l’insurrection qui vient

Dix personnes soupçonnées d’avoir saboté des  caténaires SNCF sont en garde à vue. Quelles seraient les motivations de ces terroristes ? Dans un livre, L’insurrection qui vient, il s’agirait de « tout bloquer, voilà désormais le premier réflexe de tout ce qui se dresse… Comment rendre inutilisable une ligne de TGV, un réseau électrique ». Tels seraient les moyens à utiliser, mais je ne vois pas l’objectif, à quoi sert-il de bloquer pour bloquer ? Cela se fait déjà, grève des pilotes d’avion un jour, des agents SNCF un autre jour, et les enseignants, etc. Les grévistes se croient dans leur bon droit de défense des acquis sociaux, mais quel but poursuivent les apprentis terroristes ? J’ai une réponse historique à leur fournir, bloquer le système, casser des machines, c’est le but des luddites.

Sale Kirkpatrick, dans La révolte luddite, briseurs de machine à l’ère de l’industrialisation, donnait quelques pistes de réflexion : « Comme l’anticipait le panneau surplombant les portes de l’Exposition universelle de Chicago en 1933, la science explore, la technologie exécute, l’Homme se conforme. Personne n’a voté pour ces technologies. Il semble même que les décisions qui concernent les hommes soient prises de plus en plus en fonction de la technologie, et non le contraire (…) La vie humaine est de moins en moins liée aux autres espèces, aux systèmes naturels, aux conditions saisonnières et locales. A revers, elle est de plus en plus rivée à la technosphère, aux milieux artificiels, aux conditions et aux protocoles industriels, et même aux formes de vie crées par l’homme (…) Les luddites (les objecteurs de croissance) ne sont pas opposés à toutes les machines, mais à toutes les machines préjudiciables à la communauté, comme le dit une lettre de mars 1812. »  

Dans ce contexte défini par les luddites début XIXe siècle, il me parait aujourd’hui toujours souhaitable de résister à l’emprise technologique. Ce n’est pas de transports à grande vitesse dont on a besoin, mais de moyens de cultiver les liens de proximité pour une société conviviale et respectueuse de la nature. Je comprends ceux qui s’enchaînent sur des voies ferrées pour bloquer un convoi chargé de substances nucléaires, je conçois qu’un jour ou l’autre des militants bloqueront des LGV ou des autoroutes. Le sabotage par la non-violence serait une arme de destruction massive si elle était utilisée à bon escient dans un pays démocratique. Mais il faut le faire à visage découvert car ce qui importe, c’est le fait de sensibiliser la population.