l’impossible réveil écologique des ingénieurs

Les ingénieurs du futur devront créer des techniques qui prennent en compte les changements climatiques, la raréfaction des ressources, l’effondrement de la biodiversité. Autant dire que ça ne va pas se faire. Denis Guibard, président de la commission développement durable, rêve : « Nous sommes sur des sujets systémiques tellement complexes qu’ils nécessitent une montée en compétences de nos enseignants-chercheurs dont les résultats concrets ne peuvent être immédiats ». Or nous n’avons même plus le temps puisqu’il faut déconstruire l’ensemble de nos structures.

Lire, Pour une écologie du démantèlement

Elodie Chermann : Quel « bilan du puits à la roue », de la biomasses à l’éthanol, du tournesol au biodiesel ? Les écoles d’ingénieurs font leur transition écologique. Manuel lève le doigt : « C’est écrit dans le document que la culture du tournesol consomme 82,6 litres de diesel par hectare. C’est bizarre non ? Ça veut dire qu’on utilise du diesel pour fabriquer du biodiesel ? » L’enseignante hoche la tête : « On l’oublie souvent, mais pour produire une énergie renouvelable, on a besoin de machines, qui fonctionnent… au diesel. Charge à vous, justement, de vérifier, avec vos calculs, si cette consommation d’énergie non renouvelable vaut le coup ou pas. » Qu’il ait fait les Mines, Polytechnique ou l’INSA, l’ingénieur de demain devra faire face aux mêmes problématiques.

Pour en savoir plus avec les commentaires sur lemonde.fr :

Olivier75 : Les ingénieurs sont ,comme souvent, les seuls à vraiment prendre en main le problème. J’aimerais bien la même approche en école de commerce, de journalisme, de sciences politiques, de médecine, d’histoire, de psychologie.

CJ : Nous n’en sommes qu’au début du commencement de s’occuper de la question… Faut donc juste attendre que ces jeunes qui sont (seront…) formés prennent les commandes et nous concoctent LA solution. C’est là que l’on commence à mesurer tout le retard pris depuis 30 ans (1990, premier rapport du GIEC) que le problème est avéré. Par ailleurs, c’est bien de former les ingénieurs mais les choix à faire sont principalement politiques : demain, on ne doit pas juste changer de technique mais de société. Le problème est on ne peut plus systémique, il n’est pas soluble dans deux inventions, fussent elles disruptives ! L’information est là, depuis longtemps, il suffit juste que les politiques, les entreprises, les journalistes et les citoyens s’informent un peu sérieusement. Alors on pourra commencer à poser les questions aux ingénieurs, les questions qui importent vraiment. Et la réponse, c’est pas Tesla !

Michel SOURROUILLE : Ce n’est plus d’ingénieur dont nous aurons besoin, mais d’artisans bien au fait des technique d’autant plus durables qu’elles seront rudimentaires. La distinction entre techniques douces et techniques dures (low tech contre high tech dit-on aujourd’hui,) était connue depuis les années 1970. On a préféré complexifier toujours d’avantage les processus de production et les machines jusqu’à instaurer un système techno-industriel tellement imbriqué et fragile qu’il va s’effondrer avec l’épuisement des ressources fossiles. Les outils de calcul issus des sciences dures servent à mesurer la montée des périls, mais n’apportent (sauf rares exceptions) aucune technique nouvelle simple et adaptée. A quoi servent les autoroutes quand il n’y aura plus de voitures ? Il ne s’agit pas d’inventer de nouvelles pratiques pédagogiques quand il faudrait remplacer l’énergie exosomatique par le travail de nos petits bras musclés.

Novi : Ça fait vraiment peur de lire ça.

Lire, techniques douces contre techniques dures

Cerise : Toulouse INP est à la pointe du progrès, nous dit la journaliste, à partir de quel élément factuel ? A partir du fait qu’ils ont nommé un vice-président « écologisation » et qu’ils font des ateliers. Ah chouette, la planète est quasiment sauvée alors ! Bravo les marketeux de l’INP : on savait déjà que vous étiez très forts pour faire des jolies brochures et maintenant, en plus, vous avez un vice-président Greenwashing. Félicitations.

Lire, Ingénieur et écologiste, c’est incompatible

8 réflexions sur “l’impossible réveil écologique des ingénieurs”

  1. Impossible à réveiller ? Vraiment ? Moi je pense le contraire, ils finiront par se réveiller, mais trop tardivement certes, mais ils se réveilleront le jour où nos dirigeants mondiaux s’apercevront qu’il n’y a plus assez de ressources pour tout le monde et décideront d’éradiquer les bouches en trop, à partir de là, ils demanderont aux ingénieurs de fabriquer davantage de chars et de porte-avions…. Il faut bien se dire que ça finira par arriver, hein ! Déjà qu’on est arrivé à un stade où juste quelques centimes d’euros de plus à la pompe ont suffit pour alimenter le mouvement des gilets jaunes, alors que va-t-il se passer lorsque le carburant augmentera de 20 ou 50 centimes de plus à la pompe, voir même des pénuries par défaut d’approvisionnement ? Et encore je n’ose aborder le volet alimentaire où l’avenir se présente de manière sombre aussi…

    1. En attendant, je me dis que si tous les moutons mettaient un gilet jaune on n’en serait pas là. Oui je sais, si ma tante en avait et patati et patata. Misère misère !

