L’invention diabolique du langage par les êtres humains

Ce qui nous fait nous sentir supérieurs aux autres espèces est notre capacité d’utiliser le langage et le raisonnement symbolique. Le langage nous aide à surpasser certaines de nos limitations physiologiques. Cela nous procure les moyens collectifs de dominer, par l’intelligence, des animaux plus forts, plus rapides et physiquement plus dangereux. Mais c’est à double tranchant : les conséquences du langage nous conduisent aussi à risquer de nous irradier en construisant des centrales nucléaires et à menacer l’existence sous toutes ses formes à travers la planète en empoisonnant les océans et l’atmosphère avec les produits de nos industries chimiques et des combustibles fossiles. En dernière analyse, peut-être que nous, et toute la vie sur Terre, aurions été davantage en sécurité si les êtres humains n’avaient pas évolué vers le langage. Peut-être que l’usage de la connaissance qu’offre le langage, poussé à son extrême, nous permet seulement de parvenir à un plus haut niveau général de stupidité suicidaire(…)

Donnez à un idiot un drapeau à agiter, apprenez-lui un hymne à chanter et quelques âneries patriotiques à répéter fanatiquement, et il marchera vers la bataille pour tuer d’autres idiots semblables marchant sous un drapeau adverse. Les religions fournissent un ample champ d’identifications de ce type, et les idiots mystiques ont tendance à être encore plus ardents que les idiots politiques (…)

Avec la diffusion de l’écriture, la charge de la mémoire a été allégée. La facilité avec laquelle l’information peut être récupérée par les moteurs de recherche a réduit la quantité de renseignements que les gens retiennent. Commencez à marcher avec une béquille, et vous développerez une claudication. Un second effet délétère de l’alphabétisation est qu’elle cause une profusion débridée d’informations sans entraîner un accroissement de la connaissance. La plupart des individus ne possèdent plus de connaissance réelle, mais véhiculent simplement de l’information. La conséquence paradoxale de ce trop-plein est que tout le monde se voit contraint de patauger dans la confusion, en devenant de plus en plus impotent. A mesure que la technologie progresse, les fonctions manuelles de traitement de information sont automatisées et nous sommes largués, l’esprit engorgé par une collection décousue de futilités inutiles. Il y a un danger que la culture numérique s’achève avec des groupes humains agrippant désespérément leur portable en panne, ne sachant plus où ils sont, qui sont les autres, ni même où déjeuner. Les tribus qui favorisent le maintien d’une tradition orale obtiennent un avantage !

  1. source : Les cinq stades de l’effondrement selon Dmitry Orlov (éditions Le Retour aux Sources 2016, 448 pages pour 21 euros)

6 réflexions sur “L’invention diabolique du langage par les êtres humains”

  1. Oui c’est vrai, il y a eu 5 grandes extinctions, la dernière à cause d’une météorite (et sans doute plusieurs des 4 autres aussi). En ce qui concerne la 6ème je crois qu’hélas ce n’est plus une théorie parmi d’autres c’est une réalité.

    Pour ma part je crois que la surpopulation humaine a sur le vivant exactement le même effet qu’une météorite géante : Elle bouleverse tous les équilibres, élimine les grands animaux (comme jadis les dinosaures) qui sont les moins nombreux, les plus fragiles et se reproduisent le moins vite et laisse une planète beaucoup plus pauvre.

    Il est probable qu’après le cataclysme d’il y a 65 millions d’années, il a fallu une petite dizaine de millions d’année pour retrouver une richesse et une variété d’animaux sur la Terre comparable à ce qu’il y avait avant.

    Donc oui, Michel C, vous avez raison, il n’y a nulle raison de se faire du souci pour la vie, ça reviendra (la Terre nous offrira sans doute encore 500 millions d’années de vivable, après le Soleil sera probablement trop brillant).

    Mais quand même, c’est dommage, j’aurais bien aimé voir préservé un peu plus longtemps tout ce qui est si beau aujourd’hui sur notre planète.

    Nous sommes une météorite géante !

