Quelle est l’histoire du concept de surpopulation ?
1) la réponse de Perplexity, l’IA mise à disposition des abonnés du journal LE MONDE
Origines du concept
Le concept de surpopulation prend racine dans les débats démographiques du XXe siècle, notamment à partir de la révolution démographique qui a vu une forte croissance de la population mondiale, en particulier dans les pays du « tiers monde ». Dès les années 1960, la question de la surpopulation est posée comme un problème central, notamment sous l’angle des déséquilibres entre croissance démographique et ressources disponibles. On évoque alors le risque que « la démographie puisse s’imposer à l’homme de façon implacable », soulignant que l’émancipation ne saurait être seulement politique, mais aussi sociale, face à cette pression démographique.
Années 1970 : prise de conscience écologique
La notion de surpopulation prend une dimension mondiale dans les années 1970, avec la publication du rapport Meadows (The Limits to Growth, 1972) par le Club de Rome. Ce rapport met en avant les risques liés à la croissance démographique et économique, et prédit un effondrement possible de la civilisation si la croissance se poursuit sans limites. La surpopulation est alors perçue comme l’un des facteurs majeurs de la crise écologique à venir.
Contextualisation contemporaine
Aujourd’hui, la question de la surpopulation reste au cœur des enjeux démographiques mondiaux, mais elle est aussi liée à d’autres problématiques telles que la répartition des richesses, l’accès aux ressources et les migrations. Le concept de surpopulation a souvent été utilisé dans les discours occidentaux pour alerter les pays en développement sur les dangers d’une croissance démographique jugée « exubérante », tout en mettant en avant la nécessité de maîtriser la fécondité. Ce débat s’inscrit dans un contexte de contact entre civilisations et de décalages économiques et sociaux, qui ont contribué à l’accumulation d’un « formidable potentiel d’accroissement » démographique au cours des décennies précédentes.
5 sources internes aux archives du MONDE
28 janvier 2022, Le « grand remplacement », généalogie d’un complotisme caméléon
23 janvier 2014, Le fantasme du « grand remplacement » démographique
1er juillet 2022, Petite histoire de la planification, ce concept qu’on croyait mort et enterré
30 janvier 1967, A la veille d’une nouvelle étape de la révolution démographique
3 septembre 2021, La décroissance, d’où vient ce concept politique et philosophique
2) la réponse de wikipedia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_concept_de_surpopulation
La croissance démographique durant le Paléolithique est extrêmement lente : la population totale d’homo sapiens vivant sur Terre est estimée à environ 10 000 personnes il y a plus de 160 000 ans. Il s’agit d’une population essentiellement nomade composée de chasseurs qui, pour assurer son ravitaillement, a besoin d’un espace vital de 10 à 25 km2 par personne. C’est ce qui explique les pratiques visant à s’autolimiter, élimination de nouveau-nés en cas de pénurie alimentaire (observée chez les San du Désert du Kalahari), mise à mort de vieillards dont le corps pouvait même constituer un complément alimentaire, comme le rapporte Hérodote au Ve siècle. Mais l’agriculture et l’élevage ont permis une relative sécurité alimentaire et donc, une forte augmentation de la natalité. Dès lors que les conceptions religieuses consacreront l’origine de la vie à la divinité, la famille nombreuse sera considérée comme une bénédiction. De plus des rapports de force s’établissent entre groupes humains, formés en entités politiques. Le nombre devient alors un élément de puissance. Comme le reconnaît le livre de l’Exode, « les fils d’Israël fructifièrent, pullulèrent, se multiplièrent et devinrent de plus en plus en forts : le pays en était rempli ». Leur nombre devint une menace pour le pharaon, qui décida l’infanticide des nouveau-nés mâles.