  2. Essayons de nous mettre à la place de ces pauvres ingénieurs à qui ON demande (ordonne) de mettre au point la Pompe à Cosmogol. Ou la Machine à remonter le Temps, la Fusion, l’Avion de Demain peu importe. ON ce sont les dirigeants (avec ou sans « ») et autres grands stratèges (idem), bref les décideurs, les patrons.
    Déjà, s’ils sont là, à leur place d’ingénieur, c’est ce que ces braves gens ont un profil bien particulier. Le profil de l’emploi. En plus de leurs compétences techniques il leur faut un certain état d’esprit. Compétition, foi dans le Progrès, etc. Sinon ce ne serait pas possible, ils seraient ailleurs, ils feraient autre chose, de la musique, ou planter des chèvres et élever des choux, en Ariège, par exemples. Ou alors au chômage. Ou pire au bout d’une corde, ce que je ne souhaite évidemment à personne.

    1. Cet état d’esprit leur a été inculqué dans les écoles, parfois ou souvent dans leur famille, sans oublier la société. Je me dis souvent que ça aurait pu tomber sur moi. Si j’étais né à Neuilly, et si… ma tante en avait etc. j’aurais pu moi aussi devenir Président de la Raie Publique. Je remercie souvent le Ciel, disons plutôt le Hasard.
      Comme le chantait Brassens, le temps ne fait rien à l’affaire. Nous avons donc des vieux ingénieurs, indécrottables, qui connaissent la Musique, la Chanson. Certains l’aiment d’autres pas peu importe. Parmi eux des vieux singes, à qui on ne va pas apprendre à faire des grimaces. Même s’ils n’y croient pas, à la Pompe à Cosmogol, à la Poupée qui tousse etc. ceux-là savent faire semblant, en attendant. La retraite pour commencer.

      1. Pour les jeunes je comprends très bien que c’est plus difficile de ne pas y croire.
        « Pourquoi crois-tu que je me lève tous les matins ? » m’a demandé un de ces jeunes, qui, je le voyais bien, avait besoin d’y croire. J’avais bien sûr une idée, mais comment la lui faire comprendre ? Alors pour ne pas le fâcher j’ai préféré botter en touche.

  3. Le réveil écologique des ingénieurs… comme celui des politiques, des cons-sots-mateurs, des fous des dieux Progrès, Pognon, Croissance et Jean Passe… IMPOSSIBLE !
    Pomper le Cosmogol de l’atmosphère, si ce n’est de la biosphère… IMPOSSIBLE !
    Mettre 13 œufs dans une boite de 12… IMPOSSIBLE !
    Revenir en arrière… IMPOSSIBLE !
    Fuir sur une autre planète… IMPOSSIBLE !
    Quel que soit le côté où l’on prenne le Problème, on voit vite qu’il n’y a pas de Solution.
    Encore faut-il le voir. Pouvoir le voir. Tout et lié, autrement dit la boucle (infernale) est bouclée, c’est l’IMPASSE. Nous sommes faits comme des rats.
    Pour moi, le mieux, tout connement… c’est de commencer par accepter la réalité comme elle est. Et non comme on voudrait qu’elle soit. Et se dire que s’il n’y a pas de solution c’est qu’il n’y a pas de problème. C’est un travail, c’est fatigant je vous l’accorde.

    1. Tout est lié nous le savons. Et nous le répétons.
      Et c’est seulement pour ça que les sujets (les problèmes) s’enchaînent, se répètent et se ressemblent. Enfin, quand je dis qu’ils se ressemblent…
      Bref, ici même il y a 3 jours (26/12 : “Alerte, l’envolée des prix du gaz en Europe”) j’ai raconté une petite histoire (on dit storytelling, c’est à la mode). Un sketch avec mon gendre préféré, justement ingénieur. Et enseignant par-dessus le Marché. Quand on sait faire on fait, quand on sait pas faire on l’enseigne. Eh oui ! 🙂

      1. Je pourrais en raconter des tas, de sketches du même genre. Comme là encore lors d’un repas de famille, avec un jeune cadre dynamique, ingénieur d’Airbus, qui me racontait l’Avion de Demain. Visiblement pas habitué à ce qu’on lui tienne tête ce brave garçon voulait tout connement me… con vaincre. Et comment aurais-je pu ne pas être recon naissant d’autant de bienveillance ?
        «Laisse moi te convaincre !» qu’il me répétait. Et m’ordonnait ! C’est c’là oui !
        Je le vois encore à la fin, quand il m’a lâché qu’il aurait aimé «faire sa vie» dans la musique. Et moi d’entonner «j’aurais aimé être un artiiiiste…»
        Dur-dur de se faire des amis ! Dur-dur de ne pas se foutre sur la gueule !
        Dur-dur de garder le Moral ! C’est un travail, c’est fatigant je vous l’accorde. 🙂

Les commentaires sont fermés.