L’impossibilité de créer des emplois par la croissance

L’UMPS est sur la même longueur d’onde que les syndicats, croissanciste. C’est la pensée unique de la solution unique. Le PS Manuel Valls a expliqué que « tant que nous n’avons pas une croissance plus forte, autour de 1,5 %, il est difficile de créer de l’emploi.» L’UMP Gérard Larcher estime que les chiffres du chômage « montre[nt] combien un changement de politique économique est indispensable et urgent afin de lever les freins à la croissance et à la création d’emplois ». Le syndicaliste Jean-Claude Mailly (FO) juge « indispensable » de « changer de politique économique afin de retrouver une croissance porteuse d’emplois ».*

Ils attendent tous la croissance comme d’autres attendaient autrefois la pluie ; c’est la pensée magique de ceux qui sont incapables de résoudre effectivement un problème. Mais la croissance ne repartira pas, jamais, sauf à doses homéopathiques. La relance de la croissance par le déficit budgétaire est impossible étant donné la dette accumulée par l’Etat français depuis 1974 ; on pourrait ajouter des emplois publics dans chaque recoin de commune, mais avec quel argent ? La relance par la consommation est impossible, les ménages français dépendent de salaires limités par la concurrence internationale des pays à bas salaires et les difficultés des entreprises. La relance par l’offre voulue par Macron, c’est-à-dire le soutien aux entreprises par la flexibilité des travailleurs, se heurte à cette impossibilité majeure : comment accroître l’activité des entreprises si la demande est atone ? La relance par les exportations est impossible dans un marché mondialisé soumis à la concurrence internationale des pays émergents ; la Chine est devenue l’atelier du monde et il n’y a plus de nouveaux créneaux d’exportation. Valls à la suite d’Hollande fait croire qu’ils sont créateurs d’emploi alors qu’ils ne sont que les spectateurs de l’évolution des courbes du chômage.

De toute façon la croissance, mue principalement par la profusion des énergies fossiles depuis deux siècles, ne peut que s’effondrer avec les dernières gouttes de pétrole. Les crises par l’amoindrissement des ressources naturelles feront un bien plus grand nombre de chômeurs que les péripéties qui ont suivi le krach de Wall Street en 1929. L’argent ne fait qu’habiller une réalité économique alors que l’état de nos ressources naturelles forme le socle incontournable sur lequel reposent nos activités socio-économiques. Rappelons avec Jean-Marc Jancovici « qu’il ne saurait y avoir d’humanité prospère et le moindre PIB bien gras et bien dodu sur une planète dévastée. Si demain nous n’avions plus de pétrole, ni gaz, ni charbon, ce n’est pas 4 % du PIB que nous perdrions (la place de l’énergie dans le PIB), mais près de 99 %. Une journée d’hospitalisation en service de réanimation, accessible à tout citoyen occidental, coûte de 500 à 5000 kWh d’énergie. Lorsque l’approvisionnement énergétique commencera à être fortement contraint, il est logique que l’emploi tertiaire souffre autant que l’emploi productif, puisque le premier dépend du second. Etudiants, enseignants, employés de la Sécu, retraités et vacanciers sont tous des enfants de l’énergie abondante à prix décroissant : rien de tout cela ou presque n’existe dans les pays où l’énergie reste un luxe. Une grande partie des évolutions économiques et sociales vont s’inverser. »**

* Le Monde.fr avec AFP | 25.03.2015, Pour Valls, il est « difficile de créer de l’emploi » avec une croissance si faible
** * Changer le monde, tout un programme (Calmann-lévy, 2011)

2 réflexions sur “L’impossibilité de créer des emplois par la croissance”

  1.  » afin de lever les freins à la croissance et à la création d’emplois « .
    L’expression est plaisante ; à l’entendre on pourrait croire que la croissance est un étalon fougueux qu’on retient en se cramponnant. Dans la réalité sa parenté avec la moule est bien plus évidente.

  2.  » afin de lever les freins à la croissance et à la création d’emplois « .
    L’expression est plaisante ; à l’entendre on pourrait croire que la croissance est un étalon fougueux qu’on retient en se cramponnant. Dans la réalité sa parenté avec la moule est bien plus évidente.

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