Le sentiment de surpopulation est très présent dans la Grèce antique, qui tient notamment au fait que les cités sont cloisonnées dans des plaines étroites et séparées par des montagnes difficiles d’accès. Hippocrate mentionne à de nombreuses reprises des méthodes abortives, dont l’utilisation du sulfate de cuivre. Socrate, fils de sage-femme, racontait qu’en administrant des médicaments ou en prononçant des incantations, les sages-femmes peuvent, si elles jugent utile décider l’avortement du fœtus ». A Sparte dans un esprit eugénique, le nouveau-né était présenté aux anciens et en fonction de son apparence ; le nouveau-né était soit pris en charge, soit jeté aux Apothètes, lieu du dépôt.
L’Europe de 1300 est surpeuplée par rapport à ses capacités productrices, ce constat est partagé par la majorité des historiens. Mais la grande famine de 1315-1317 aurait causé la mort de millions de personnes sur le continent. Plus tard, la peste noire tuera entre 30 et 50 % de la population européenne, entre 1347 et 1352. Aux XVIe et XVIIe siècles, l’Europe continentale est maintenant acquise au populationnisme, qui devient une véritable théorie économique. En 1532, Nicolas Machiavel proclamait dans Le Prince qu’une forte population permettait d’affirmer sa supériorité sur les voisines et d’étendre ainsi la domination du souverain par la colonisation. Une citation de Jean Bodin en 1576 est restée célèbre : « Il ne faut jamais craindre qu’il y ait trop de sujets, trop de citoyens, vu qu’il n’y a de richesses ni forces que d’hommes ». Il déplore le dépeuplement et la dégénérescence qui en résulte. Il s’oppose à Aristote en affirmant qu’une forte population est un gage de stabilité et de paix sociale, là où le philosophe antique y voyait un environnement favorable à la sédition : « La multitude des citoyens empêche toujours les séditions et factions, d’autant qu’il y en a plusieurs qui sont moyens entre les pauvres et les riches, les bons et les méchants, les sages et les fols ; et il n’y a rien plus dangereux que les sujets soient divisés en deux parties sans moyen, ce qui advient ès républiques ordinairement où il y a peu de citoyens » .
Le débat sur la population atteint son paroxysme avec Thomas Malthus, qui a donné son nom à une doctrine économique, politique et démographique : le malthusianisme. Dans son œuvre phare, Essai sur le principe de population, il énonce dès la première édition de 1798 le problème de l’écart entre la croissance démographique et la croissance des subsistances. Selon lui, il y a une tendance, chez tous les êtres vivants, à accroître l’espèce plus vite que la quantité de nourriture mais si, dans les règnes animal et végétal, « le défaut de place et de nourriture détruit ce qui naît au-delà des limites assignées à chaque espèce »Pour ralentir la croissance démographique et ainsi éliminer le malheur et non le subir comme les animaux, il en appelle à la raison de l’homme et prône la contrainte morale (moral restraint), c’est-à-dire agir sur l’âge au mariage et la continence entre époux, sans intervention de l’État cependant.
NB : La fiche de Wikipedia ne va plus loin que les écrits de Malthus, aucune contextualisation contemporaine.
3) Du malthusianisme au néo-malthusianisme
L’essai de Malthus ne prend place que bien plus tard, en 1798, à une époque où la distance entre les courbes de la fécondité et de la mortalité ne cesse de s’élargir en Angleterre, et l’ascèse sexuelle toute puritaine de Malthus est fondée sur la » contrainte morale « , qui consistait essentiellement dans » l’abstinence du mariage jointe à la chasteté « . Faite de modération et de domination de soi cette morale a glissé peu à peu vers une rationalisation du comportement et vers le calcul prévisionnel des néo-malthusiens d’aujourd’hui. La résolution de la conférence de Lambeth de 1930, votée par 193 voix contre 67, qui fait encore autorité, admet pour la première fois d’autres moyens que l’abstinence pour refuser les huit à dix naissances que la physiologie de la reproduction permet en moyenne pour chaque couple. Cette résolution fut véritablement révolutionnaire. Elle a débarrassé la morale des interdits traditionnels qui frappaient la sexualité ; le rôle de la reproduction n’est plus le seul qui doive être considéré et elle a voulu accorder une importance nouvelle au rôle effectif du couple, dont la fonction sexuelle est désormais un des supports essentiels. Les limites de la morale sexuelle s’en trouvent considérablement élargies.