  2. Bonjour
    Je suis du même avis que Mr Barthès en ce qui concerne ces supposées civilisations évoluées antérieures aux dinosaures et je sais que le Net regorge d’hypothèses et de « preuves » à ce sujet.
    Je tenais juste à rappeler que depuis que la vie existe sur notre planète (3,5 milliards d’années, peut-être davantage…) la biodiversité a connue au moins 5 extinctions massives. Une 6ème serait actuellement en cours.
    Je ne pense pas qu’il y ait du souci à se faire en ce qui concerne l’avenir de la Vie sur notre planète.

  3. Bonjour invité 2018

    L’hypothèse que vous évoquez ne peut-être tout à fait exclue mais elle me semble bien improbable. La puissance de nos moyens d’analyse est telle aujourd’hui que nous aurions, selon moi, forcément retrouvé des traces fossiles de certains éléments technologiques ou même d’animaux évolués. De plus il est improbable que seule une espèce ait évolué, c’est tout un ensemble d’animaux de taille et de développement comparables aux nôtres qui auraient aussi forcément laissé des traces fossiles.

    Il semble bien que les premiers animaux d’une certaine taille datent de 5 à 600 millions d’années. De plus, dans les périodes antérieures la composition atmosphérique était différente (beaucoup plus pauvre en oxygène notamment ce qui rend difficile le fonctionnement du cerveau et des grands animaux).

    Bref, s’il est vrai qu’il est toujours difficile de prouver l’inexistence de quelque chose, l’existence de civilisations ou même d’intelligences préalables à la nôtre parait bien improbable, c’est pourquoi je ne l’avais pas évoquée dans ce petit message.

  4. Bonjour monsieur Barthès.

    Je voudrais relever un détail de forme dans votre commentaire : vous présupposez trois milliards et demi d’années sans intelligence développés, mais rien ne prouve qu’il y ait eu ou qu’il n’y ait pas eu de quelconques civilisations ayant existé avant nous, que ce soit d’anciennes société, humaines, des société pré-humaines voire datant d’avant l’apparition des dinosaure.

    Si une telle civilisation avait perduré cent millénaires (tandis que la nôtre n’a encore que quelques dizaines de milliers d’années), ce serait bien moins d’un dix-millième de l’histoire de la Terre, soit un laps de temps assez court pour n’avoir laissé aucune trace.

    Que nous ne soyons pas les premiers est donc entièrement plausibles. Si tel est le cas, il est possible que nos prédécesseurs ait disparu via les mêmes conneries que celles que nous homos sapiens sommes en train de faire.

  5. La question qui va au-delà de celle du langage est celle de l’intelligence.

    Est ce que toute espèce intelligente se trouve condamnée par le pouvoir que lui donne cette intelligence à détruire son environnement et à terme à se détruire elle-même ?

    Nous ignorons actuellement si la vie existe ailleurs dans l’Univers et si tel était le cas si parfois cette vie a donné lieu a des intelligences comparables à celle de notre espèce.

    Mais déjà devant l’absence de manifestation de telles formes de vie, certains (c’est le fameux paradoxe de Fermi) en déduisent que cette vie intelligente n’existe pas à cause de cette « malédiction » liée à l’intelligence.

    le lignage : intelligence – pouvoir – destruction…. serait incontournable.

    Aucune étude statistique évidemment ne permet de valider une telle hypothèse, mais le regard sur notre histoire est un peu inquiétant : Plus de 3,5 milliards d’années de vie sans intelligence développée et une vie foisonnante sur la planète. Disons 100 000 ans de vie « intelligente » et des menaces très graves pour les décennies qui vienne.

    La question mérite d’être posée.

  6. A ce moment là nous pourrions aussi regretter d’avoir un cerveau aussi développé…
    A quoi cela nous avance -il ?
    Peut-être en effet, l’Homme est-il un animal trop évolué, comparable à ces technologies high tech très fragiles, pas faites pour durer. Dans ce cas il ne serait qu’une erreur de la Nature… et celle-ci saura bien corriger ce petit loupé.

    Ceci dit le langage n’est pas que le propre de l’homme. Et d’abord, qu’est-ce qui caractérise réellement l’Homme, mis à part son aptitude à construire des centrales nucléaires ?

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