La liberté d’expression est la condition même de l’exercice démocratique, mais la propagande mensongère ne peut être liberté d’expression. Dans le contexte géopolitique actuel de désinformation, un argument faux mais répété très souvent, a malheureusement plus d’impact qu’un fait scientifique même très bien expliqué comme l’effet de serre. Les medias sont certes les gardiens du pluralisme de l’information, mais aussi les garants de son objectivité ; une opinion non fondée n’a pas lieu d’être publiée. Car une période ou l’on peut dire n’importe quoi permet d’asservir la société, l’ère du trumpisme et de ses fidèles en est une illustration.
Jean-Marc Salmon : La liberté de choix des électeurs est altérée par des manipulations diverses. Les réseaux sociaux deviennent le cadre principal du débat public. Lors de la dernière présidentielle américaine, il y eut un seul débat télévisé entre Donald Trump et Kamala Harris. En revanche, les entretiens les plus viraux de Trump avec un influenceur comme Joe Rogan ont attiré des dizaines de millions de vues, un milliard pour sa discussion de deux heures avec Elon Musk. La deuxième inadéquation réside dans la circulation des posts, laquelle est gérée par des algorithmes. Des posts ont été minorés. L’algorithme de X n’est pas en open source, seul Elon Musk pourrait l’ouvrir. La troisième inadéquation touche la manipulation de la conversation. Lors de la campagne de Donald Trump de 2016, la moitié de ses 80 millions d’abonnés étaient, selon Newsweek, des bots – des programmes informatiques qui effectuent des tâches automatisées. Répondre à un commentaire d’un tweet de @realdonaldtrump, c’est une fois sur deux interagir avec un bot. Les bots servent la « polarisation de groupe », les plus acharnés entraînent leurs « amis » indécis et les radicalisent.
Il serait paradoxal que la liberté de choix des citoyens européens soit altérée au nom de la « liberté d’expression » de machines et de leurs maîtres masqués. Les législateurs ont des moyens de pression. Les revenus publicitaires des plateformes dans l’UE dépassent en effet les 20 milliards d’euros alors que celles-ci utilisent gracieusement l’infrastructure des réseaux de télécommunication.
Le point de vue des écologistes de l’information véritable
– Autrefois on votait sans presque aucun information, maintenant il y a trop d’informations sans filtre
– Via la technologie, on oriente le consentement des citoyens vers des politiques radicales qui les désavantagent.
– A quoi bon contrôler les temps de parole à l’antenne lorsque c’est open bar à la désinformation sur internet ?
– La principale préoccupation des « libertariens »est de libérer LEUR parole pour mieux museler celle des autres.
– C’est aussi une manière de dire que le peuple est stupide. Peut-être faut-il « changer de peuple ? »
– La manipulation de l’imaginaire collectif est de tous les temps. La démocratie était jugée formelle dans les pays capitalistes car l’information était conditionnée par les capitalistes, la démocratie était formaté en URSS car l’information était soumise au parti, avant 1968 en France c’est un ministre qui dirigeait ce qu’il fallait dire à la télévision, les réseaux sociaux ne sont que la dernière mouture de la désinformation orientée. Tant que les citoyens seront soumis aux sirènes de la société de consommation et du spectacle, il n’y aura jamais de démocratie réelle.
– La Chine n’est pas concernée car c’est un régime totalitaire qui contrôle et manipule directement l’information sur les réseaux.
En savoir plus grâce à notre blog biosphere
Désinformation, ennemi de la conscience écologique
extraits : Dans les médias audiovisuels français, on recense 128 cas de désinformation climatique au cours du premier trimestre 2025. Sud Radio est le média le plus concerné, devant CNews, LCI, RMC, BFM-TV et Europe 1. Il s’agit d’affirmations « non étayées », « scientifiquement contredites », « manipulatrices par omission » ou « fondées sur des théories invalidées ».