Cependant le malthusianisme a d’abord été une pratique particulière à la France catholique, puisque la baisse de la fécondité y a commencé dès 1770-1780, donc avec plus d’un siècle d’avance par rapport à l’Angleterre et les autres pays européens. Toujours est-il que les pratiques contraceptives ont pris dès le début un caractère très empirique – les Français ont toujours eu le goût de la prouesse – puisque le procédé auquel ils ont eu recours tout de suite, et qu’ils adoptent encore, est le retrait, réprouvé par la fraction anglo-saxonne et protestante. En somme, les Français, qui ont été les premiers malthusiens, sont les derniers à accepter les méthodes les plus modernes dans ce domaine.

Toutes les idées (idéologies) ont leur histoire. L’idée (concept) de surpopulation ne fait pas exception. La page Wikipédia me semble bien faite. Bien sûr elle peut être complétée, enrichie, actualisée etc. Ce qui ne garantit pas qu’elle en sera pour autant améliorée.
– « La fiche de Wikipedia ne va plus loin que les écrits de Malthus, aucune contextualisation contemporaine. » (Biosphère)
Biosphère peut toujours essayer d’en rajouter, à la suite du chapitre «Thomas Malthus, le pasteur qui a théorisé le concept de surpopulation», dans lequel se trouvent les liens vers «malthusianisme» et «néomalthusianisme». C’est cette dernière page (fiche) que je trouve un peu maigre, je n’y ai même pas trouvé Paul Ehrlich (je ne l’ai peut-être pas vu…). Quoiqu’il en soit ne comptez pas sur moi pour engraisser le néomalthusianisme de Wiki. 🙂
(à suivre)
« L’Europe de 1300 est surpeuplée par rapport à ses capacités productrices, ce constat est partagé par la majorité des historiens. »
Hormis que, entre 1300 et l’an 2000, l’humanité est parvenue à trouver de nouvelles énergies pour remplacer la force motrice de l’être humain. A noter que les nouvelles énergies qui sont apparues au fil du temps, ne se sont pas substituées de l’une à l’autre, autrement dit le gaz n’a pas remplacé le charbon, le pétrole n’a pas remplacé le charbon et le nucléaire n’a pas remplacé le pétrole, et les énergies renouvelables n’ont pas remplacé le nucléaire, en réalité toutes ces formes d’énergies se sont additionnées et on tire sur toutes les réserves énergétiques !
MAIS ce qui a changé, en reprenant le point de départ de 1300 et même avant si l’on veut, étant qu’entre 1300 et 2000 on trouvait toujours de nouvelles ressources naturelles, que ce soit en métaux, en énergies fossiles ou autres, donc on a pu s’appuyer sur de nouvelles découvertes en ressources naturelles pour subvenir aux besoins essentiels (dont alimentaire) de l’humanité grandissante en terme démographique. Or aujourd’hui en 2025 on a fait le tour du tableau de Mendeleïev, autrement dit ce qui change c’est que l’on ne trouvera pas de nouvelles ressources naturelles pour nous sauver la mise ! Bien au contraire, nous entrons dans l’ère des déplétions de ressources naturelles, et nous sommes de plus en plus nombreux sur Terre à convoiter de moins en moins de ressources qui s’épuisent. Donc le tort de Malthus étant qu’il a eu raison trop tôt, mais ses analyses se révèlent de plus en plus vraies aujourd’hui et encore plus vraies demain…
Pourquoi attribuer ce mérite (le tort d’avoir eu raison trop tôt) à Malthus ?
-« Le sentiment de surpopulation est très présent dans la Grèce antique » (Wikiki)
Donc c’est plutôt Platon que tu devrais idolâtrer.