ni le sexe ni l’argent qui mènent le monde c’est la vanité. C’est elle qui justifie la plupart de nos efforts. Et contre cela je ne vois pas ce que l’on peut faire.

  2. Les amputés courent plus vite
    Aux JO, la pharmacopée dopante est prohibée et la combinaison de natation qui augmentait la vitesse des nageurs de 3 % est interdite, mais Oscar Pistorius, amputé des deux jambes, concourt sur 400 m (lemonde.fr avec AFP, 04.08.2012) avec des prothèses en lames de carbone. Or il y a restitution de 30 % d ‘énergie en plus que si le pied était intact. Que cherchent les organisateurs du JO ? L’humain augmenté, artificialisé, transhumaniste ? Une humanité sans limites ? Nous préférerions que les progrès techniques bénéficient à tous ceux qui en ont besoin et non à une seule personne qui monopolise l’attention.
    Voir notre billet de 2011 sur Oscar, Artificialisation du sport et fin de la compétition

  3. De retour dans la sphere d’accord avec vous, et content de l’etre.
    Ceci dit, n’est ce pas le lot de toute tentative de perfection? Un(e) danseur(seuse) etoile n’est-il(elle) pas soumis(e) aux memes pressions? Un scientifique de haut niveau? Un blogueur suivit et commente tant par ses opposants que par ses soutients ne sont-ils pas tous et toutes sous l’obligation de se depasser? Un professeur du second degre en sciences economiques, ou un missionaire se devouant pour assurer la survie de ses ouailles? Tous les sportifs de haut niveau ne sont pas forcement que les victimes de leur etat. Sans doute le veulent-ils. Peut-etre le veulent-ils come le toxicomane veut sa dose de cocaine, mais peut-on le leur refuser ‘cold turkey’?
    N’est ce pas dans la nature humaine, comme Icare, de se bruler les ailes en voulant voler plus haut?

    1. @ coq au vin
      A question aimable, réponse normale : « L’humanité voudra-t-elle prêter attention à un quelconque programme impliquant des entraves ? Peut-être le destin de l’homme est-il d’avoir une vie brève, mais fiévreuse, excitante et extravagante, plutôt qu’une existence longue, végétative et monotone. Dans ce cas, que d’autres espèces dépourvues d’ambition spirituelle – les amibes par exemple – héritent d’une Terre qui baignera longtemps encore dans une plénitude de lumière solaire ! »
      Nicholas Georgescu-Roegen

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