La guerre cognitive contre l’intelligence collective
extraits : Les réseaux sociaux ont permis d’amplifier l’efficacité de techniques de guerre cognitive issues du monde militaire et appliquées au champ politique, à l’image de la campagne présidentielle roumaine : Crédité de 1 % des votes quatre semaines avant le scrutin, M. Georgescu a obtenu 23 % des suffrages après une campagne menée essentiellement sur TikTok, où a été employée la technique de l’« astroturfing », qui consiste à donner une fausse image de soutien populaire massif. Il y a eu une manipulation coordonnée des algorithmes de recommandation de la plateforme chinoise. La guerre cognitive est possible aujourd’hui parce qu’un nombre considérable d’esprits sont devenus accessibles ; chaque génération a sa propre plateforme numérique….
Publicité, désinformation et dévastation du monde
extraits : La publicité est un métier, une technique de désinformation. Informer, c’est transmettre un message. Mais quand ce message est trompeur, il désinforme. Alors que le journalisme a en principe une fonction informative et critique, la publicité n’a qu’une fonction commerciale et apologétique.La publicité implique la manipulation, car qu’est-ce que manipuler quelqu’un, sinon lui faire faire quelque chose qu’il n’aurait pas fait spontanément, comme renouveler inutilement des marchandises aussi futiles que nuisibles….

Sujet essentiel, surtout quand certains se cachent derrière la “liberté d’expression” pour dire n’importe quoi…
Je me demande comment on pourrait mieux encadrer ça sans tomber dans la censure pure.
Merci pour cet éclairage
Eh oui, sacré dilemme ! Et dieu sait (simple expression) le nombre de fois où je l’ai mis sur la table, de ce blog. Ce qui me vaut d’être vu comme un affreux “stalinien“ (et autres) par ces deux misérables qui racontent n’importe quoi, et qui trouvent ça bien… juste, équilibré, modéré, bref normal sous toutes les coutures. Comme eux quoi.
Dans un autre commentaire (Piotr 18 mai 2025 à 20:37) vous dites qu’il faut aussi agir…
Vous êtes donc bienvenu au Club pour démonter les misérables.
La multiplication des IA capables de surfer et de mener des actions à la place d’un humain va probablement changer la face d’Internet. Les sites sont confrontés au spectre d’un Web créé par et pour les IA. Les intelligences artificielles (IA) génératives ChatGPT, Gemini, Perplexity, Claude ou Le Chat « synthétisent, sélectionnent, hiérarchisent et créent un nouveau filtre entre vos contenus… et les Internautes. Les critères de choix des liens affichés dans les réponses des IA gardent une part de mystère. Ils sont parfois liés à des partenariats avec des médias. En donnant aux internautes les réponses à leurs questions, les IA dissuaderaient encore davantage ces derniers de cliquer sur des liens.
Le meilleur qui puisse nous arriver, c’est que toutes ces IA passent leur temps à explorer les sites Web créés par d’autres IA. Pendant ce temps, on pourra aller pique niquer à la campagne et au soleil avec nos enfants.
Est-on meilleur à plusieurs ? La réponse est non. Le bilan de l’intelligence collective n’est pas glorieux. Les débats entraînent souvent les gens dans la mauvaise direction. Les erreurs sont rarement corrigées. Pire, elles sont souvent amplifiées : les individus en groupe privilégient la pensée rapide, émotionnelle et intuitive, plutôt que la pensée lente, calculatrice et délibérative… Les participants emboîtent le pas de qui parle le plus fort, ils font davantage ressortir les informations connues de tous au détriment de celles, parfois dérangeantes, détenues par quelques-uns. En clair, les groupes se comportent en troupeaux.
in « Cessons d’être des moutons ! Du bon usage de l’intelligence collective « (Flammarion, « Clés des Champs »)
– « Lors de la campagne de Donald Trump de 2016, la moitié de ses 80 millions d’abonnés étaient, selon Newsweek, des bots – des programmes informatiques qui effectuent des tâches automatisées. Répondre à un commentaire d’un tweet de @realdonaldtrump, c’est une fois sur deux interagir avec un bot. »
Le comble serait que nos deux des quatre pelés de Biosphère soient des bots.