Les végans occultent notre rapport complexe à la mort

Le site internet de Libération* a failli exploser après la publication d‘une tribune de deux pages intitulée « Pourquoi les végans ont tout faux ». Cette philosophie radicale, qui refuse tout recours aux produits animaux (viande, poisson, œuf, lait, miel, laine, cuir, etc.), compte peu d’adeptes en France. On estime la part des végétariens entre 3 et 5 % de la population. Parmi eux, les végans sont minoritaires. Un phénomène de mode ? Le véganisme nourrit la presse, la couverture des magazines amplifie le phénomène en retour… Voici un résumé de cette tribune co-signée par Paul Ariès, Frédéric Denhez et Jocelyne Porcher :

« Nous dénonçons le mauvais coup que porte le véganisme à notre mode de vie, à l’agriculture, à nos relations aux animaux et même aux courants végétariens traditionnels. Depuis douze mille ans, nous travaillons et vivons avec des animaux parce que nous avons des intérêts respectifs à vivre ensemble plutôt que séparés. Les animaux domestiques ne sont plus, et depuis longtemps, des animaux «naturels». Ils sont partie prenante du monde humain autant que de leur propre monde. Ainsi est-il probable qu’ils ne demandent pas à être «libérés». Ils ne demandent pas à retourner à la sauvagerie. Si les famines ont disparu de notre sol, c’est parce que le XVIIIe siècle a connu la plus grande révolution agricole après celle de son invention : l’agronomie. Et la polyculture-élevage, pourvoyeuse de ce qui se fait de mieux pour nourrir un sol, le fumier. L’agriculture sans élevage, c’est l’agriculture famineuse parce qu’elle épuise les sols. Quant aux études démontrant la longévité supérieure des végétariens, elles sont biaisées par le constat que ces publics consomment aussi très peu de produits transformés, peu de sucres, ils font du sport, boivent peu, ils ont une bonne assurance sociale, etc. En comparaison, manger végan, l’absolu des régimes «sans», c’est se condamner à ingurgiter beaucoup de produits transformés, c’est-à-dire des assemblages de molécules pour mimer ce qu’on a supprimé. Sans omettre d’ajouter la précieuse vitamine B12 à son alimentation. Car sans elle, ce régime ultra-sans détruit irrémédiablement la santé, à commencer par celle de l’esprit. Le véganisme est dangereux. Il menace de ruiner les pratiques alternatives, comme le bio, en annihilant la polyculture-élevage qui est son fondement. Il menace de nous condamner à dépendre d’une alimentation industrielle 4.0. Car, après tout, la meilleure façon de ne plus abîmer la nature est de s’en couper totalement. De s’enfermer dans des villes, alimentées par des flux de molécules et des flux de données. »

Pour avoir une approche plus circonstanciée, lire le livre d’une ancienne vegan, Lierre Keith, qui n’y va pas avec le dos de la cuillère : « Les végétariens sont animés du désir (estimable) de protéger la vie, mais semblent ignorer ou censurer une notion importante : la vie n’est pas possible sans la mort. Quoi que vous mangiez, un être vivant a dû mourir pour vous nourrir. Cette loi de la nature est aussi valable pour les végétaux, les champignons, ou les bactéries. Les végétariens politiques ignorent les méthodes d’élevage autres que les méthodes industrielles, ils ne semblent pas savoir que les vaches mangent de l’herbe et que le sol mange les bouses des vaches. Quelle que soit la noblesse de leurs intentions, ils projettent un régime alimentaire planétaire en complète ignorance de l’origine de la nourriture. Lorsque les végétariens prétendent, par exemple que la Grande-Bretagne pourrait nourrir 250 millions d’individus suivant un régime totalement végétarien, ils se basent sur les chiffres d’une production qui n’est possible que par l’usage d’engrais issus de combustibles fossiles… »

http://www.liberation.fr/auteur/12255-frederic-denhez

1 réflexion sur “Les végans occultent notre rapport complexe à la mort”

  1. Parler des végans (minoritaires parmi les minoritaires) ne nous avance pas à grand chose. Mais ça ne fait rien, rajoutons-en une couche.
    Après avoir pas mal « échangé » avec certains d’entre eux (dialogues de sourds), pour moi il est évident que les végans ont tout faux. Et j’adhère totalement au contenu de cette tribune co-signée par Paul Ariès, Frédéric Denhez et Jocelyne Porcher.
    Ceci dit ces trois là auraient certainement mieux fait de nous parler d’autres choses bien plus importantes que les végans.
    Maintenant c’est sûr, comme il est dit dans l’article le véganisme nourrit la presse.

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